Le coaching de santé chez des sujets atteints de cancer

Le coaching de santé chez des sujets atteints de cancer

Les études cliniques montrent que le coaching de santé peut améliorer la qualité de vie des patients atteints de certains cancers

Si vous cherchez les mots clés « Health coaching and cancer » sur la base de données de PUBMED, vous pourrez constater que le nombre de publication a explosé depuis quelques années, passant de 7 en 2004 à 181 en 2022. Ces chiffres montrent l’intérêt des mesures d’accompagnement et du coaching de santé, pendant et après le traitement médical, chez les patients atteints de cancer. Les premiers résultats favorables de l’impact des régimes alimentaires, puis de l’exercice physique sur le taux survie des patientes atteintes de cancer du sein (1, 2) ont été le point de départ de recherches sur l’intérêt du coaching de santé dans d’autres maladies cancéreuses. 

La totalité des études portent sur l’impact du coaching de santé sur l’amélioration de différents facteurs liés à la qualité de vie des patients, et les résultats s’avèrent très favorables. Il faut noter que de plus en plus de coaching de santé sont réalisés par des infirmiers (ères) et à distance. De nombreux travaux publiés en 2023 sont des études pilotes ou des études de faisabilité sur l’utilisation de dispositifs permettant le coaching de santé à distance. Le coaching de santé est un coaching du style de vie des patients et en particulier des comportements les plus susceptibles d’impacter favorablement l’évolution de la maladie. 

A ma connaissance aucune étude n’a cherché à évaluer l’impact d’une intervention de coaching de santé sur les ACE ou Adverse Childhood Expriences sur l’évolution de la maladie cancéreuse. Car l’association entre ACE et cancer semble bien démontrée et ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Une analyse (3) de 18 études portant sur 406 210 participants montre que les personnes ayant subi 2 à 4 ACE présentaient un risque accru de cancer par rapport aux personnes n'ayant pas subi d'ACE. Les différents types d’ACE examinés (abus physique et sexuel, violence familiale, difficultés financières de la famille) ont été associés au risque de cancer quel qu'il soit. « Ces résultats suggèrent que les multiples ACE peuvent être un facteur de risque pour le développement d'un cancer. Il est donc nécessaire de prévenir les ACE et d'intervenir pour soutenir les personnes touchées par les ACE. Dans ces situations il ne s’agit pas seulement d’intervenir sur le style de vie du patient, mais sur les événement parfois très anciens qui ont pu être à la source d’un stress chronique et des mauvaises habitudes de vie. Cette implique l’hypothèse d’une part d’un lien entre un stress chronique et la survenue d’un cancer, et d’autre part d’un impact possible sur des événements anciens sources de stress chronique. La pratique montre qu’avec un guidage « transdérivationnel » il est possible de retrouver les événements du passé pouvant être à la source du stress chronique, de modifier les croyances négatives qui ont été crées lors de ces événements. Si la sensation d’apaisement est le plus souvent immédiate, seules des études d’intervention pourront confirmer l’intérêt clinique de la pratique.

A ce jour les résultats disponibles dans la littérature scientifique me semblent suffisantes pour justifier des intervention des coachs de santé dans l’amélioration de la qualité de vie des patients atteints de cancer du sein, de la prostate. D'autres études sont nécessaires pour évaliuer l'efficacité du coaching de santé sur d'autres formes de cancer. En France, la ligue contre le cancer propose déjà ce type d’interventions pour faciliter le retour à l'emploi. Aux USA, de nombreuses écoles de coaching de santé enseignent les spécificités de cet accompagnement dans le cas de cancer. Pour conclure, rappelons que le coaching de santé est en mesure d'améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer mais qu'il serait erroné de prétendre que le coaching de santé peut guérir à lui seul les maladies cancéreuses. Ceux qui veulent se forger leur propre opinion sur l’impact des interventions du coaching de santé sur la qualité de vie des patients atteints de cancer, trouveront ci-dessous les abstracts de quelques publications sur le sujet.

Bénéfices longitudinaux des interventions de coaching en matière de bien-être pour les survivants du cancer (4) 

Objectif : évaluer l'impact immédiat et longitudinal de 6 séances de coaching de bien-être (WC) chez les survivants du cancer dans l'amélioration de la santé, de la forme physique, du bien-être et de la qualité de vie globale (QV). 

Méthodologie : trente participants ont bénéficié d'une intervention par téléphone. Les participants comprenaient 20 survivants du cancer du sein, 7 survivants du cancer de la prostate et 3 survivants du cancer colorectal, dont l'âge variait entre 0,5 et 9 ans après la fin du traitement principal. Le suivi été réalisé à 3, 9 et 15 mois après le début.

Résultats : au cours de la période d'intervention, des améliorations significatives ont été constatées au niveau de la dépression (p=0,003) et de l'anxiété (p=0,002), de l'augmentation de l'évaluation de la phase d'exercice (p=0,001) et de la qualité de vie (p=0,001). Des tendances positives ont été observées pour toutes les autres mesures au cours des trois mois de coaching. Ces tendances positives se sont maintenues depuis l'arrêt du coaching jusqu'à 6 mois après l'intervention. Une légère baisse de ces améliorations a été observée entre le 6e et le 12e mois, mais n'est pas revenue au niveau de base. Le processus de WC rapporté par les patients a amélioré les habitudes de vie en les aidant à fixer des objectifs positifs, à prendre conscience des choix alimentaires et à faire de l'exercice. Les changements et les améliorations réelles signalées comprenaient l'exercice et une alimentation plus saine. L'aspect le plus utile du travail avec un coach personnel était la motivation et les feedbacks reçus. La consommation de fruits et légumes rapportée par les participants a augmenté, et l'IMC et le poids ont diminué. 

Conclusion : le coaching bien-être peut diminuer la détresse psychologique, améliorer la qualité de vie ainsi que les comportements de santé auto-déclarés et le poids chez les survivants du cancer. Le coaching bien-être a le potentiel à faire le lien entre la médecine clinique et de multiples disciplines sociales et de santé afin d'améliorer le bien-être général des survivants du cancer. Ces résultats doivent être confirmés par un essai contrôlé randomisé.

Essai contrôlé randomisé sur l'activité physique, les habitudes alimentaires et la gestion de la détresse avec le programme Leadership and Coaching for Health (LEACH) pour les survivants du cancer non atteints par la maladie (5)

Objectif : évaluer les bénéfices potentiels du programme Leadership and Coaching for Health (LEACH) sur l'activité physique, les habitudes alimentaires et la gestion de la détresse chez les survivants du cancer.

Méthodes : 248 survivants du cancer ont été assignés par randomisation, avec un ratio d'allocation de deux pour un, au groupe du programme LEACH (LP), coaché par des survivants de longue date, ou au groupe des soins habituels (UC). Au départ, à 3, 6 et 12 mois, nous avons utilisé les scores d'AP ‘Activité physique), la consommation de légumes et de fruits (VF) et l'inventaire de croissance post-traumatique (PTGI) comme résultats primaires et, comme résultats secondaires, les dix règles d’un comportement de santé hautement efficace et la qualité de vie (QV), l'échelle d'anxiété et de dépression hospitalière (HADS) et le questionnaire sur la qualité de vie de l'Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer.

Résultats : pour les résultats primaires, les deux groupes ne différaient pas de manière significative en termes de scores d'AP ou de consommation de VF, mais différaient de manière marginale en termes de PTGI. Pour les résultats secondaires, le groupe LP a montré une amélioration significativement plus importante du score d'anxiété HADS, du score de fonctionnement social et des scores de perte d'appétit et de difficultés financières entre le début de l'étude et le troisième mois. Entre le début de l'étude et 12 mois, le groupe LP a montré une diminution significativement plus importante du score de fatigue et une augmentation significativement plus importante du nombre des dix règles pour un comportement de santé très efficace.

Conclusion : nos résultats indiquent que le programme LEACH, encadré par des survivants de longue date, peut assurer une gestion efficace de la qualité de vie des survivants du cancer, mais pas de leur activité physique ou de leurs habitudes alimentaires.

Le coaching de santé permet-il d'accroître les capacités des survivants du cancer ? Une revue systématique (6) 

Contexte : les interventions renforçant la capacité des patients à réaliser les soins et les améliorations de leur qualité de vie sont nécessaires à la santé des survivants du cancer. 

Objectif : cette revue systématique explore l’efficacité du coaching de santé à développer les capacités des survivants du cancer, c’est-à-dire à réaliser le travail que les patients doivent entreprendre pour gérer leur maladie.

Méthodologie : les auteurs ont inclus des essais randomisés ou des études quasi-expérimentales comparant le coaching à d'autres interventions, et ont respecté les lignes directrices PRISMA en matière de rapports. Les données ont été analysées à l'aide de la théorie de la capacité des patients (BREWS : la capacité est affectée par des facteurs qui influencent l'aptitude à recadrer la biographie ["B"], à mobiliser ou à recruter des ressources ["R"], à interagir avec l'environnement de soins ["E"], à accomplir le travail ["W"] et à fonctionner socialement ["S"]). Les auteurs ont passé en revue 2 210 références et sélectionné 12 études (6 essais randomisés et 6 pré-post). Ces études portaient sur 1 038 survivants du cancer, âgés en moyenne de 57,2 ans et atteints de différents types de cancer : sein, colorectal, prostate et poumon. 

Résultats : le coaching de santé a été associé à une amélioration de la qualité de vie, de l'humeur et de l'activité physique, mais pas du sentiment d'auto-efficacité. Classées en fonction de leur capacité à favoriser le développement des capacités des patients, 67 % des études incluses ont fait état de résultats statistiquement significatifs qui vont dans le sens de "B" (qualité de vie, acceptation, spiritualité), 75 % de "R" (diminution de la fatigue et de la douleur), 67 % de "W" (augmentation de l'activité physique). 

Efficacité du coaching santé et d'un programme en ligne sur l'activité physique, le poids et la gestion du stress chez les survivants du cancer : Essai contrôlé randomisé multicentrique (7)

Objectifs : étudier l'efficacité de l'accompagnement médical et d'un programme en ligne sur l'activité physique, le poids et la gestion de la détresse chez les survivants du cancer de l'estomac, du côlon, du poumon et du sein.

Méthodes : cet essai randomisé et contrôlé, d'une durée d'un an, mené dans cinq hôpitaux, a recruté des survivants du cancer dans les 2 mois suivant la fin du traitement primaire du cancer qui n'avaient pas atteint ≥1 de ces objectifs comportementaux : (i) pratiquer une activité physique modéré (AP) pendant au moins 150 minutes/semaine ou un exercice intense pendant plus de 75 minutes par semaine ou, dans le cas des patients atteints de cancer du poumon, un exercice d'intensité faible ou modérée pendant plus de 12,5 MET par semaine  (Metabolic Equivalent of Task,) , (ii) maintenir un poids normal, et (iii) atteindre un score >72 à l'inventaire de croissance post-traumatique (PTGI). Les participants ont été assignés au hasard à l'un des trois groupes suivants : le groupe de contrôle, le groupe " web only " ou le groupe " health coaching + web ". Le critère d'évaluation principal était basé sur un composite d'AP, de poids et de score PTGI à 12 mois.

Résultats : les patients du groupe coaching santé + web (différence = 6,6 %, P = 0,010) et du groupe web seul (différence = 5,9 %, P = 0,031) ont connu des améliorations globales plus importantes sur l'ensemble des trois résultats que les patients du groupe témoin. Le groupe coaching santé + web a connu une amélioration globale plus importante du PTGI (différence = 12,6 % ; P < 0,001) que le groupe témoin, mais pas de l'AP ni du poids.

Conclusion : le programme en ligne, avec ou sans coaching, peut améliorer les comportements de santé, notamment l'activité physique, le poids et la gestion du stress chez les survivants du cancer dans les deux mois suivant la fin du traitement primaire du cancer. Le programme en ligne avec accompagnement médical s'est avéré principalement efficace pour réduire le stress psychologique.

Coaching bien-être : une intervention visant à accroître les comportements sains chez les survivantes du cancer du sein (8)

Contexte : une activité physique régulière après un diagnostic de cancer du sein améliore les taux de survie et la qualité de vie. Cependant, les survivantes du cancer du sein respectent rarement les recommandations en matière d'activité physique. Les interventions de coaching en matière de bien-être ont permis d'améliorer les comportements en matière d'exercice physique et de santé dans d'autres populations de patients.

Objectifs : évaluer la faisabilité et l'efficacité des WCI (Wellness coaching interventions ) pour augmenter l'activité physique chez les survivantes du cancer du sein ; les mesures secondaires comprenaient les changements dans les habitudes alimentaires, le poids et la qualité de vie.

Méthodes : 20 survivantes du cancer du sein obèses ou en surpoids ayant récemment terminé un traitement actif du cancer du sein ont été recrutées pour participer à une étude pilote de faisabilité de 12 semaines. L'intervention comprenait une visite de coaching en personne, suivie de quatre appels téléphoniques pendant 12 semaines et de 12 courriels hebdomadaires contenant des recommandations en matière de bien-être.

Résultats : des améliorations significatives ont été constatées avant et après l'intervention en ce qui concerne le niveau d'activité physique, les habitudes alimentaires et certains aspects de la qualité de vie. Quarante pour cent des participants ont atteint l'objectif de perte de poids de 3 % après l'intervention, mais ce résultat n'a pas été maintenu à 30 semaines.

Évaluation d'une intervention de santé mobile visant à améliorer les résultats en matière de bien-être pour les survivantes du cancer du sein (9) 

Contexte : les survivantes du cancer du sein présentent un risque accru de récidive, de seconde tumeur maligne et d'autres conditions comorbides.

Objectif : comparer l’efficacité de l'utilisation d'une application pratique, disponible dans le commerce (65 $ par mois), pour accéder à des services de coaching de santé et bien-être de qualité chez des survivantes du cancer du sein, par rapport à l’utilisation d’un dispositif autoguidé et à une séance unique d'éducation à la santé, dans l’atteinte des objectifs suivants : 
1) l’amélioration de l'adhésion à un régime à base de plantes, 2) l’augmentation de l'activité physique, 3) une aide à la perte de poids et à la réduction de l'indice de masse corporelle, 4) la réduction des scores élevés de dépression et de fatigue, et 5) l'adhésion durable au mode de vie et au plan de bien-être au bout de 6 mois et au-delà.

Méthodes : étude contrôlée non randomisée à deux groupes avec mesures répétées avant-après (N=127 sujets) a été utilisée. Les femmes âgées de 18 ans ou plus, atteintes d'un cancer du sein à visée curative, ont été incluses dans l'étude. Les utilisatrices de l'application ont reçu un plan de soins de survie et se sont inscrites à un abonnement de 6 mois à l'application de santé. Un groupe témoin a reçu les mêmes informations mais, au lieu d'accéder à l'application, il a reçu une boîte à outils autoguidée.

Résultats : après 6 mois, les patients du groupe de l'application ont été plus nombreux à perdre du poids et à réduire de façon significative leur indice de masse corporelle global (P<0,01). Le groupe de l'application a également démontré des améliorations statistiquement significatives de leur activité physique "intense" (P=0,04) et de leurs habitudes alimentaires (P<0,001), par rapport au groupe autoguidé. Le groupe utilisant l'application a montré une plus grande réduction de la fatigue et une amélioration de la dépression, mais ces changements n'étaient pas statistiquement significatifs.
Au bout de 12 mois, aucun des utilisateurs de l'application ne l'utilisait, mais beaucoup suivaient toujours leur plan de bien-être et avaient maintenu leur niveau d'activité et leur perte de poids. Les valeurs aberrantes dans les deux groupes et le faible taux de réponse ont rendu l'évaluation des résultats difficile.

Conclusions : les résultats de cette étude ont démontré qu'une application de coaching santé en directfournissant un coaching en matière de bien-être peut offrir aux survivantes du cancer du sein motivées et aux programmes de lutte contre le cancer une modalité qui offre un soutien pratique et efficace à un coût raisonnable. 

L'efficacité de l'accompagnement par un pharmacien dans l'amélioration des comportements de santé liés au cancer du sein : Un essai contrôlé randomisé (10)

Contexte : les pharmaciens ont la confiance du public et sont facilement accessibles, mais leur rôle dans le changement des comportements de santé liés au cancer du sein a été peu étudié. 

Objectif : étudier l'efficacité du coaching réalisé par un pharmacien dans l'amélioration des comportements et des connaissances en matière de santé liés au cancer du sein chez les femmes, et mesurer le niveau de confort à l'égard de ce programme. 

Méthodes : étude randomisée et contrôlée menée dans des pharmacies communautaires en Égypte. Les pharmacies incluses ont été invitées à recruter 240 femmes dans un essai, puis à les répartir de manière égale entre le bras actif et le bras témoin, et à offrir 12 séances hebdomadaires de coaching en face à face à celles qui avaient été assignées au bras actif. Les pharmaciens ont également été invités à interroger les femmes et à remplir un formulaire de collecte de données standardisé au début de l'étude, au milieu de l'étude, à la fin de l'étude et trois mois après l'étude.

Résultats : les pourcentages d'activité physique élevée, d'alimentation saine et d'auto-examen des seins trois mois après la fin du programme de coaching dans les groupes actif et témoin étaient respectivement de 52,17 % contre 17,09 % (p=0,002), 62,60 % contre 28,20 % (p=0,003), et 81,73 % contre 23,07 % (p=0,005). Les scores moyens de connaissances sur les symptômes du cancer du sein, les facteurs de risque et les méthodes de détection trois mois après le coaching dans les bras actif et témoin étaient respectivement de 4,10±2,47 contre 2,72±1,19 (p=0,038), 4,25±2,20 contre 3,28±1,48 (p=0,020), et .34±1,80 contre 1,72±0,68 (p=0,001). Alors que la plupart des femmes ayant participé au volet actif étaient à l'aise avec les aspects financiers (94,78 %) et sociaux (88,69 %) du programme, plus d'un tiers (34,78 %) des participantes n'étaient pas à l'aise avec la compétence des coachs. 

Conclusion : malgré la nécessité de certaines modifications, les comportements et les connaissances en matière de santé liés au cancer du sein peuvent être améliorés par le biais d'un coaching de santé réalisés par les pharmaciens.

Étude préliminaire de l'efficacité d'un programme communautaire de coaching de bien-être pour les survivants du cancer (11)

Contexte : des modifications du mode de vie peuvent permettre d'éviter une grande partie du fardeau que représente le cancer. 

Objectif : déterminer l'efficacité préliminaire du coaching santé dans l'amélioration de la santé, de la condition physique et du bien-être général des survivants du cancer dans un contexte communautaire. 

Méthodes : les participants ont été recrutés dans les sites de la Cancer Support Community Delaware. Le coaching en matière de santé a été offert aux personnes ayant reçu un diagnostic de cancer à n'importe quel stade du continuum de survie. Les coachs ont organisé six séances individuelles. Des questionnaires ont été envoyés avant et après l'intervention sur des sujets tels que la forme physique, les habitudes alimentaires, le sommeil, le stress perçu, l'anxiété, la dépression et la qualité de vie. Les résultats ont été analysés à l'aide d'une modélisation multiniveaux. 

Résultats : 48 participants ont suivi en moyenne 85 % des séances de coaching en santé. Les participants au coaching ont noté des améliorations dans la fréquence de l'activité physique hebdomadaire (de modérée à vigoureuse), des améliorations des comportements alimentaires sains, une amélioration de la qualité du sommeil (durée et l'efficacité). Des réductions significatives ont été constatées au niveau de la perception du stress, de l'anxiété et de la dépression. Les participants ont fait état d'une amélioration de leur qualité de vie, en particulier dans les domaines du bien-être physique et émotionnel, ainsi que du bien-être fonctionnel et global. 

Conclusion : les résultats préliminaires indiquent un changement de comportement significatif dans les résultats mesurés et suggèrent que le coaching de santé peut être un outil important pour la survie au cancer.

Expériences et perspectives des professionnels de la santé pour faciliter le soutien à l'autogestion des patients atteints d'un cancer de la prostate localisé à faible risque via la santé mobile et le coaching de santé (12)

Contexte : les interventions d'autogestion à l'aide de dispositif de santé mobile (mHealth) peut améliorer le bien-être des patients. La recherche montre que la mHealth et le coaching de santé agissent en symbiose pour fournir un résultat plus constructif. Les infirmières coachs semblent jouer un rôle important dans la traduction des données suivies par les patients. 

Objectif : explorer les expériences des coachs professionnels de la santé dans une intervention de soutien à l'autogestion par le biais de la mHealth (mobile health) et du coaching de santé pour les patients atteints d'un cancer de la prostate. 

Méthodes : méthodologie de la description interprétative, combinant des entretiens semi-structurés individuels et en groupes de discussion et des observations participantes des interactions patient-coach et de l'utilisation de la mHealth dans les séances de coaching. L'étude a été menée entre juin 2017 et août 2020. 

Résultats : les infirmières coachs ont fait l'expérience de la motivation et de l'autonomie lorsqu'elles possédaient les bonnes compétences pour le coaching. En outre, les infirmières coachs ont eu des attentes contradictoires quant à leur rôle lorsqu'elles ont dû intégrer la mHealth. Conclusion : l'expérience de la compétence, de l'autonomie et de la confiance est importante pour que les infirmières coachs soient mentalement présentes pendant les séances de coaching. D'autre part, les résultats montrent que le sentiment de ne pas avoir confiance en sa propre capacité de performance entraîne une baisse de la motivation.

Étude pilote de faisabilité d'un accompagnement sanitaire numérique pour les hommes atteints d'un cancer de la prostate (13)

Contexte :le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes aux États-Unis. La majorité des traitements du cancer de la prostate se déroulent en ambulatoire, et les patients et leurs soignants assument une grande responsabilité dans le suivi et la gestion du traitement et de la toxicité liée à la maladie. Le coaching numérique en matière de santé s'est révélé un outil prometteur pour influencer positivement les résultats. 

Objectif : évaluer la faisabilité du coaching numérique en matière de santé chez les hommes atteints d'un cancer de la prostate.

Méthode : étude pilote à bras unique. Les hommes ayant des antécédents de cancer de la prostate nécessitant un traitement au cours des deux dernières années étaient éligibles à l'inclusion. Les participants se sont engagés dans un programme de coaching santé de 12 semaines, consistant en une combinaison d'au moins un appel téléphonique et jusqu'à quatre nudges numériques (définis comme du contenu délivré par texte, e-mail ou application sur la base de la préférence du participant) par semaine. Le contenu spécifique au cancer de la prostate abordait chaque semaine l'un des sujets suivants : fatigue, gestion de la douleur, alimentation saine, exercice, gestion de l'incontinence, santé sexuelle, gestion du stress et de l'anxiété, toxicité financière, définition d'objectifs pendant le traitement, gestion des effets secondaires, communication avec l'équipe soignante et adhésion aux médicaments. Les services ont été fournis gratuitement aux participants.

Résultats : cent patients ont été autorisés à participer à l'étude et 88 se sont inscrits. Le seuil de faisabilité de 60 % a été atteint, 63 des 88 personnes inscrites ayant terminé le programme de trois mois (proportion = 71,6 % ; IC à 90 %, 62,6 à 79,4 ; P = 0,016).

Conclusions : le coaching numérique en santé pour les hommes atteints du cancer de la prostate est faisable. Ces résultats soutiennent une évaluation plus poussée du coaching en santé numérique pour les hommes atteints du cancer de la prostate dans le cadre d'essais contrôlés randomisés de plus grande envergure.

Piloter HealthScore : Faisabilité et acceptabilité d'un programme de coaching de santé cliniquement intégré pour les personnes vivant avec un cancer (15)

Contexte : les interventions de soutien en cancérologie ont souvent une généralisation limitée, un mauvais alignement des objectifs et des coûts élevés. 

Objectif : évaluer la faisabilité, l'acceptabilité et les résultats préliminaires, d’une intervention de coaching de santé, UNC HealthScore, chez des patients en cours de traitement contre le cancer. 
Méthodes : HealthScore est une intervention de six mois, fondée sur la théorie et à composantes multiples, qui est dispensée par le biais de séances de coaching organisées par les participants. Pour l'étude pilote, les participants ont reçu un Fitbit (bracelet connecté), ont répondu à des enquêtes numériques hebdomadaires sur les symptômes et la fonction physique, et ont rencontré un coach de santé chaque semaine pour développer et suivre les objectifs. Les notes de coaching ont été discutées lors des réunions hebdomadaires de l'équipe interdisciplinaire et communiquées à l'équipe oncologique traitante. Les alertes de symptômes ont été suivies et triées par une infirmière ressource de l'étude vers les services de soins de soutien appropriés. La faisabilité a été déterminée sur la base de l'inscription à l'intervention et de son achèvement. L'acceptabilité était basée sur la satisfaction du coaching et du port du Fitbit et a été renseignée par des entretiens semi-structurés à la sortie de l'étude. Les résultats évalués pour les signes d'amélioration comprenaient plusieurs mesures PROMIS (Patient-Reported Outcomes Measurement Information System), y compris l'objectif principal de l'intervention, la fonction physique.

Résultats : de mai 2020 à mars 2022, 50 participants ont terminé le projet pilote à bras unique. La faisabilité était élevée : 66% se sont inscrits et 71% ont terminé l'intervention complète. Les participants ont rapporté une moyenne de 4,8 et 4,7 (sur 5) sur l'acceptabilité des appels de coaching et l'utilisation du Fitbit, respectivement. Les scores de fonction physique ont augmenté de 3,1 points (SE = 1,1) entre le début de l'étude et 3 mois, et de 4,3 (SE = 1,0) entre le début de l'étude et 6 mois, ce qui est supérieur à la différence minimale cliniquement importante (MCID). Des améliorations supérieures à la MCID ont également été constatées pour l'anxiété et la dépression, et des améliorations moins importantes ont été constatées pour le soutien émotionnel, l'isolement social, la fonction cognitive, le fardeau des symptômes et l'auto-efficacité.

Discussion : le HealthScore montre sa faisabilité, son acceptabilité et des résultats préliminaires prometteurs. Des études randomisées sont en cours pour déterminer l'efficacité de la préservation de la fonction physique chez les patients atteints d'un cancer avancé.

Commentaires 

Dans son ouvrage Devenir acteur de sa guérison de 2020, l’oncologue français  Jean-Loup Mouysset rappelle que si les traitements anticancéreux traitent la maladie, les soins de support atténuent ses conséquences et celles des traitements ; Il propose de prendre soin de la personne, de donner aux personnes touchées par le cancer la possibilité de devenir les maîtres d'oeuvre de leur santé. Les résultats de son approche individuelle (ostéopathie, réflexologie, esthétique, art-thérapie, etc.) ou en groupe (aquagym, sophrologie, yoga...) sont parlant : au-delà d'une meilleure qualité de vie, et en complément de l'approche thérapeutique conventionnelle, son programme offre une augmentation moyenne de 29 % des chances de survie tous cancers confondus. Rappelons à nouveau que le coaching de santé en oncologie est utilisé en complément du traitement médical, pour améliorer les facteurs clés de la qualité de vie des patients.

En Belgique, la Fondation contre le cancer a mis sur pied un réseau de coaches agréés. Ceux-ci sont spécifiquement formés pour aider les personnes atteintes d’un cancer à affronter les défis de tous les jours, pendant et après le traitement. Par ailleurs, ces coaches spécialisés peuvent accompagner les employeurs afin de les aider à réintégrer leurs employés touchés par un cancer.

A l'institut Paoli-Calmettes de Marseille, un programme s'inspire des méthodes des coachs d'athlètes de haut niveau pour aider les patients à réapprendre à vivre après un cancer. Une initiative audacieuse qui donne d'excellents résultats.

L'association La Vie Kintsugi, propose des coachs de santé pour accompagner les patients, les aidants et les soignants et les soutenir dans la vie avec le cancer.

L'Association française des coachs de santé propose un annuaire des coachs de santé certifiés, c'est-à-dire ayant suivi une formation spécifique de 15 jours à l'accompagnement non médical des maladies chroniques. 

La clinique Bonneveine à Marseille a ouvert un Département interdisciplinaire de soins de support en cancérologie depuis le 1er janvier 2021. “Ce service a pour vocation la prise en charge globale des patients atteints de cancer pendant et après la maladie”. Afin d’assurer cette prise en charge, le Département est composé d’une équipe pluridisciplinaire pour veiller au bon traitement des patients. L’onco-coaching est une étape clé du parcours.

L'Institut Raphaël du cancérologue Alain Tolédano propose à tous ses patients un parcours de soins personalisé d’environ six mois. Cet accompagnement se poursuit tout au long du semestre, avec des rendez-vous réguliers entre le patient et sa coordinatrice, afin d’optimiser le parcours, en le réajustant à l’évolution de ce dernier. Cette prise en charge vient s’articuler avec une autre spécificité de l’Institut Rafaël, permettant un maillage au plus près de la personne et de ses ressentis physiques et psychiques : la transversalité. 

Références 

1) Holick CN, Newcomb PA, Trentham-Dietz A, Titus-Ernstoff L, Bersch AJ, Stampfer MJ, … Willett WC (2008). Physical activity and survival after diagnosis of invasive breast cancer. Cancer Epidemiology, Biomarkers and Prevention, 17(2), 379–386. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18250341. doi: 10.1158/1055-9965.EPI-07-0771 

2) Holmes MD, Chen WY, Feskanich D, Kroenke CH, & Colditz GA (2005). Physical activity and survival after breast cancer diagnosis. JAMA, 293(20), 2479–2486. Retrieved from https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15914748. doi: 10.1001/jama.293.20.2479 

3) Adverse childhood experiences and risk of cancer during adulthood: A systematic review and meta-analysis; Huilan Xu and col., Child Abuse & NeglectVolume 117, July 2021, 105088 ; https://doi.org/10.1016/j.chiabu.2021.105088

4) Longitudinal Benefits of Wellness Coaching Interventions for Cancer Survivors; Mary Louise Galantino, Pam Schmid, Anthony Milos, Sheila Leonard, Stasia Botis, Courtney Dagan, William Albert, Janet Teixeira, Jun Mao; The International Journal of Interdisciplinary Social Sciences: Annual Review 4 (10): 41-58. https://doi.org/10.18848/1833-1882/CGP/v04i10/53020

5) A randomized controlled trial of physical activity, dietary habit, and distress management with the Leadership and Coaching for Health (LEACH) program for disease-free cancer survivors. Young Ho Yun, Young Ae Kim, Myung Kyung Lee, Jin Ah Sim, Byung-Ho Nam, Sohee Kim, Eun Sook Lee, Dong-Young Noh, Jae-Young Lim, Sung Kim, Si-Young Kim, Chi-Heum Cho, Kyung Hae Jung, Mison Chun, Soon Nam Lee, Kyong Hwa Park & Sohee Park BMC Cancer volume 17, numéro d'article : 298 (2017) ; https://doi.org/10.1186/s12885-017-3290-9

6) Does Health Coaching Grow Capacity in Cancer Survivors? A Systematic Review ; Suzette Barakatet Coll 1 ; opul Health Manag. 2018 Feb;21(1):63-81.doi: 10.1089/pop.2017.0040. Epub 2017 Jun 21. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28636526/

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13) A Pilot Feasibility Study of Digital Health Coaching for Men With Prostate Cancer; Nathan R. Handley,Kuang-Yi Wen ; Sameh Gomaa ; Kelly Brassil ; Ayako Shimada ; Benjamin Leiby ; DOI: 10.1200/OP.21.00712 JCO Oncology Practice 18, no. 7 (July 01, 2022) e1132-e1140. Published online April 08, 2022. https://ascopubs.org/doi/full/10.1200/OP.21.00712

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