Les postulats fondamentaux de la PNL systémique forment l'épistémologie de base sur laquelle repose sa méthodologie et sa technologie et apportent une nouvelle vision de la santé. Les postulats PNL ne sont pas que de simples axiomes théoriques, mais avant tout des principes de vie essentiels qui guident les actions permettant de vivre la vie que l’on souhaite.
Les postulats de la PNL systémiques sont les racines de la santé de notre corps, de notre mental, et de nos relations au monde qui nous entoure. Dans de nombreux problèmes de santé, il convient de soigner les branches, les feuilles et les fruits, mais il est tout aussi important de revenir à la santé des racines. Les postulats (ou présuppositions) de base de la PNL sont issues de différents domaines, dont la sémantique générale d'Alfred Korzybski, la grammaire transformationnelle de Noam Chomsky, la théorie des systèmes de Gregory Bateson, la cybernétique de W. Ross Ashby, le pragmatisme de William James, la phénoménologie d'Edmund Husserl, et le positivisme logique de Bertrand Russel et Alfred North Whitehead. Ce qui suit représente d’une part un rappel des postulats de base de la PNL tels qu'ils ont été décrits par Robert Dilts, et d’autre part une proposition de leur interprétation dans le champ de la santé, de la maladie et de la guérison. Les postulats permettent de guider les interventions des coachs de santé, afin de favoriser chez leurs client le développement d’un mode de pensée susceptible de contribuer à leur santé. Un mental sain est le point de départ de la santé de notre corps, de nos relations aux autres et au monde dans lequel nous voulons vivre et grandir.
La carte n'est pas le territoire
En tant qu'êtres humains, nous ne pouvons vraiment connaître la réalité, nous devons expérimenter la réalité à travers de nombeux filtres, sensoriels, culturels, linguistique, personnels, neurologiques, etc. Nous ne pouvons donc pas accéder à la réalité, mais nous pouvons nous en faire des représentations. Nous allons donc expérimenter le monde qui nous entoure et y répondre à partir de nos systèmes de représentation. Ce sont nos cartes « neuro-linguistiques » de la réalité, et non pas la réalité elle-même qui déterminent comment nous nous comportons, et qui donnent du sens à nos comportements. Ce n'est généralement pas la réalité extérieure qui nous limite ou nous contraint ou nous donne du pouvoir, mais plutôt nos cartes de cette réalité. Car ces cartes de la réalité vont autoriser ou limiter les actions qui contribuent ou pas à notre santé et facilitent ou pas nos processus de guérison. Un écart trop important entre la "réalité" et les représentation que nous nous en faisons, appauvrit nos cartes mentales et limitent l'efficacité des réponses d'adaptation.
1-Les personnes réagissent en fonction de leurs propres perceptions de la réalité
Si le mental est la carte, le corps est le territoire. Quand le corps subit des modifications objectivables (ce que nous appelons « l’événement »), ces modifications vont être observées et inévitablement interprétées selon différentes cartes du monde. Et nous nous appuyons pour cela sur le modèle intégral Ken Wilber.
La carte de « l’objectivité individuelle» ou du biologique : cette carte est celle des professions médicales qui cherchent à interpréter l’événement individuel à partir de critères observables et mesurables. Ce qui consiste à labéliser les observations selon une nomenclature professionnelle (attribuer un nom à une maladie) qui définit des normes du normal et du pathologique, à faire appel à des examens complémentaires, àétablir un pronostic, et à prescrire un traitement approprié. Toutes ces réponses reflètent un modèle du monde, ou une carte de la santé et de la maladie. Celle de la médecine conventionnelle se focalise sur la matière, le biologique et le mesurable. Les améliorations se mesurent sur des normes externes et individuelles
La carte de « l’objectivité collective » ou du « social » : cette carte est celle de la santé publique dont le but est d’évaluer l’événement à partir des répercussions potentielles sur un groupe ou une population. Cette carte cherchera à évaluer des risques d’épidémies, l'efficacité des infrastructures médicales (hôpitaux, matériel…etc.), les organisations publiques ou privées pouvant financer les soins de santé, l’impact de la maladie sur la vie professionnelle des individus. Ces évaluations se réalisent à partir des normes externes et collectives que sont les statistiques.
La carte de la « subjectivité individuelle » : cette carte se rapporte au vécu subjectif de l’événement de santé. Cette santé perçue (1) permet souvent de mieux prédire les comportements de demande d'aide et l'utilisation des services de santé que les mesures cliniques. L’événement de santé est interprété à partir de critères subjectifs et psychologique, par exemple le niveau de compréhension, les valeurs et croyances, l'identité et la spiritualité, l'impact social et économique, le handicap potentiel par rapport à des projets de vie. La mesure est relative car la personne évalue son niveau de santé en fonction des circonstances dans laquelle elle se trouve et en fonction de ses attentes. L'âge, le sexe, le niveau de scolarité, le revenu et les caractéristiques psychosociales sont des facteurs qui impactent les différences de perception de l'état de santé. L'une des principales composantes de nos cartes personnelles de la réalité est celle des empreintes, c’est-à-dire des mémoires qui se forment dès le plus jeune âge et qui peuvent servir de racines aux croyances limitantes et facilitantes que nous pouvons former en tant qu'enfants. Certaines des croyances limitantes résultent d'une expérience traumatisante ou déroutante qui a été bien souvent oubliée. Ces croyances vont déterminer, consciemment ou inconsciemment, la manière de percevoir notre état de santé et les possibilités de changement. De part son fonctionnement systémique, le cerveau pourra tenter de corriger lui-même les souvenirs négatifs ou les croyances sous la forme d'une réponse immunologique.
La carte des « subjectivités collectives » se rapporte au culturel. Quelle est l’influence, acceptée ou subie, des groupes humains dans lesquels vous vivez (votre famille, le monde médical, le monde des médecines complémentaires ou alternatives, les religions…) Quel est l’impact des valeurs et croyances partagées, des dogmes ambiants sur votre état de santé. Qu'est-ce que la pensée dominante raconte à propos des causes de votre maladie (maladie de civilisation, emprise maléfique, karma…), de votre devenir (maladie mortelle, handicapante, curable..) ou des traitement appropriés (chimiothérapie, shamanisme, naturopathie, homéopathie, bols tibétains… ?) Et comment réagissez vous par rapport à cette pensée dominante ?
Les cartes les plus pertinentes sont souvent celles qui se complètent ou qui permettent des synergies. Un véritable choix commençant avec trois options, qu’elles seraient au moins deux autres cartes ou deux autres façons de percevoir votre situation. ?
2-Chaque personne possède sa propre carte du monde. Aucune carte n'est plus "vraie" ou plus "réelle" qu'une autre.
Comme nous venons de le voir il existe de nombreuses cartes individuelles ou collectives de la santé. Par définition une carte n’est pas plus « vraie » ou plus « réelle » qu’une autre, puisqu’une carte est par définition une représentation partielle d’une « réalité ». C’est le rôle de l’anthropologie d’étudier les facteurs socio-culturels, politiques et religieux qui interfèrent avec les représentation de la santé et de la maladie (2,3). Cette anthropologie souligne qu’il n’existe pas de carte plus vraie ou plus réelle qu’une autre et que la fonction d’une carte est avant tout son utilité face à des problèmes de santé et de maladie dans un contexte précis.
Ces différentes cartes du monde peuvent s’entrechoquer quand elles coexistent au sein d’une même communauté. Les sociétés occidentales proposent une vision mécaniste, linéaire et matérialiste de la santé, dans laquelle l’esprit a peu de place, et dans laquelle chaque maladie devrait avoir une solution chimique ou technique. Le progrès médical produit des miracles pour maintenir la jeunesse, prolonger la vie, et ressusciter les morts. Tout ce qui n’est pas « démontré » selon les normes de l’expérimentation clinique est rejeté car considéré comme charlatanisme. Pour d’autres, la quête de la santé parfaite telle que définie par l'OMS (un état de complet bien-être physique, mental et social) est la source de la crise du système médical moderne, car elle génère des attentes irréalistes, elle augmentant l’intolérance à la souffrance, elle surmédicalise la société, elle déresponsabilise l’homme face à la vie et à la mort, et elle le rend dépendant de l’institution médicale.
Face à cette médecine moderne, les sociétés traditionnelles proposent une vision plus symbolique et systémique de la santé, dans laquelle la thérapeutique vise l’intégration du sujet malade au sein de sa communauté d'humains et d'esprits. La maladie est envisagée en tant que trouble biologique, résultant d'un désordre individuel et social, d’un déséquilibre entre l'individu et sa communauté. Ce sont ces critères qui rendent bien souvent pertinents le diagnostic des guérisseurs et leur intervention. Dans certaines traditions, le déséquilibre se traduit en termes de sorcellerie et de possession.
Il n'existe pas de carte de la santé plus vraie ou plus réelle qu’une autre. Une bonne carte est celle qui est utile à la personne malade, celle qui a le plus de chance de produire les résultats attendus dans des circonstances particulières. La sagesse prêche souvent pour une complémentarité de cartes. Face à une personne qui s'agrippe à une carte du monde qui n'est pas en mesure de réaliser ses objectifs de santé, plusieurs réponses sont possibles : a) accueillir la carte pour en comprendre l'intention , b) accueillir cette carte pour la comprendre et l'enrichir de nouvelles options, c) confrontrer cette carte. Cette dernière solution est posible si vous avez une profonde connexion avec la personne. La règle générale est que plus vous saurez établir une relation de confiance avec votre interlocuteur, plus vous saurez influencer et enrichir sa carte de nouvelles ressources.
3-Le sens de la communication réside dans la réponse obtenue, quel que soit l'intention de l'émetteur du message
Plusieurs approches (4) ont influencé les communications dans le domaine de la santé : celle de communication linéaire et globalisante pour influencer le changement des comportements des individus et des population, celle plus récente de l’empowerment et de la conscientisation qui donne le pouvoir aux individus de se prendre en charge, et enfin celle de la communication participative ou du co-développement) avec les notions de patient expert. Si ces approches coexistent, c’est encore la première qui prédomine : « l’autre » ne constitue pas une énigme à découvrir ou à déchiffrer, mais un étranger qu’il faut convaincre de modifier son attitude et ses comportements.
La « bonne » communication médicale est celle qui est comprise et reçue par son destinataire, et celle qui facilite les changements attendus. Si le patient n’adopte pas la recommandation médicale, c’est un feedback sur la communication du professionnel de santé, et une invitation à communiquer autrement. Inversement si le professionnel de santé ne prend pas en compte les demandes du patient, c’est un feedback pour le patient, et une invitation à communiquer ses attentes d’une nouvelle manière. Sans une bonne communication, ou sans une réelle et profonde connexion entre le soignant et le soigné, le changement en termes de santé ne se produira pas. La qualité d’une présence est bien plus efficace que les mots ou les médicaments.
4-Les cartes les plus porteuses de sagesses sont celles qui offrent le plus de choix, et non les plus réelles ou exactes
Une carte n’a pas pour fonction d’être vraie ou réelle mais d’être utile, en guidant au mieux des comportements dans l’obtention du résultat recherché. Les cartes les plus porteuses de sagesses et de compassion en matière de santé sont celles qui intègrent et combinent plusieurs perceptions. Pour la PNL, les cartes les plus sages sont celles qui prennent en compte les notions de perspectives (position de perception), de cadre de temps et d’espace.
La notion de perspective (ou positions de perception) se rapportent aux diverses cartes perceptuelles vis-à-vis d’une situation. Par exemple : a) la perception de la personne malade (le psychologique et l’intentionnel), b) le regard des autres (les professionnels de santé, et les autre types de médecine) sur cette situation, c) et enfin le regard que peut avoir un individu sur sa relation avec ces autres.
La notion de cadre de temps se rapporte au lien que l’individu peut établir entre la maladie et la dimension temporelle. L’attention de la personne peut de focaliser sur le passé (ressources et blessures) générant de l’énergie comme de le culpabilité, de la honte ou des regrets. Ou se focaliser sur le futur d’un état désiré (guérison, évolution, transformation) avec autant de sentiment d’excitation, d'espoir que de peurs.
La notion d’espace se rapporte aux différents niveaux de processus (niveaux logiques) cognitifs. Qu’est-ce que la maladie me dit des contraintes et opportunités du monde extérieur dans lequel je vis (environnement), de mes habitudes de vie (comportements), des modes de pensée qui ont généré ces comportements (capacités et stratégies), des règles internes (croyances) qui facilitent ou inhibent (conflits internes) la mise en œuvre de modes de pensée plus sain, des sources de motivation (valeurs) qui sont nourries ou pas, du concept de soi (identité) et de la personne que je veux être, ou enfin du monde dans lequel je veux vivre (spiritualité) ?
5-Les individus ont déjà (ou potentiellement) toutes les ressources dont ils ont besoin pour agir efficacement
La réalisation des objectifs de santé des individus dépend de la mobilisation de ressources externes (présence, accessibilité, et acceptabilité et de la qualité du personnel de santé) mais aussi de ressources individuelles et internes (croyances sur leur existence et présence, leur accessibilité, leur acceptabilité et la qualité de leurs effets).
Les ressources internes se rapportent également à tous les niveaux d’expérience de la personne dans le passé, le présent et le futur : l’environnement physique, matériel et humain favorisant la santé, les comportements (prises de médicaments, suivi des prescriptions médicales, alimentation, exercice physique….etc.), les stratégies mentales mise en œuvre (résilience, gestion du stress…etc.), les croyances qui soutiennent la mise en œuvre des stratégies mentales, les valeurs individuelles qui sont sources de motivation, le type personne que souhaite être (identité de rôle) l’individu, afin de donner une direction de vie et y puiser des sources d’inspiration et de dépassement de soi.
De nombreuses personnes pensent ne pas disposer des ressources nécessaires pour réaliser leurs buts de santé du fait d’un cadre d'un état interne limitant. L'énergie de nos ressource ne se crée pas, car elle est déjà présente en chacune de nos cellules. L'énergie de nos ressources est libérée par la la formulation d'une croyance facilitant l'atteinte de nos buts de santé. C'est donc la certitude qui libère l'énergie. Une certitude qui s'inscrit dans un élargissement de notre niveau de conscience dans ses dimensions relationnelles (position de perception), et contextuelles (temps et espace). Un état de centrage et de calme favorisera grandement l'élargissement du niveau de conscience. C’est le rôle du coach de santé de créer les conditions relationnelles (à soi et à l’autre) de l’émergence des ressources.
Selon la notion de superposition de la physique quantique, un événement (par exemple la formule H20) peut exister sous différentes états (solide, liquide, gazeux…etc.) en fonction du regard (la conscience) porté sur cet événement. De même c’est la pensée qui restreint l’accès aux ressources. En tant qu’accompagnant ou coach, il est important de percevoir l’individu comme une somme d’expériences et de ressources potentielles : la personne que l’on regarde à un instant donné représente une forme de holon qui intègre l’ensemble des identités du passé (le nouveau né, le bébé, l’enfant, l’adolescent, le jeune adulte, l’adulte et des identités ), des identités présentes et des identités en devenir, ou imaginaires. Cette perception élargie de l'identité constitue un réservoir de ressources qui peuvent être mises au service d’un objectif de santé.
6-Les individus font les meilleurs choix possibles parmi ceux qu’ils perçoivent comme disponibles
La loi des variétés requises stipule que pour survivre, s'adapter et croître de façon réussie, un élément du système a besoins d'une quantité minimale de flexibilité. Plus le changement recherché est important, plus vous devrez accroître le nombre de moyens d’atteindre le but. Cette loi nous invite à explorer les variantes des opérations utilisées pour réaliser des objectifs, plutôt que de simplement répéter ce que nous faisons depuis longtemps. Du fait des constantes modifications des contextes et environnements, les mêmes processus ne produiront pas toujours les mêmes résultats. Si vous utilisez toujours la même manière de faire, vous produirez un résultat invariable. Donc, si un système devient plus complexe, une plus grande flexibilité de réponses devient nécessaire. De plus, la partie du système la plus flexible sera l'élément catalyseur du système.
Maintenir notre santé et guérir des perturbations physiques, mentales, émotionnelles qui bouleversent notre homéostasie, implique de disposer de cartes mentales « enrichies » de moyens à la hauteur des buts recherchés. Une carte mentale « appauvrie » est celle qui n’offre pas ou peu d’option pour réaliser des buts conscients ou inconscients. Les quantités et qualités des ressources nécessaires sont adaptées aux buts recherchés. Par exemple, les ressources ne seront pas les mêmes, si je cherche à juste « guérir » c’est-à-dire retrouver un état de santé antérieur, même si ce dernier était insatisfaisant, ou si je cherche à développer un nouvel état de santé (une nouvelle homéostasie) plus en rapport avec la réalisation de buts de vie importants, comme la réalisation d’un rêve. Plus vous avez de choix, plus vous avez de pouvoir sur vous-même pour accéder aux ressources dont vous avez besoin, et plus vous aurez de pouvoir sur votre environnement, afin que ce dernier puisse également contribuer au mieux à faciliter la réalisation de vos buts de santé.
La disponibilité des choix dépend de facteurs internes (intelligence cognitive, somatique, relationnelle), de facteurs environnementaux et du contexte. Les choix d’un enfant ne sont pas les mêmes que ceux d’un adulte. Un enfant qui a vécu un événement difficile (conflits de valeurs ou identitaires) voire traumatisant, fera dans ces circonstances particulières le meilleur choix possible, et ces choix sont parfois des mécanismes de survie, parmi ceux qui lui étaient disponible. Ce choix qui a été le « bon choix pour s’adapter à une situation précise du passé peut devenir, lorsqu’il n’est pas actualisé, la source des limitations mentales et émotionnelles d’une personne pour son futur. Ces « bons » choix du passé, lorsqu’ils restent figés dans le temps, peuvent constituer des croyances limitantes accompagnés de sentiment de désespoir (impossibilité d’atteindre un but), d’impuissance (incapacité à atteindre un but) ou d’absence de valeur (dévalorisation de soi). Ces croyances peuvent s’opposer au processus adaptatifs (auto-guérison) et évolutif d’une personne. Dans une vision systémique, les symptômes peuvent être interprétés comme un blocage d’un processus adaptatif. Si on propose à la personne un choix plus approprié à son modèle du monde, il est probable qu'elle l'acceptera. Les meilleurs choix dépendent donc du niveau de connaissance et de conscience des ressources externes et internes disponibles. La recherche a déjà bien établi des liens entre les événements douloureux du passé (par exemple le stress post-traumatiques) et la survenue des maladies mentales. Les nouvelles recherches montrent maintenant les liens étraoits entre la survenus d'événements douloureux de l'enfance et l'apparition de problèmes somatiques à l'âge adulte. C'est par exemple le cas des maladies auto-immunes (5)
Si on admet que nos maladies viennent en grande partie de nos habitudes de vie (alimentation, contact avec la nature, exercice, gestion du stress…), il est illusoire de penser pouvoir changer notre niveau de santé, en conservant les habitudes qui ont produits ces maladies. Un but nouveau requiert un nouveau niveau de conscience, et la mise en œuvre de comportements nouveaux et de nouvelles stratégies mentales qui vont structurer l’efficacité des comportements. Accompagner une personne vers un but de santé consiste, d’une part à considérer que les comportements adoptés dans le passé, même apparemment "mauvais, fou, ou étrange », ont constitué les meilleurs choix accessibles à cette personne à un moment donné de sa vie et de son évolution, et d’autre part à « enrichir » ses cartes mentales de nouvelles options, tout en lui faisant confiance sur sa capacité à faire les choix les plus appropriés à son système de valeur, à ses buts de santé et de vie.
7-Le changement vient de la libération des ressource appropriées, ou de l'activation d’une ressource potentielle, dans un contexte particulier, enrichissant ainsi la carte du monde de la personne
La guérison d’une maladie ou la réalisation d’un but de mieux-être est un processus de changement qui consiste à passer d’un état présent (les symptômes du présent et ses causes du passé) à un état désiré (les objectifs de santé et leurs effets dans la vie de la personne) grâce à la présence de ressources appropriées. Ces ressources internes (Voir le point 5) ou externes (médicales ou relationnelles) enrichissent les cartes mentales des personnes sur les possibilités de choix concernant les buts poursuivis et les moyens de les atteindre. Les ressources sont activées par l’utilisation de techniques, dans le cadre d’une relation de profonde connexion et de confiance mutuelle. Comme le dit Judith Delozier « Ce que votre présence ne peut guérir, les mots seul n’y arriveront pas »
Le corps et "l’esprit" sont des processus systémiques
La pensée systémique se rapporte aux lois qui régissent les systèmes, les relations entre les systèmes, à l'extérieur des systèmes, et les frontières qui les séparent. Les individus, les sociétés et notre univers constituent un système et des sous-systèmes écologiques, tous en interaction les uns avec les autres et qui s'influencent mutuellement pour maintenir l’équilibre d’un système ou le faire évoluer quand son organisation n’est plus adaptée à des besoins d’évolution ou de croissance. Les processus qui se déroulent chez un être humain, entre les êtres humains et leur environnement sont systémiques. Les différentes composantes (somatiques, mentales, spirituelles, émotionnelles) de notre corps, de notre environnement social et économique, et de notre univers constituent une écologie de systèmes complexes et des sous-ensembles qui interagissent et s'influencent les uns les autres. Quelques propriétés des systèmes :
Le principe de finalité : un système tend vers une finalité malgré les pressions de son environnement. Cette finalité conditionne l’auto-organisation du système pour trouver les moyens nécessaires à son homéostasie, sa survie ou à son développement.
Principe de totalité : un système est un tout qui se définit par ses inter-réactions et non par la somme de ses éléments. On ne peut isoler une partie du système du reste du système. Toute perturbation en un point du système provoque une modification dans le système entier.
Principe d’homéostasie : un système autorégulé est capable de réagir à toute perturbation interne ou externe, pour revenir à son état initial, ou pour passer à un autre niveau d’homéostasie.
Principe d'équifinalité : un même résultat peut être obtenu par des voies et conditions initiales différentes.
1-Les processus intra ou inter individuels sont systémiques
Le fonctionnement d’un individu obéit à des principes systémiques. Une personne est un tout qui se définit par l’ensemble des relations internes (entres cellules, organes, fonctions physiques et mentales…) et externes (entre personnes et avec environnement). Selon le niveau des perturbations internes et externes, le système s’auto-organise (ou s’auto-guérit) pour maintenir une homéostasie (biologique, mentale, émotionnelle, spirituelle), ou à passer en cas d’échec à un autre niveau d’homéostasie (nouveau niveau de conscience). Dans cette perspective systémique, le symptôme est considéré comme une communication à propos des modifications d’une homéostasie interne et externe.
Une pensée linéaire amène à porter son regard sur l’organe ou la fonction malade à réparer, en sousestimant la fonction de message du symptôme. Les maladies dites « systémiques » désignent en médecine interne les pathologies immunologiques et inflammatoires qui touchent plusieurs organes à la fois et qui ne relèvent donc pas d'une spécialité unique (telles la cardiologie, la pneumologie, etc.). Les liens entre une partie du système (ici immunitaires) et les autres parties du tout, telles que les perturbations de la psyché, sont rarement recherchées.
2-II est impossible d'isoler totalement une partie du système du reste du système
Une approche systémique de la santé et de la maladie prendra en compte la globalité de la personne avant l’organe ou la fonction malade. Avec cette approche, on ne se focalise pas sur le symptôme, mais sur les prturbations de l'éco-systèmes qui ont pu contribuer à créer le symptôme. Par exemple le milieu de vie et de travail de la personne, ses relations avec son entourage et sa relation avec elle-même au niveau physique, mental, émotionnel, social et spirituel.
Le fonctionnement des cellules, des organes, des ensembles d’organes, du corps et de l’esprit, des individus et des contextes dans lesquels ils fonctionnent, s'influencent mutuellement. La modification d’un élément impacte ses relations avec les autres éléments du système et inversement les modifications des relations impactent l’organe en souffrance. Le symptôme est un message à propos de la difficulté du système à retrouver un nouvel équilibre (homéostasie). Cette approche systémique est familière aux ostéopathes, homéopathes, acupuncteurs, aux utilisateurs de nombreuses approches de santé dites complémentaires ou alternatives, ou de la médecine communautaire. Un ostéopathe sait très bien qu’une douleur cervicale peut avoir pour cause une perturbation du fonctionnement de la cheville. Toujours dans une perspective systémique, une maladie chronique peut avoir pour cause un conflit interne non résolu ou un stress post traumatique ancien et oublié.
Les modèles systémiques sont différents des modèles statiques ou linéaires car ils prennent en compte les feedback de l'ensemble des systèmes. Un événements, quel que soit sa place dans le système, pouura impacter plusieurs points du système à un moment ultérieur. Une cause ou un effet particulier ne peut être isolé de son contexte. Par conséquent, le fonctionnement de chaque partie (organe, système cardio-vasculaire, digestif, respiratoire, endocrinien reproducteur…) du sous-système (le corps) doit être considéré et évalué par à rapport aux buts de l'ensemble du système plus vaste (les relations corps esprit, les relations inter individuelles, le système social et culturel). Les comportements humains, les conditions de santé et les expériences en général résultent des équilibres et déséquilibres au sein de tel système. De ce fait, toute expérience humaine, qu’elle soit comportementale, physiologique, psychologique ou épistémologique, doit être considérée comme systémique. (7)
3-Les systèmes "s'auto organisent" et cherchent naturellement des états d'équilibre et de stabilité.
Les systèmes vivants (plantes, animaux, humains, groupes) ont tendance à s'organiser d'eux-mêmes (8) pour maintenir l'organisation initiale du système, ou quand ce n'est pas possible, de faire émerger une organisation nouvelle capable de répondre à la complexité de l'environnement. L'auto-organisation (autorégulation ou auto-guérison) résulte des nouvelles interelations établies à l'intérieur ou à l'extérieur du système et avec lui. Les processus naturels d’auto-guérison (immunité, inflammation, cicatrisation, fièvre, consolidation de fractures, analgésie..) s’effectuent au sein de notre corps de façon automatique, car notre corps est biologiquement structuré pour la santé et le bien-être. La maladie n’est pas un état naturel. Pour fonctionner au mieux, ces processus d’auto-guérison ont cependant besoin de notre consentement, c’est-à dire d’une affirmation ou d’une volonté de vivre, une décision de s’insérer dans le courant de la vie, de grandir et de réaliser nos projets de vie.
D’un point de vue systémique, l’apparition d’une maladie peut être considérée comme le signal d’une interruption du fonctionnement optimal de nos processus d’auto-guérison. Cette interruption témoigne bien souvent d’une opposition ou un désaccord vis-à-vis de la vie que nous menons, une opposition à la force de vie en nous. Une expérience de vie que nous n’acceptons pas ou que nous refusons d’intégrer (un conflit interne, un traumatisme, une séparation, un deuil…et.) et qui s’oppose à la réalisation de nos aspirations, peut générer des dysfonctionnements du mental comme du cops.
La première étape d’un changement systémique en matière de santé est de relancer le processus naturel de guérison, un processus qui complétera et soutiendra les démarches thérapeutiques de la médecine moderne. Pour cela il convient d'amener le client ou le patient à imaginer clairement l'état de santé et de bien-être qu'il souhaite avoir dans le futur, ou tout simplement définir la vie qu’il souhaite mener. Le point de départ du changement est une décision consciente de se reconnecter avec nos aspirations les plus profondes. La définition claire d'un but ou d’une intention de santé peut relancer le processus d’auto guérison en raison de la capacité du cerveau à fonctionner comme un processus cybernétique. Une fois que le sujet est clair et cohérent sur les représentations mentales de ce qu’il souhaite, la réponse naturelle du cerveau est de s'organiser pour apporter un feed-back autocorrectif et déclencher les réponses immunologiques nécessaires pour le guider vers l'objectif de santé et de bien-être. (7)
Le système vivant possède des propriétés émergentes car une intention de santé est en mesure de faire émerger un nouvel état de santé plus approprié aux nouveaux buts poursuivis. Ces concepts peuvent se retrouver dans les propos de certains patients « Mon cancer a été la chance de ma vie, car la maladie m’a aidé à comprendre que je ne vivais pas la vie que je souhaitais, et m’a aidé à actualiser mes buts de vie et les réaliser. »
4- II n'existe pas d'échecs, seulement des feedback ou des expériences
L’échec n’existe pas, car c’est une perception de ce que l'on a pas réussi comme voulu dès la première tentative. Mais si le mot échec existe, la chose « échec » n’existe pas dans le territoire (un échec ne se met pas au creux de la main). La perception de l’échec doit être interprétée comme un feedback, un retour d’expérience informant votre cerveau que ce que vous avez fait n’a pas marché come vous le souhaitiez, et une invitation à faire preuve de flexibilité, à faire autrement. « La seule source de connaissance, c’est l’expérience » disait Einstein. Autrement dit, si vous n’essayez pas et ne faites pas d’erreurs vous ne saurez pas.
Si un traitement médical n’apporte pas les résultats attendus, ce n’est pas un échec, c’est une invitation à adopter un autre regard sur votre problème de santé ou un autre traitement, une autre relation, un autre environnement de guérison, une autre perspective de la santé et de la guérison. …etc. « La folie, c’est de faire toujours la même chose et d’attendre des résultats différents » dirait Einstein. Je pense que des personnes malades meurent parfois ou ne guérissent pas par manque d’ouverture d’esprit ou de curiosité. Si ce que vous faites ne suscite pas la réponse que vous désirez, continuez à faire varier votre comportement jusqu'à ce que vous réussissiez à obtenir la réponse désirée.
Si en théorie cette démarche paraît simple, en pratique cela ne l’est pas. Les changements d’habitudes de vie peuvent s’opposer à l’écologie de la personne. Celle ci peut décider consciemment ou pas de se laisser mourir, plutôt que de se remettre en cause pour affronter les situations de vie qui peuvent faire obstacles aux buts de santé et de vie.
5- Le sens donné à une expérience dépend du contexte dans lequel elle survient
Notre attitude face à certains événements dépend du contexte dans lequel nous les expérimentons. On ne peut donc évaluer un comportement en dehors du contexte dans lequel il est utilisé ou a été utilisé. Avant de porter un jugement ou une appréciation personnelle sur le comportement (ou symptôme) de quelqu’un, il convient de se renseigner sur le contexte dans lequel il est apparu. Un contexte externe observable se définit par des circonstances (Ou, quand, avec qui) et le contexte interne non observable est constitué des représentations mentales du sujet en réponse aux événements externes.
Par exemple, la scène d’une personne avec un révolver à la main n’a pas la même signification au théâtre ou dans une banque. Le bruit du craquement des marches pendant la journée n’aura pas la même signification en pleine nuit. La signification et l’intensité émotionnelle attachés à une expérience, vont directement affecter la performance de notre système immunitaire. Une décharge d’adrénaline associée à une même activité sportive peut déclencher, de l’excitation si le sujet aime ce qu’il fait, ou du stress et de la peur si le sujet n’aime pas ce qu’il fait. Tout comportement ou expérience peut donc servir de ressource ou de limitation selon sa manière de s'insérer dans le système global. La prise de conscience du lien étroit entre contexte et vécu d’une expérience permet plusieurs intervention possibles :
Le pré-cadrage prépare les individus à l’attente d’un résultat positif (amélioration) ou négatif (problèmes ou non changement). Les attentes des sujets (malades comme celles de ceux qui les entourent) constituent une composante significative de la réussite d’un traitement. 10)
Exemple : « si vous allez mieux dans les jours qui suivent… » devient « dès que vous irez mieux dans les jours qui suivent…. »
Le recadrage de contenu cherche à changer la signification que le sujet attribue à son expérience. Exemple : « Votre style de vie et votre manque d’exercice a causé ces symptômes » devient « les symptômes sont peut-être des messages à propos de votre style de vie et du manque d’exercice »
Le cadre d’exemption : par exemple une personne qui a une allergie au poils de chats ne le sera pas au poils de chien. Ce dernier contexte peut devenir une ressource pour le premier.
6-Les interactions au sein d'un même système n‘interviennent pas toutes au même niveau.
Ce qui est négatif à un niveau peut être positif à un autre niveau. Qu’il soit considéré comme positif ou négatif, tout comportement vise une intention positive pour soi, c’est à dire la satisfaction de valeurs. Tout comportement, qu'il apparaisse comme mauvais, fou ou bizarre, est d’une part le meilleur choix disponible pour cette personne à ce moment donné, et d’autre part il répond à une intention positive. II est plus facile et plus productif de répondre à l'intention (valeur) qu'à l'expression d'un comportement problématique. L’identification de l’intention positive (valeur) élargit l’espace dans lequel le choix de comportements plus appropriés deviennent possible.
Dans un contexte de santé, nous adoptons le postulat qu’un symptôme a une intention positive, celle de nous informer de la modification de notre homéostasie biologique ou émotionnelle. Le symptôme a pour fonction de nous signaler la perte d’un équilibre de vie, d’un désalignement de notre système de valeur ou de l'altération l'image que nous nous faisons de nous-même. Tuer le symptôme chronique par une pharmacologie « anti » (anti-acide, antibiotique, anti-cholestérolémique, anti-diabétique..) équivaut à tuer le message.
II est utile de séparer le comportement du « soi ». Il est important de séparer nos actions de la perception de qui nous sommes, c’est-à-dire de notre identité. Il est en effet bien plus facile de modifier un comportement qu’une identité. Une identification pérennise un comportement ou un symptôme, et les conséquences ne sont pas les mêmes. Il n’est donc pas aidant de s’identifier à nos comportements négatifs comme à nos symptômes. Boire un peu trop d’alcool n’a pas les mêmes conséquences que dire « je suis un alcoolique » Avoir un diabète (comportement) n’a pas les mêmes conséquences que dire « je suis diabétique ». Dire "Je suis impuissant" n'a pas le même impact mental et somatique que de dire "J'ai une dysfonction érectile"
7-Les environnements et les contextes changent. La même action ne va pas toujours produire le même résultat.
Les individus changent, évoluent, grandissent et se transforment, de même que les environnement dans lesquels ils vivent, ou la perception qu’ils ont de ces environnements. Les besoins et aspirations des individus évoluent, de même que leur niveau de conscience ou d'ouverture d’esprit. Ce qui est adapté et pertinent dans un contexte à un moment donné, peut ne plus l’être quand le contexte évolue. Une intervention médicale peut être pertinente à un moment donné et ne l’être plus du tout à un moment donné. Il en est de même pour n’importe qu’elle approche complémentaire, qu’elle soit psychologique, nutritionnelle, énergétique…etc.
Sources
1-Santé perçue statistiques du Canada ; https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-229-x/2009001/status/phx-fra.htm
2-Culture et pratiques de santé ; Denise Jodelet ; Nouvelle revue de psychosociologie 2006/1 (n° 1), pages 219 à 239 ; https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-psychosociologie-2006-1-page-219.htm
3-Mythe d’une santé parfaite et attitudes face au miracle médical ; Ridha Abdmouleh, Cahiers de psychologie politique ;http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1456
4- Communication et santé : des paradigmes concurrents ; Lise Renaud et Carmen Rico de Sotelo, Dans Santé Publique 2007/1 (Vol. 19), pages 31 à 38
5-Association of Stress-Related Disorders With Subsequent Autoimmune Disease ; Huan Song; Fang Fang; Gunnar Tomasson,
Filip K. Arnberg ; David Mataix-Cols,; Lorena Fernández de la Cruz, ; Catarina Almqvist; Katja Fall; Unnur A. Valdimarsdóttir ; JAMA. 2018;319(23):2388-2400. doi:10.1001/jama.2018.7028
6-L'universel et le singulier ; Françoise Dastur, Revue des sciences philosophiques et théologiques 2011/3 (Tome 95), page 581 à 599 ; https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et-theologiques-2011-3-page-581.htm
(7) Robert Dilts, Croyances et Santé
(8)Le vivant post-génomique ou Qu'est-ce que l'auto-organisation ?, Henri Atlan, Odile Jacob, 2011
(9) Sens et valeur du contexte en éthique ; Hubert Faes ; Revue d'éthique et de théologie morale 2014/3 (n° 280), https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2014-3-page-11.htm
(10) The contribution of suggestion, desire and expectations to placebo effects in irritable bowels syndrom patient : an emperical investigation ; VaseL et all (2003) ; pain 105 (1-2) : 17-27