Nathalie Griveaux est l’auteur d’un mémoire intitulé " Coacher les femmes atteintes de cancer " présenté en mars 2023 en vue de l’obtention de sa certification de Coach à l'INA. Je publie ce mémoire avec l’accord de son auteur.
Comme le souligne Nathalie Griveau, la maladie cancéreuse perturbe de nombreux aspects de la vie du patient. Et ces profonds chamboulements doivent être accompagnés. Le coaching de santé a-t-il une place dans l’amélioration de la qualité de vie des sujets atteints de cancer ? A la lumière des résultats des recherches cliniques récentes, la réponse est oui, et tout particulièrement dans les cas du cancer du sein.
Par exemple, la méta-analyse de Suzette Barakat et col., publiée en 2017 a sélectionné 12 études (6 essais randomisés et 6 pré-post) parmi 2 210 références. Ces études portaient sur 1 038 survivants du cancer, âgés en moyenne de 57,2 ans et atteints de différents types de cancer : sein, colorectal, prostate et poumon. Les résultats montrent que le coaching de santé a été associé à une amélioration de la qualité de vie, de l'humeur et de l'activité physique, sans toutefois accroitre la capacité des survivants du cancer à se prendre en charge pour réaliser les changements comportementaux nécessaires au soutien de leur santé.
Si le coaching de santé a démontré son efficacité en complément des soins médicaux dans des pathologies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, métaboliques, respiratoires, et des résultats préliminaires intéressants dans l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de cancers, des études plus larges restent cependant nécessaires pour définir si le coaching de santé, en complément du traitement conventionnel, est susceptible de modifier à long terme les taux de mortalité. A ma connaissance, les études citées s’attachent à modifier les styles de vie, sans toutefois intervenir sur les sources de stress chroniques, le plus souvent associées à des événements de l’enfance (Les ACE ou Adverse Childhood Experiences). Et il y a de bonnes raisons à cela, car faire le lien de façon simple et non psychopathologisante entre un événement médical de l’adulte et les croyances limitantes créés à l’occasion d’événements de l’enfance, implique des compétences spécifiques du coach que ne possèdent pas les professionnels de santé. Si le mental conscient a complétement oublié ces événements fort anciens, le corps en conserve toutefois une parfaite mémoire. Pour Cyril Tarquinio, professeur de psychologie de la santé à l’université de Metz, les maladies chroniques peuvent en partie constituer l’expression « incarnée » de la souffrance de l’enfant et de l’adolescent que nous avons tous été. Pour démontrer cliniquement ces liens individuels, autrement que par des corrélations statistiques, il convient d’acquérir une lecture fine des expressions du corps-esprit, puis d’aider son client à donner un sens nouveau aux événements du passé. Pour Cyril Tarquinio, la modification durable de l’évolution des maladies chroniques implique la prise en compte de l’histoire de l’individu malade, et la proposition une intervention psycho-émotionnelle.
C’est donc dans ce cadre de complémentarité des soins, que Nathalie Griveaux propose d’explorer dans son mémoire intitulé " Coacher les femmes atteintes de cancer " comment les outils et modèles du coaching peuvent trouver leur place dans un accompagnement des femmes atteints de cancers. Son hypothèse de base est « qu’un voyage intérieur….vers une reconnexion à son être, vers une conquête de son alignement à son « Je Suis » et donc à son accomplissement en 3 étapes… avec l’exploration du monde des émotions, des croyances et de l’identité́ profonde » peut apporter divers bénéfices en termes de qualité de vie dans le cas des cancers féminins.
Je souscris pleinement à ses hypothèses. La survenue d’un cancer constitue bien souvent un cataclysme identitaire, une déstabilisation des fondements d’un projet de vie, le deuil de nombreuses habitudes de vie (personnel, professionnel, social, psycho-spirituel). Dans ces situations de crises, la tentation est de de se positionner en victime et d’attendre les bons vouloirs de Dieu ou de la médecine. D’autres sauront se positionner en « héros » en répondant à un appel à vivre une vie plus riche de sens et à apporter leur contribution à l’amélioration de leur communauté. Pour les femmes atteintes de cancer, Nathalie propose un voyage intérieur en 3 étapes, avec comme fil rouge le modèle de Frédéric Hudson : a) un itinéraire parmi les émotions (le travail de deuil, qualité de vie dégradée, gestion des émotions et du stress) pour accompagner la cliente à retrouver ses pleins pouvoir dans sa vie, b) la traversée du monde des croyances limitantes (la puissance et exploration des croyances, la zone d’ombre, la mise en lumière des drivers, c) la connexion à soi (découverte des valeurs et des besoins, estime de soi, sécurité ontologique, mission, nouvel art de vivre, et saut quantique dans un nouveau chapitre de vie), le tout dans un cadre relationnel sécurisant…avant de réaliser les changements menant à son accomplissement.
Je souscris également à ces choix, en regrettant parfois de ne pas avoir eu d’explications sur les sigles ou acronymes utilisées ainsi que les outils cités. Ce qui est bien compréhensible, puisque ce mémoire était initialement prévu pour une diffusion interne à son école de coaching. J’ai apprécié également les approches multidisciplinaires présentées dans ce mémoire (Hudson, PNL, Hypnose, pleine conscience, Analyse Transactionnelle, EFT…etc.) car la complexité des accompagnements de maladies dites « grave » implique une variété de moyens d’intervention.
Je considère que Nathalie à pleinement intégré les éléments clés de la transformation individuelle en matière de santé, en complément du traitement médical, à savoir la « reconnexion à soi » à partir de laquelle une réorganisation corps-esprit peut commencer à s’activer, ainsi que la participation active et la responsabilité du patient. Car rien n’est possible sans son consentement et l’identification d’une raison majeure d’améliorer son état de santé. Le corps dispose de formidables ressources d’auto-réparation ou d’auto-guérison, mais qui ne peuvent s’activer que par rapport à des buts ou une intention de vie. La simple guérison ne peut être un objectif suffisant, car cela consiste à désirer revenir à l’état antérieur et aux conditions d’apparitions de la maladie. L’intention de vie est une direction à suivre, et non une destination à atteindre. La distinction entre objectif et intention est importante en matière de santé, car si l’objectif présuppose un espace-temps entre nous et le résultat à atteindre avec la possibilité de ne pas y arriver, avec l’expression de l’intention nous pouvons incarner dans le présent ce à quoi nous aspirons le plus.
Comme le souligne Nathalie, retrouver la santé après un cancer, est un voyage intérieur, ou un voyage de la conscience, un voyage dont les étapes ont été bien formulées par Joseph Campbell dans sa métaphore du Voyage du Héros : a) la formulation d’une nouvelle direction de vie pleine de sens (la réponse à l’appel), b) la conscience des ressources dont nous aurons besoin, ainsi que des obstacles (nos démons) internes qui ne manqueront pas d’émerger et que nous devrons affronter, c) les relations de soutiens (nos gardiens) qui nous servirons de mentors et nous aiderons à affronter nos démons, d) et enfin la mise en pratique de nouveaux rituels de vie pour rester connecter aux intentions de vie, transformer celle-ci en une nouvelle réalité et en faire bénéficier notre communauté. C’est un voyage de longue haleine qui peut paraître ardu, et que tout le monde ne sera pas prêt à réaliser, probablement du fait d’une profonde méconnaissance de son pouvoir que chacun possède sur son corps et sa santé, et ses considérables bénéfices potentiels. Le mémoire de Nathalie contribue à faire savoir à ceux qui en ont besoin, que ce voyage existe et qu’il vaut vraiment la peine de s’y engager, surtout avec l’accompagnement sécurisant et bienveillant d’un coach de santé.
Après avoir occupé pendant 24 ans des postes de manager dans les ressources humaines, Nathalie Grivaux se consacre maintenant au coaching et au mentorat, afin d’aider ceux qui en besoin de pouvoir concilier maladie et travail. Le maintien dans l’emploi des personnes atteintes de maladie chronique représente un enjeu de société, d’ailleurs inscrit dans le 4ème Plan National de Santé au Travail. La maladie peut être créatrice de valeur pour la personne atteinte, comme pour l'employeur et la Société.
Nathalie Griveaux : l’activité de Nathalie se concentre sur 2 axes complémentaires, d’une part l’accompagnement au retour professionnel après une maladie chronique/burn-out pour potentialiser les chances de réussite du manager, du salarié, de l’équipe, redonner confiance, et réduire les risques psychosociaux ainsi que les coûts..., et d’autre part l’accompagnement du dirigeant /manager à déployer un leadership spirituel, authentique, humaniste et à l’ancrer dans les pratiques, notamment en cas de maladie chronique. A plusieurs reprises, Nathalie a accompagné des personnes atteintes de cancer. Elle y a d’ailleurs consacré son nmémoire "Coacher les femmes atteintes de cancer " car les impacts de la maladie dépassent le seul domaine de la santé : enjeux de vie, de qualité de vie au quotidien, d’autonomie, de maintien dans l’emploi, économiques...Nathalie a professionnalisé ses accompagnements par diverses formations : le coaching à l’Institut des Neurosciences Appliquées, la questiologie, la PNL (Institut Repère), l’Analyse Transactionnelle. Elle a également ajouté une approche psycho énergétique permettant d’aider à gérer le stress, les problèmes de sommeil... (EFT, soins énergétiques, méditation pleine conscience ...).
