Santé intégrale et évolution de la conscience

Santé intégrale et évolution de la conscience

 Un facteur clé de la guérison intégrale réside dans notre capacité d’humain à grandir en développant notre niveau de conscience.

Notre meilleur voie vers la santé consiste à élargir notre sentiment d'identité. dit Richard Moss.  Un niveau de conscience peut concerner les interactions entre les trois formes d’intelligence, avec l'intelligence somatique, l'intelligence cognitive et l'intelligence du champ des relations auquel nous appartenons. Nous sommes tous pourvus de ces trois formes d’intelligence afin de  pouvoir nous adapter au mieux au monde et y trouver une vie riche de sens. Le génie unique de la vie humaine réside dans le potentiel de développement de son niveau de conscience. En s’élargissant, ce niveau de conscience va inclure de plus en plus de connaissances, de compréhensions de la complexité du monde et développer de nouvelles capacités. Les niveaux de développement humain concernent les quatre domaines de la vie : le biologique, le psycho-spirituel, le social et le culturel. Chaque niveau englobe nos connaissances et nos capacités antérieures tout en transcendant leurs limites. Chaque étape de notre développement nous donne l’occasion d’acquérir une connaissance plus large, plus profonde, plus précise et plus complète de ce que nous faisons de notre vie. Les étapes de notre voyage de la conscience s'accompagnent de redéfinitions de nos priorités de vie, et de découvertes de nouvelles ressources pour réaliser nos buts. Cette capacité humaine unique à faire évoluer notre niveau de conscience et notre vie implique une autoréflexion sur nos propres modes de fonctionnement, des choix intentionnels alignés avec nos valeurs les plus profondes, et la mise en œuvre d'actions appropriées.

La santé intégrale résulte d'un équilibre dynamique entre les aspects biologiques, psycho-spirituels, sociaux et culturels qui forment une unité, un équilibre en mesure de répondre aux changements de l’environnement

Figure 1: évolution des niveaux de conscience dans les quatre domaines de la santé (adapté de ES. Dasher)

 Sante integrale3a

Nous sommes conçus pour grandir et évoluer

« Tout le chemin de la vie, c'est de passer de l'ignorance à la connaissance, de l'obscurité à la lumière, de l'inaccompli à l'accompli, de l'inconscience à la conscience, de la peur à l'amour. » Frédéric Lenoir

Notre potentiel de développement est présent en nous dès notre naissance. Ce potentiel est codé en nous comme il l’est pour une graine qui, en fonction du terrain dans lequel elle se trouve, peut se transformer en une plante chétive ou généreuse en fleurs ou fruits. Contrairement à la plante, l’humain possède en plus la capacité à choisir l’environnement qui sera le plus favorable à sa croissance et son épanouissement.  Nous avons donc un véritable pouvoir sur notre santé et notre épanouissement personnel, mais nous ne pouvons le savoir tant que nous n'avons pas choisi d’atteindre un certain niveau de conscience et de développement.

Si l'évolution des espèces animales résulte de changements génétiques aléatoires et très progressifs, l'évolution humaine individuelle résulte de choix conscients qui nous permettent de sortir de nos conditionnements. Les choix que nous faisons déterminent l'étendue et la nature de notre développement dans chacun des quatre quadrants de notre vie, et aussi le niveau de notre santé et de notre bien-être. Dans la mesure ou les choix de développement que nous faisons impactent notre santé bien plus que le ne fait notre biologie, nous sommes en mesure d’assumer la paternité de notre santé et de notre bien-être. 

Par exemple dans le quadrant du culturel, le degré de maturité de nos relations les plus personnelles impacte notre bien-être et notre santé. Des réactions de défense et de jugement de l’autre peuvent évoluer vers une plus grande acceptation des différences individuelles, puis vers une plus grande compréhension et attention à l’autre. Nous savons intuitivement combien une relation saine et profonde peut être source d’un bien-être qui va s’étendre et soutenir l'évolution des autres aspects de notre vie et de notre niveau de santé. Ce nouveau niveau de bien-être et de santé dépend bien plus de nos décisions que de notre biologie.

En ajoutant une possibilité d’extension infinie aux quatre différents domaines de vie, nous pouvons entrevoir le considérable potentiel de développement de conscience et de santé dont nous sommes dotés.  La première étape est de prendre conscience de l’aspect holistique de notre santé, puis de choisir consciemment de développer notre vie dans un domaine particulier.  Si la peur des conséquences d’une maladie peut nous amener à faire évoluer notre niveau de conscience, le processus reste réactif, lent, incohérent et à l’issue imprévisible. Cependant une décision consciente et proactive de prendre sa vie en main et de la faire grandir et toujours préférable à une décision par évitement. Nous avançons plus vite et plus loin en regardant devant nous qu’en conduisant en regardant dans notre rétroviseur. 

Ce modèle d’évolution de la conscience et de développement est en relation avec chacun des quatre aspects de la vie. Dans chaque quadrant un niveau de conscience va impacter les éléments de l’expérience humaine, à savoir ce que je pense, ce que je ressens et ce que je fais. Une perspective très simple de l’évolution de la conscience est d’aborder les quatre domaines de vie avec les niveaux de conscience se rapportant au corps, au mental et à l’esprit. 

 NIVEAUX

Psycho-spirituel

Biologique

Culturel

Social

ESPRIT
Conscience d’une unité expansive
Conscience du calme intérieur

Sentiment de connexion et d’unité
à un tout plus grand

Corps en tant que manifestation de l’esprit 
Corps subtil ou énergétique 

Le Nous tous » de l'union spirituelle et intimité
Le Nous et les relations d’interdépendance

Le travail comme moyen de s’épanouir
et de servir les autres
Vision systémique et Intelligence collective

MENTAL
Conscience témoin
Pensée réactive

Choix conscients
Conscience témoin 
Soi séparé et conditionnements

Corps = système d’informations
Corps « utilitaire » Relations corps-esprit

Le Toi les relations de contre-dépendance puis d’indépendance

Le travail comme moyen de s’exprimer
et de se réaliser

CORPS 
Conscience somatique
Fusion

Réaction réflexe, focalisée sur la protection
Un tout inconscient 

Corps = matière
Homéostasie 
Physiologie
Anatomie 

Le Soi dépendant des autres

Le travail comme moyen de survie et
d'assurer sa sécurité

 

Le domaine du psycho-spirituel  

La culture occidentale individualiste et matérialiste ne favorise pas ou peu le développement de notre vie intérieure. Celle-ci concerne, d’une part la connaissance de soi (métacognition), et d’autre part une démarche dynamique d’autorégulation pour nous libérer de nos propres conditionnements. Pour soigner notre corps, nous avons besoin d’identifier les modes de pensée et les habitudes comportementales qui ont contribué à créer un symptôme, les croyances et valeurs qui ont motivé ou inhibé les stratégies mentales, l’idée que nous nous faisons de nous même, et la perception de notre place dans un monde plus vaste. Cette démarche d’introspection est indispensable à notre santé et à notre épanouissement. Notre vie psycho-spirituelle est la source première de nos habitudes cognitives et comportementales, de nos souffrances mentale et émotionnelles, de nos symptômes et aussi de notre santé et notre épanouissement. Le domaine du psycho-spirituel est bien sur influencé par le monde extérieur qu'il soit culturel ou social, mais toute décision de changement a pour point de départ le quadrant psycho-spirituel. C’est donc à partir de ce quadrant que nos efforts auront les plus grandes répercussions positives dans les trois autres domaines de vie. Le développement de notre potentiel psycho-spirituel est le point de départ du développement de tous les autres domaines. Ce quadrant représente le poste de pilotage de notre vie, et c’est à partir de ce quadrant que nous donnons une direction à notre vie, que nous faisons les ajustements nécessaires, que nous découvrons des potentiels non développés et de nouveaux horizons de vie, et que nous pouvons parfois adopter un cap nouveau et plus approprié à notre santé. 

La conscience du corps comme un tout indifférencié

La forme de conscience la plus rudimentaire est sensorimotrice ou réflexe.  Quand vous piquez une amibe, elle s’éloigne. Le nouveau né fait l’expérience inconsciente d’une fusion entre monde intérieur (corps-mental) et le monde extérieur. Le nouveau né ne fait qu’un avec sa mère. Cette forme de conscience ou d’inconscience est agitée et réactive, focalisée sur la satisfaction des désirs et des émotions de base (faim, soif, peur, colère), sur la protection et les réactions de survie (attaque, fuite, sidération) en cas de perception de danger. Un stress important survenu à un très jeune âge peut s’inscrire corporellement et générer ultérieurement des souffrances mentales et physiques.

La conscience du mental et de la séparation

Avec le développement de la vie psychologique, nous commençons à nous percevoir en tant que soi séparé des autres, et des ressentis d’isolement (ego), d’insécurité, de compétition vont marquer cette étape. Nos capacités de raisonnement se développent pour nous permettre de mieux nous adapter au monde et assurer notre confort. Puis nous apprenons à observer et à modifier les schémas cognitifs et émotionnels destructifs. Plutôt que de réagir de façon automatique aux stimuli externes ou internes, nous développons la capacité à faire un pas en arrière pour observer notre mental (images, sons…etc.) et les émotions qui y sont associées, et faire les ajustements nécessaires. Cette « conscience témoin » représente un formidable gain de contrôle de soi et de libération de souffrances inutiles. En créant suffisamment d’espace entre un stimulus interne (mental) ou externe et une réaction réflexe, cette conscience est capable de choisir une réponse appropriée à la situation. Cette métaréflexion permet de comprendre les liens entre notre activité mentale et émotionnelle, et d’apprendre à stabiliser nos états internes, nos besoins psychologiques et nos choix inconscients au travers des valeurs (culturelles, éducatives, religieuses) qui motivent nos actions.

Cette conscience témoin peut mettre fin à nos conditionnements douloureux, à nos ruminations incontrôlables, à nos asservissements à notre mental et nous permet d’économiser notre énergie plutôt que de l'épuiser. Le développement d'une conscience témoin nous offre la capacité à déterminer ce que nous voulons faire de notre vie, plutôt que de vivre inconsciemment et de manière réactive. C'est un saut important dans le développement de notre bien-être.

L'émergence du mental rationnel et du raisonnement a permis depuis le siècle des lumières un bond extraordinaire de la conscience et des capacités cognitives, la découverte de la pensée complexe et des technologies scientifiques et médicales.  Nous découvrons en même temps les limites de la survalorisation du mental rationnel et de son rôle dans la survenue de nombreux problèmes de santé liés à la vie moderne (dépressions, burnout, épuisement, anxiétés…etc.) En réaction à cette situation, le mental rationnel produit un arsenal thérapeutique pour soulager ces symptômes, mais sans répondre à leurs causes profondes ou aux attentes de croissance, d’équilibre et de sens des humains. Pour poursuivre le développement de notre conscience psycho-spirituelle et de notre santé, nous devrons nécessairement intégrer le niveau de l'esprit.

La conscience de l’esprit et de l’unité 

Notre conscience permet de nous percevoir en tant qu’êtres profondément connectés à quelque chose de plus vaste que nous, au champ d’informations ou d’énergie qui nous entoure et qui relie tout. Ce sentiment de connexion met fin au douloureux sentiment de solitude, procure un sentiment d’unité, de calme et d’apaisement. Un esprit calme permet de se centrer et de s ‘enraciner dans le corps, d’ouvrir son coeur,  d’accroitre son attention à ce qui se passe en nous et autours de nous, de développer nos connexions à soi et aux autres, et d’accueillir avec bienveillance de ce qui est présent. En perdant progressivement le sentiment d'isolement et de séparation, nous nous éloignons de l'une des causes fondamentales de la souffrance et de la maladie. Nous faisons l'expérience des ressources de vie et de guérison, nous réalisons l’aspect précieux de toute vie, nous retrouvons un équilibre, et expérimentons un bonheur et d'une plénitude accrue. Le sentiment d’un soi divisé se retrouve dans de nombreuses situations de souffrance humaine et la disparition de ce sentiment de séparation est bien souvent associé à ce qu’on appelle des « moments de guérison ». 

Le domaine du biologique

Il y a différentes manières de penser notre corps. Et chaque niveau de conscience apporte des solutions en termes de guérison

La conscience du corps anatomique et physiologique

Enfants, nous apprenons à connaître les aspects anatomiques et statiques de notre corps, ce qui est directement visible et accessible à nos sens (peau, membres, tête, organes sensoriels) et aussi ce qui nous est enseigné de nos organes internes (foie, cœur, poumons, reins, cerveau...).  Avec la découverte de la physiologie et des aspects dynamiques de notre corps, nous découvrons l’organisation en système de ces organes (systèmes cardiovasculaire, digestif, hormonal, immunitaire), leur modes de fonctionnement et leur dysfonctionnements (hyper ou hypotension artérielle, diabète, hyper ou hypothyroïdie, constipations ou diarrhées…) La santé est d'abord liée au bon fonctionnement des organes, puis de leurs contributions au maintien d’une homéostasie biologique en réponse aux besoins du corps : absorber suffisamment de calories, de liquide et d’air, bouger, se reposer, dormir, se laver, se reproduire. Avec la découverte de la physiologie, nous découvrons que nous ne sommes plus seulement une collection d'organes, mais des êtres vivants et vitaux en constante évolution. Des analyses de laboratoire peuvent évaluer les mouvements de notre physiologie et de notre biologie,  et contrôler également la qualité de l’environnement dans lequel nous vivons (qualité de l'eau et de l'air…etc.) Avec ce changement de compréhension, nous acquérons une compréhension plus large et plus précise de notre corps. Nous sommes dans ce que le Dr  Larry Dossey  (1) appelle la première génération de la médecine moderne

La conscience du corps mental et du lien « corps esprit » 

Du corps anatomique au corps physiologique nous pouvons progresser vers une compréhension de la relation « corps/esprit » en Français et « Body Mind » en Anglais. Ce nouveau saut de conscience représente un défi particulièrement difficile pour la médecine moderne. Cette relation confronte la vision exclusivement biologique et matérialiste du fonctionnement humain, une vision encore très présente chez les professionnels de santé depuis de nombreuses années, malgré l’accumulation des preuves contraires apportées par un nombre croissant de publications sur la psycho-neuro-immunologie (2), l’épigénétique (3), l’impact de la méditation sur la santé (4). Pour René Descartes, le corps et l'âme sont deux substances « réellement distinctes », car nous pouvons avoir une connaissance claire et distincte de l'une sans avoir besoin de concevoir l'autre. Cette distinction réelle du corps et de l'âme ne s'opposait cependant pas à leur union. René Descartes insistait sur la prééminence de l'esprit sur le corps, sans pour autant inciter à négliger le corps. Par contre le christianisme a longtemps considéré le corps comme une source de tentations charnelles faisant obstacle à la vie de l'esprit et à l'élévation de l'âme.

Accepter la relation corps-esprit, c'est reconnaître le rôle du mental dans la santé et la maladie, et remettre en cause une façon limitée d’exercer la médecine. Refuser cette relation, c'est se limiter à une santé et à une guérison partielles. Si de plus en plus de professionnels de santé commencent à reconnaitre ou parfois professer l'importance du mental (et plus difficilement de l’esprit ou de l'âme) pour la santé, ils sont cependant bien moins nombreux à agir en accord avec cette perspective de la relation corps-mental. C’est certainement du à un manque de curiosité vis-à-vis d’un champ de connaissances et de pratiques encore très peu enseignées au cours des études de médecine. 

En acceptant la relation corps-mental, nous découvrons les profondes intrications entre les deux facettes d’un même système. Ces deux facettes s’influençant mutuellement, nous pouvons modifier leurs fonctions respectives et aussi leur structure par des pratiques d'autorégulation et d’entrainement. Le corps n'est plus considéré comme une structure fixe d'organes aux activités physiologiques automatiques. Le corps devient maintenant un système d'information ouvert et intégré, constamment en évolution et sensible à la direction qui lui est donné.  

De nombreux travaux sur le biofeedback démontrent notre capacité à réguler le fonctionnement cardio-vasculaire (pouls, tension artérielle), la température de notre peau, nos sécrétions glandulaires et même notre système immunitaire, et aussi à modifier la structure de notre cerveau (voir les travaux sur la neuroplasticité.) Nous possèdons donc une capacité jusqu'ici méconnue de co-créer la structure et la fonction de notre système corps-mental, et d’assumer ainsi un plus grand rôle dans la prise en charge de notre santé et de notre bien-être.  

Concevoir notre fonctionnement comme un système d’informations permet de comprendre les liens du corps, du mental, et de l’esprit au sein d’un tout interconnecté, et nous incite à élargir notre gamme d’actions pour améliorer notre santé et notre bien-être. Cette possibilité plus grande de façonner notre biologie ne retire rien aux talents de la médecine moderne et au fait que nous aurons toujours besoin d’un chirurgien pour retirer un appendice infecté. 

Dans le cadre de cette vision corps-mental, nous pouvons entrainer notre corps à répondre à des besoins précis (compétition sportive ou traitement d’un handicap), nous pouvons choisir une alimentation sur des critères de santé ou de respect de l’environnement (manger bio), cultiver l’unité du corps-mental-esprit par diverses pratiques (respiration, méditation, relaxation, Tai Chi, Chi Kong, Yoga, Arts martiaux, biofeedback, cohérence cardiaque …etc.) de gestion du stress et de ses conséquences. Nous sommes dans ce que le Dr Larry Dorsey (1) appelle la deuxième génération de la médecine moderne.

La recherche médicale nous enseigne que les nombreuses conséquences physiologiques (Tension artérielle, rythme cardiaque, débit sanguin) du stress et le rôle du stress chronique dans l’apparition de nombreuses pathologies. Une attitude trop compétitive, ambitieuse, ou la dépression et l'isolement social sont des facteurs de risque de maladie cardiovasculaires et des exemples de l'interconnexion mental-corps-esprit.

La conscience du corps spirituel

La perception de notre corps physique peut s’élargir à notre corps mental, puis à un corps spirituel souvent décrit comme « subtil » ou « énergétique ». Le terme de corps spirituel est utilisé pour distinguer la partie matérielle de la partie spirituelle en nous. Les matérialistes diront qu’il n'existe pas de preuve de l'existence des corps subtils. Les adeptes du corps subtil citeront les expériences de mort imminente (qui séparerait le corps physique du corps spirituel), l'anesthésie (qui séparerait le corps physique du corps éthérique, vital), le rêve, l'extase, la transe, la bioluminiscence (la production et l’émission de lumière par un organisme vivant), la physique quantique et les témoignages de mystiques ou de yogi illustres, (ShankaraRamakrishnaYogânanda.)

Comme pour les autres niveaux de conscience, le corps spirituel serait capable d’intégrer et de transcender les compréhensions préalables de notre corps, en accédant à une vérité plus profonde, à savoir que notre nature physique n'est qu'une expression éphémère d'une existence beaucoup plus vaste. Si l'expérience de notre corps en tant qu’expression de l'esprit est probablement aisée pour un grand mystique, elle l’est beaucoup moins pour des occidentaux culturellement imprégnés du matérialisme du corps. Ceux qui ont parcouru un long cheminement psycho-spirituel seront plus à l’aise avec la notion de corps spirituel. Tout individu peut vivre brièvement cette expérience qui embrasse et transcende tous les niveaux de développement biologique.  Parmi les différentes approches de développement psycho-spirituel existantes, j’ai trouvé que le processus PNL de transformation essentielle créé par Connirae et Tamara Andreas (5) est particulièrement pertinent par sa simplicité et son efficacité, pour opérer des changements profonds en passant par des « états essentiels ». Un état essentiel est un état d'être (paix intérieure, amour, bien-être, unité, plénitude...) qui n'est pas lié aux autres, ni un état réflexif (s'aimer soi-même), ni un état spécifique (confiance, fierté...). Si cette expérience spirituelle est accessible à tous, sa stabilité résulte d'une pratique régulière et d’un processus de développement progressif des niveaux supérieurs de notre conscience.

Le corps spirituel et immatériel peut être abordé avec la perspective de la physique quantique qui nous montre que notre corps apparemment solide à un certain niveau est en fait un vaste espace de vide à un autre niveau. Les os sont faits de minéraux, qui sont faits de molécules, qui sont faites d'électrons, de neutrons et d'autres particules subatomiques qui se déplacent dans un vaste espace vide. Les particules subatomiques sont séparées par des vides immenses, qui font de l'atome un espace vide à 99,999 %. Ce qui nous semble solide à un niveau n’est que vide à un autre niveau. 

Notre biologie n’est pas que solide et évolue sans cesse. Ce que nous mangeons est un mélange d'éléments qui ont pris de nombreuses formes dans le passé et qui seront recyclés demain. La plupart des cellules de nos organes se renouvellent en quelques mois. Les éléments circulants de notre sang et le contenu de nos cellules varient grandement. L'air que nous respirons a circulé dans de nombreuses autres espèces animales et végétales de la nature. La compréhension anatomique de notre biologie est utile lorsqu'il faut enlever un appendice infecté, mais elle est très limitée lorsque nous cherchons à découvrir notre plein potentiel humain.

Pour le psychiatre et évangéliste canadien John White ce corps spirituel se retrouve sous de multiples noms différents dans les différentes cultures et religions du monde. Les capacités ou qualités attribuées au corps spirituel sont multiples (capacités extrasensorielles, corps lumineux, sur-vitalité, expérience intuitive, transcendance, transformation, résurrection, extase mystique...) et ont comme point commun d’être associées à un « champ » qui interconnecte et interpénètre le biologique, le mental, l’esprit et le vaste monde qui nous entoure.  

L’existence ou non de ce corps spirituel a bien moins d’importance que les effets qu’ils peuvent avoir sur notre santé. L’expérience spirituelle (religieuse ou non) est très souvent retrouvée dans des cas de guérisons dites « remarquables »  c’est-à-dire la disparition inexplicable de maladies dites incurables (6). Une prise en compte de ces prolongements cognitifs et spirituels à notre biologie apporte le sentiment d’une libération d’un corps strictement anatomique et nous montre les extraordinaires possibilités humaines en matière de santé et de guérison. Avec l’expérience spirituelle d’une connexion à un tout, nous pouvons commencer à accueillir et adoucir la grande peur existentielle du vieillissement, de la maladie et de la mort. Les craintes liées à l'insécurité, au manque de contrôle, à l'isolement et à la séparation peuvent laisser la place à un sentiment de calme et de plénitude. 

Une pratique méditative régulière, dont le but est de nous détacher de l’activité du mental agité, permet de prévenir le stress, d’améliorer de nombreux paramètres biologiques (métaboliques, cardio-vasculaires, cognitifs...), de faciliter la guérison de nombreuses maladies, et de favoriser le développement d’une santé intégrale. La capacité à influencer certains aspects de notre anatomie, de notre physiologie, de notre biochimie et de notre structure génétique, qui a été longtemps en occident le privilège des mystiques et maîtres bouddhistes, devient maintenant accessible au plus grand nombre, du moins à ceux qui pratiquent cette approche spirituelle et qui en font une discipline. 

Si les approches spirituelles ou quantiques du corps appartiennent selon certains aux idées new âge,  les effets du champ subtil d’énergie du corps sont bien mesurable et objectivables par des études cliniques de plus en plus nombreuses. L’équipe de Constantin Korotkov de l’Université de Saint Petersbourg mesure le champ d’énergie humaine grâce à une technique de bioélectrographie.  Les travaux du HeartMath Institut mesurent également l’intensité du champ électromagnétique généré par le cœur des moines tibétains en méditation. D’un point de vue clinique, de nombreuses études sont référencées dans les ouvrages du Dr Dorsey  (1) et de Dr Mario Beauregard (7).  De nombreux guérisseurs disent être capables de ressentir avec leur mains ces corps énergétiques invisibles, et parfois même de les percevoir.  L. Dorsey (1) parle d’une médecine de troisième génération « non localisée » pour expliquer les pratiques de guérison à distance. 

Au quotidien certaines pratiques physiques (Yoga, Chi Kong, méditation…) facilitent le développement d’une conscience subtile et énergétique de notre corps, orientent nos choix nutritionnels vers des dimensions plus écologiques (respects de l’environnement, rejet de la souffrance animale...), permettent de concevoir une vision du corps comme une manifestation de l’esprit, et nous permettent d’ajouter une dimension « énergétique » au sentiment d’équilibre et d’intégrité. 

Le domaine du culturel et les relations interpersonnelles

Après avoir exploré comment le principe évolutionnaire s’applique à notre vie psycho-spirituelle et biologique, nous pouvons maintenant voir comment ce principe influence la vie que nous partageons avec les personnes qui nous entourent. Nous ne vivons pas dans l'isolement. Un système de valeurs et de croyances collectives constitue un pont invisible d’influences mutuelles entre les membres d’une communauté.  Notre expérience du monde est grandement conditionnée par les valeurs et croyances de notre groupe d’appartenance. Au sein d’une même population, coexistent différents niveaux de valeurs et de conscience, comme le montre le modèle de la Spirale Dynamique de Clare Graves. Ce processus interactif en spirale mène à une expansion extérieure continue de notre santé et de notre bien-être. Les étapes clés du développement de notre vie interpersonnelle et culturelle sont le passage du Moi (ou la première position de la PNL) au toi (deuxième position de la PNL), à un nous (troisième position de la PNL) et à nous tous (Quatrième position de la PNL).

Nos relations aux autres impactent notre santé. Nous savons ce qui arrive à notre corps quand nos relations sont insatisfaisantes voire conflictuelles. A l’inverse, une relation riche et profonde est source de légèreté, d'aisance, de bienveillance, de soutien et d’ouverture du cœur et de l’esprit. Le développement de notre capacité relationnelle, avec le passage d'une approche centrée sur nous-mêmes à une approche centrée sur les autres, améliore notre bien-être. De nombreuses études (8) montrent que le manque de soutien impacte notre santé de façon négative, et aussi que les relations sociales tendent à augmenter la qualité de notre santé à chaque étape de la vie. Les effets protecteurs des relations s'étendent à toute une gamme de maladies chroniques physiques et mentales. 

Des études récentes (9) sur la longévité des centenaires des régions appelées « Zones bleues » ont montré l’importance majeure des relations personnelles et sociales comme facteur de vieillissement en bonne santé. Notre capacité à tendre la main aux autres avec empathie, bienveillance et compassion nous aide à construire le chemin d’un vieillissement en bonne santé et d'un épanouissement humain.

La conscience du « moi », l’égo et les relations de dépendance

A ce niveau, l’individu est complètement centré sur lui-même et la satisfaction de ses propres besoins.  C’est ce qui se passe avec un nouveau né car celui-ci est totalement dépendant de ses parents pour subvenir à ses besoins. Il vit une relation fusionnelle avec sa mère et ne se sent en sécurité que lorsqu'il est près d'elle. Il ne peut imaginer que sa mère puisse mener une existence propre en dehors de lui et puisse avoir des sentiments et des pensées qui ne soient pas en permanence dirigés vers lui. A ce stade le bébé est complètement centré sur lui et ses besoins. Si ces besoins fondamentaux de sécurité ne sont pas assouvis, l’enfant peut grandir et devenir adulte avec une partie de lui qui reste dans l’attente de la satisfaction des ses besoins par les autres.

La conscience du « toi », et les relations d’indépendance

Avec l’apprentissage de la marche et le développement de sa psychologie, l’enfant découvre qu’il est distinct de sa mère et qu’il a des besoins propres. Pour se construire et exister par lui-même, l’enfant apprend à s’opposer à sa mère. Par ses refus systématiques, il marque la différence entre ses désirs et ceux de sa mère. A ce stade de « contre-dépendance » l’enfant peut exprimer de la colère et de l’agressivité. Une recherche naissante et non reconnue d’individualité peut ne pas évoluer et rester figée chez l’adulte dans une opposition de principe. Puis l’enfant va vouloir prendre son indépendance. Il teste ses limites et cherche à savoir ce qu’il est capable de faire  « tout seul ». A cet âge, l’enfant recherche la solitude et la liberté, et consacre son énergie à explorer le monde qui l’entoure et à développer ses compétences. Le contact avec les autres peut lui donner l’impression d’étouffer, d’être emprisonné. Comme pour les stades précédents, une partie de l’enfant peut rester bloqué dans son évolution.

La conscience du nous et les relations d’interdépendance

Avec l’acquisition du langage, l’enfant qui sait qu’il a une identité distincte de celle de sa mère, peut d’une part communiquer avec autrui pour lui exprimer ses sentiments, ses envies et ses désirs, et d’autre part entendre également ceux de l’autre. Une fois sorti de la fusion, de l’opposition, et de la construction du soi, l’enfant peut commencer à écouter les différences entre lui et l’autre, répondre aux besoins de chacun.  C’est l’apprentissage de l’inimité et du « Nous ». Un défaut d’individualisation peut se manifester par des projections.

Le défi des relations interpersonnelles et la santé

Ce processus de Dépendance, contre-dépendance, indépendance, interdépendance, s’applique au développement de l’enfant et se retrouve généralement tout au long du processus de croissance d’un individu. Chaque saut d’évolution de conscience des relations à soi et aux autres va traverser à nouveau ces différents stades. Le jeune enfant est relativement dépendant de ses parents. L’adolescence est l’étape de la contre-dépendance et de rébellion vis-à-vis de ses parents. Puis, le jeune adulte quitte ses parents pour profiter de son indépendance et de sa liberté. Il revient plus tard vers ses parents, en tant qu’individu indépendant, pour les rencontrer dans une relation d’interdépendance, d’adulte à adulte. Le passage des relations de dépendance à celles de l’interdépendance est en général motivé par la souffrance de la solitude et le désir authentique d’une relation riche avec les autres.

En dépassant son égocentrisme, l’adulte apprend à connaître l’autre séparément de lui et découvre l’intimité authentique du « Nous ».  Pour rencontrer l’autre nous avons besoin de l’ouverture du mental (la séparation des modèles du monde) et du cœur (la bienveillance vis à vis de ces différences). Les réactions de protection, de défense, de jugement, d'interprétation servent bien souvent à masquer les vulnérabilités de l'enfance. Si une connexion authentique exige une ouverture du mental et du cœur, seul un esprit calme permet d’écouter et entendre ce qu'exprime l’autre sans jugements ou interprétations. C’est à partir du cœur qu’on peut écouter, reconnaître et accepter l'autre tel qu’il est. Quand l’autre se sent accepté en tant que personne distincte et unique, la relation d'intimité devient alors possible.

Au sein du couple et de la famille, un soutien authentique s’exprime par une forte connexion et une acceptation de l’autre sans jugement ni critique.  Cette acceptation des différences permet l’adoption d’une méta communication à propos de ces différences (troisième position de perception de la PNL). L’interdépendance contribue grandement au bien être de chacun et peut inciter certains a apporter un soutien aux autres membres de sa communauté (bénévolat, œuvre caritative, soutien aux mourants...etc.), puisque nous sommes un « nous » profondément interdépendants.

De l’intimité du « Nous », la relation peut évoluer vers l’union spirituelle du « Nous tous ». Nous nous focalisons bien plus sur ce qui nous rassemble que sur ce qui nous différencie. Tout en gardant notre individualité, nous pouvons considérer les autres comme ayant intrinsèquement la même valeur que nous (en commençant par nos proches, puis les étrangers, et finalement nos ennemis) et dignes d’appartenir à un même « tout » qui intègre et transcende les individualités.  À chaque étape du développement du « Nous tous », le sentiment d'isolement et de séparation s’atténue, et celui d’une profonde connexion augmente. Il n'y a plus de distinctions entre ce que nous voulons pour les autres et ce que nous voulons pour nous-mêmes. En réalité, il n'y a plus de « moi » et « l'autre ». Il n'y a que « nous tous », une communauté d’humains et du vivant. L’union spirituelle n'est pas une union de personnalité mais plutôt une union générative de présence à présence, de vie à vie, de divinité à divinité. L’expérience spirituelle est souvent associée à une forte présence à soi et au monde, un sens de l’unité, un ressenti de vitalité, d’amour universel, de possibilité de soutenir les autres à distance. La famille devient un espace d’éveil, de parrainage mutuel. L’union de la communauté spirituelle, religieuse ou laïque, peut oeuvrer à distance pour le bien de l’humanité et pour l’arrêt des souffrances du monde. 

Niveaux de développement et relations à la santé

Face à l’apparition d’un événement médical grave, ces niveaux de développement seront présents dans le choix d’une stratégie d’intervention. 

A l’âge adulte, les relations de dépendances peuvent rester très forte vis à vis d’un conjoint, d’amis, ou de professionnels de santé. En cas de maladie, cette dépendance s’exprimera par une obéissance aveugle aux professionnels de santé, les seuls perçus comme capables de répondre à des besoins de sécurité et de guérison. Cet adulte malade est le "bon élève" de la médecine, il  n’a pas d’avis personnel et suit à la lettre ce qu’on lui prescrit et ce qu’on lui demande de faire. 

Au stade de l’indépendance, l’individu est capable de distinguer les responsabilités techniques des professionnels de santé de ses propres responsabilités dans le choix des traitements les plus appropriés. 

Au stade de l’interdépendance, la guérison est le fruit d’une collaboration entre deux experts, l’un de la maladie, l’autre de sa propre vie.  Ces patients questionnent abondamment les médecins pour connaître tout ce qu’il y a à savoir des enjeux de leur maladie, recherchent une relation de confiance et de soutien, et savent s’affranchir des dogmes médicaux concernant les pronostics des maladies dites incurables ou mortelles, pour décider en toute conscience des choix thérapeutiques les plus adaptés à leur état en cours et à leur projet de vie.  Pour le Dr Bernie Siegel (10), ce type de patients sont ceux qui guérissent le mieux de situations médicales graves. Le niveau d’interdépendance peut également amener le patient à rechercher des ressources de façon la plus vaste possible, chez le professionnel de santé, dans son expérience personnelle, dans un modèle extérieur, dans la relation authentique et thérapeutique soignant-soigné, dans une connexion spirituelle à un « inconscient créatif » et à un champ de ressources capable de « guérisons remarquables »

Rien n'est aussi ressourçant qu’une profonde connexion aux autres. A travers le monde, les traditions de guérison parlent toutes de ce pouvoir de transformation du cœur ouvert. Nous savons tous par expérience personnelle, que lorsque nous sommes vus, reconnus et acceptés tels que nous sommes, nous n’avons plus besoins des béquilles de nos névroses ou de nos maladies pour exister.  

Le développement de soi ne s’exprime que dans les relations aux autres

Tout développement de soi se teste et s’évalue dans la relation aux autres. Celles-ci constituent un défi majeur car elles sont en miroir notre vie intérieure et de nos relations à nous-même. Nous relevons ce défi parce que la relation aux autres contient un potentiel de  bien-être et de santé plutôt que de stress, un potentiel de joie plutôt que de souffrance. Ce qui nous perturbe chez l’autre est souvent en miroir de ce qui nous perturbe en nous-même, un aspect de nous-même que nous n’aimons pas et que nous rejetons.  Ainsi les relations interpersonnelles quotidiennes peuvent nous inciter à faire évoluer davantage notre vie, à nous réconcilier avec des parties de nous-même longtemps laissées dans l’obscurité et à progresser sur la voie de la santé intégrale.

Le développement de soi ne s’exprime que dans les relations aux autres.  Avec un engagement, une pratique régulière, nos relations à nous-même et aux autres peuvent évoluer et s’enrichir. D'une relation de dépendance du « Moi » centrée sur les besoins de l'ego, nous pouvons évoluer vers une relation d’indépendance du « Toi » avec une préoccupation croissante pour les besoins de l'autre, puis à la relation d’interdépendance du « Nous » de la relation authentique, puis à l’union spirituelle du « Nous tous » et de la bienveillance universelle. L'épanouissement des relations personnelles et interpersonnelles constitue un élément clé de la santé intégrale.

Le facteur clé de l’évolution de nos relations à nous même et aux autres réside dans notre capacité à nous accepter et à prendre soin de nous tels que nous sommes. Nous ne pouvons pas aimer les autres tant que nous ne nous aimons pas et tant que nous ne prenons pas soin de nous-mêmes. Cette capacité dépend grandement des modèles reçus dans l’enfance. Un parent qui nie sa vie intérieure ne saura pas reconnaître et valider la vie intérieure de son enfant. Si nous n’avons pas appris à reconnaître ce qui est bon et beau en nous, nous nous tournerons vers les autres pour trouver ce que nous ne savons pas de qui est vraiment présent en nous. Nous tendons alors la main aux autres pour mendier un confort, la sécurité et le bonheur que nous avons perdu avec l’abandon de notre vie intérieure. Nous nous accrochons aux autres pour satisfaire nos besoins émotionnels, et nous l'habillons de jolies paroles en appelant amour ce qui n’est que dépendance. Dans ce cas, nous avons bien plus une relation à nos propres besoins chez l’autre qu'une réelle relation à l’autre. Sans une acceptation inconditionnelle de soi, l’acceptation inconditionnelle de l’autre est rendue impossible, comme toute relation d'intimité. Comment trouver chez les autres ce que nous ne pouvons pas trouver en nous ?  Si les relatons basées sur le manque sont source de confusion, de désillusion et de souffrance, des relations authentiques sont sources de bien-être, de joies, d'épanouissements et de santé.

Si vous souhaitez connaître le degré de dépendance relationnelle aux autres, ou le niveau de contamination de vos propres pensées par celles des autres, demandez-vous si vos relations les plus fréquentes sont pleines de conflits et de souffrances, ou imprégnées de sérénité et de joie ? Les relations contaminées par l'attachement et la dépendance nous maintiennent coincés dans la souffrance et ne peuvent ni grandir ni prospérer.

Il est courant de considérer que les relations authentiques ou d’union spirituelle ne s'appliquent qu'aux relations amoureuses ou aux relations thérapeutiques, mais certainement pas aux relations professionnelles. Au fur et à mesure que le niveau de développement de notre conscience s'élargit, notre ouverture d’esprit et de cœur peut s'appliquer à toutes nos relations. Une relation authentique est empreinte « d’amour bienveillant » et ceux qui sont allergiques à ces mots peuvent les remplacer par la notion d’acceptation inconditionnelle de ce qui est présent en nous et chez les autres. Des relations authentiques sont sources de générativité, ce qui signifie que des ressources de guérison les plus inattendues peuvent émerger du champ relationnel créé par les deux personnes en interaction. Une relation authentique est créative car elle permet d’accéder à des ressources de guérison et de croissance que le mental ne pouvait même pas imaginer. 

Dans une vision systémique, la santé d’une personne et d’une communauté ne réside pas dans la santé de ses membres, mais dans la santé des liens internes et externes qui les relient. Le sentiment de séparation si fréquent dans la culture occidentale résulte d'un conditionnement culturel, marqué par l’individualité, la compétition, et la recherche de contrôle du monde extérieur. Dans d’autres communautés, les enfants sont élevés dans la culture du « Nous ». L’individu n’existe que par ses relations à sa communauté. Toute décision implique une participation et une collaboration des membres du groupe. Pour dépasser ce sentiment de séparation du « Je » qui est bien souvent source de souffrances et faire l’expérience du « nous » ou du « Nous tous », un travail sur soi et une pratique méditative seront recherchés. Si une approche Bouddhiste nous invite à renoncer aux attachements du « je », dans une culture occidentale nous tenterons de faire collaborer un « Je » capable d’assurer notre confort et notre bien être matériel, avec un « Nous » et un « Nous tous » en mesure d’assurer notre santé, notre bien-être spirituel et celui d’un tout plus vaste. Un niveau de conscience développé permet de créer un espace en soi suffisamment large pour accueillir un égo séparé mais fort utile pour prendre soin de nous, satisfaire nos besoins fondamentaux, et une autre partie de soi (notre âme ?) profondément connecté aux autres et au monde qui nous entoure, et capable de prendre soin du monde auquel nous appartenons. 

Le domaine du social 

Si le domaine du culturel se rapporte au monde invisible des croyances et valeurs qui relient et rassemblent les individus, le domaine du social concerne les relations que nous pouvons établir avec un monde extérieur visible et observable, qu’il soit matériel et humain. Il s’agit de l’organisation d’une collectivité humaine considérée comme une entité propre ; des relations entre individus, groupes ou classes sociales;  des activités (métiers et professions) de ses membres ;  des conditions économiques, psychologiques de ses membres (Aides sociales); des améliorations des conditions de vie des membres de la société (politiques sociales de l'État.)

Ce monde social peut être perçu, selon le niveau de conscience de chacun, comme un territoire à défendre pour y assurer sa survie,  ou un espace dans lequel utiliser son intelligence cognitive pour exprimer sa créativité, s’accomplir et acquérir un statut, et enfin comme un vaste champ d’intelligence (esprit) sur lequel s’appuyer pour contribuer à la création d’un monde meilleurs à laisser aux générations à venir. Notre participation quotidienne au monde extérieur va donc concerner des espaces de taille différente. L’espace des relations quotidiennes (famille, travail), peut s’élargir à notre communauté locale, et enfin à une communauté non locale (nation, institutions mondiales, planète.) 

Le domaine du social couvre donc un nombre très importants de thèmes.  Nous en choisirons trois qui ont un impact immédiat sur notre vie quotidienne : notre vie professionnelle,  notre vie communautaire, et la transmission intergénérationnelle. La vie au travail représente une activité économique et sociale au sein d’une organisation en lien avec d’autres institutions (politiques, sociales, environnementales, éducatives et médicales), et un modèle des engagements que pouvons y avoir au niveau social et intergénérationnel (développement durable) dans le monde. Le niveau de conscience de chacun déterminera la portée et le sens donné aux activités quotidiennes.

La conscience du corps et le monde social

Le monde extérieur peut être perçu comme le lieu de satisfaction de nos besoins physiques et émotionnels, mais sans intention de servir ce monde. La survie physique et émotionnelle d’un nourrisson dépend totalement de ce qu’il reçoit du monde extérieur. C’est un schéma que l’on retrouve chez les individus et les communautés qui considèrent que le monde est un champ de ressources à exploiter jusqu’à épuisement pour satisfaire des besoins matériels et de pouvoir. Ces actes sont plus dictés par la dépendance que par l’autosuffisance. La peur se substitue à la confiance, la pénurie à l’abondance, l’avidité à la recherche d’équilibre et de développement durable. Une carence de développement individuel et collectif se traduit par une incapacité à respecter le monde qui nous entoure et à contribuer à son amélioration.  Un niveau de développement de notre conscience n’est jamais acquis définitivement, car dans des situations de stress et de crises, nous conservons une capacité à régresser et réactiver des stratégies de survie (attaque, fuite, sidération).

Malheureusement, nombreux sont ceux qui considèrent le travail comme une nécessité, comme le seul moyen de survivre et de subvenir aux besoins fondamentaux de la famille. Au niveau le plus élémentaire, le travail ne représente rien d'autre qu’un acte de survie et de sécurité, afin de trouver de la nourriture et un abri. On ne choisit pas un travail, on recherche un salaire, on prend ce qu’on trouve, quitte à subir un environnement de travail qui peut être hostile, agressif et stressant. De nombreux travaux (11) démontrent que le stress au travail est une cause majeure de détresse mentale et de maladie prématurée, un fait qui est maintenant reconnu par les spécialistes de la santé au travail et les dirigeants des entreprises. En dehors du travail, la vie sociale est orientée vers un besoin d’appartenance et la recherche de sécurité (vie syndicale comme moyen protection, associations professionnelles). La vie intergénérationnelle est centrée sur la transmission d’un savoir faire comportemental.  

La conscience du mental et le monde social

A un autre niveau de conscience, le travail peut être considéré comme un moyen d’exprimer sa créativité et son développement, de servir la réalisation d’un plan de carrière ou une ambition professionnelle, d’obtenir une aisance matérielle et un statut, d’assurer son confort et celle de ses proches, et de profiter des plaisirs de la vie. Les réalisations professionnelles peuvent servir un but à la fois personnel et aussi collectif et s’exprimer sous la forme d'une expertise dans un métier, des conditions de travail avantageuses, la reconnaissance de la contribution des autres, des relations de bienveillance et le souci des autres. Ce saut de niveau de conscience peut amener à passer de l’utilisation du monde pour soi, à une participation directe à la réalisation du monde qui nous entoure. Avec le sentiment d’avoir suffisamment en nous, nous pouvons donner plus aux autres et prendre moins.

La vie sociale permet de reconnaître les talents de ceux qui peuvent servir des ambitions personnelles et de grandes réalisations collectives. L’appartenance à des groupes socio-professionnels sélectifs (associations d’anciens élèves, clubs d’affaires...) permet d’élargir son cercle d’influence et de pouvoir. La vie sociale se focalise également sur des solutions gagnant-gagnant, les événements nationaux ou internationaux (politique, éducation, justice, écologie) qui peuvent impacter des buts propres. La vie intergénérationnelle est centrée sur la transmission de compétences, par le biais d’un enseignement ou de l’écriture d’ouvrages permettant à chacun d’accéder à sa propre réussite. 

La conscience de l’esprit et le monde social

A un nouveau niveau de conscience, le travail peut être considéré comme un moyen de s’épanouir et de servir en contribuant à la réalisation d’un mode meilleur et auquel nous voulons appartenir. Le travail sert à la fois un besoin de croissance personnelle et un besoin de servir les autres. Le travail recherché est celui qui s’accorde à des compétences, à un système de valeurs et au sentiment d’être utile à la communauté locale ou mondiale. Le travail permet de créer quelque chose de plus à partir de ce tout ce que l’individu ou la collectivité possède déjà. Penser son travail comme une façon de servir les autres est souvent associé à des sentiments de joie, d'intégrité et de santé intégrale.

Une vie sociale guidée par l’esprit vise, comme au travail, un épanouissement individuel et collectif. L’engagement social se met au service d’un but collectif, en s’appuyant sur les forces de création et d’innovation de l’intelligence collective.
La vie intergénérationnelle est centrée sur la transmission de valeurs altruistes, à travers des rôles de mentors ou de coachs.  

Le travail peut enfin être perçu comme une source de contribution unique à la réussite d’un projet qui dépasse le cadre du travail, et à l’amélioration du monde. Cette vision peut associer la création de richesse pour soi et les partenaires de l’entreprise à la création de valeur pour le monde extérieur. Pour Robert Dilts, les entrepreneurs de la nouvelle génération sont ceux qui savent apporter au monde des produits ou services répondant à un réel besoin (Vision), qui contribuent au développement personnel et professionnel de leurs équipes (Mission), qui servent les intérêts de ceux qui ont investi des ressources (Ambitions) et qui permettent de vivre la vie souhaitée (Rôle) tout en établissant des synergies constructives.

L’engagement social est guidé par une vision systémique et globale (Climat,  écologie, Intelligence Artificielle, pauvreté, extrémisme,…etc.). La vie intergénérationnelle est guidée par la transmission d’une plus grande sagesse, à travers des rôles de sponsor/parrain et éveilleurs de conscience

Niveaux de conscience sociale et crise sanitaire du covid-19

Un engagement au développement de son niveau de conscience permet de donner un nouvel éclairage à la plus difficile des situations, et de la transformer en une opportunité qui améliorera notre bien-être et favorisera la santé intégrale. La crise sanitaire du Codiv 19 représente une situation d’incertitude devant laquelle les individus vont réagir très différemment en fonction de leur niveau de conscience sociale.

Face à un virus dont les risques réels peuvent être amplifiés, les stratégies de survie peuvent faire leur apparition. Aux peurs de la maladie et de l'accès aux soins, s’ajoutent celles des pénuries alimentaires. Les individus peuvent se battre pour du papier toilette, des pates ou des masques. Certains stockeront du paracétamol, dénonceront les voisins sous prétexte du non respect des consignes sanitaires, et se protégeront à outrance contre une grande menace.  L’individu se perçoit comme victime d’une situation sanitaire et sa réaction est celle du « chacun pour soi ». Le niveau de dépendance aux structures de l’’état s’exprime par des attentes irréalistes ou des critiques inappropriées. Le stress génère des comportements égoïstes, des réflexes de protection exagérés, des incivilités et contribue certainement à affaiblir le système immunitaire. 

Un autre niveau de conscience permet de comprendre les véritables enjeux du problème sanitaire, de situer les responsabilités de chacun dans cette situation, d’accepter les contraintes réglementaires des gestes barrières et d’applaudir les héros du jour (par exemple les professions médicales) qui se dévouent au service des autres.  Cette crise sanitaire est aussi pour certains l’occasion d’adopter des habitudes de vie plus saines (alimentaires, sportives, relationnelles, transport, artistiques…etc.) qui renforcent leur immunité et leur niveau de santé. Cette crise sera aussi pour quelques uns une opportunité d’acquérir un statut social grâce aux médias, de défendre les intérêts d’une catégorie socioprofessionnelle (écologie, position pour ou contre le Dr Raoult.) 

Un troisième niveau de conscience peut amener les individus, à l’occasion de la même crise sanitaire, à ouvrir leur esprit et leur cœur, à intégrer l’aspect systémique et interactionnel de la situation. Nous devons être solidaires et collectivement prendre soin de tout ce qui nous connecte. Ma santé impacte celle des autres et inversement. Il n’y a pas à choisir entre la santé et l’économie, puisqu’il y a interdépendance de ces deux domaines. Nous sommes tous interconnectés et la résolution d’un problème passe par un engagement individuel à renforcer les liens sociaux et notre solidarité. Nous devons être à l’image de ce que nous voudrions voir dans notre communauté. Au delà de ce qui nous sépare (revenus, statuts, positions politiques) nous sommes des humains et avons le devoir de nous entraider. Chacun va se mettre au service des autres en consommant les produits de proximité, en offrant du temps, de l’écoute et une présence, des masques, des repas.  La prise de conscience amène parfois les individus à ce recentrer, à retrouver le calme en eux, à hiérarchiser ce qui est important ou pas dans leur vie. Cette nouvelle présence à soi et aux autres devient une source d’épanouissement, d’intégrité, de joie et de santé intégrale.

Un autre niveau de conscience peut amener l’individu à acquérir une vision globale et planétaire de la situation sanitaire, à comprendre comment un virus venu de Chine à le pouvoir de déstabiliser les fondements de l’économie mondiale, de provoquer la plus grande crise économique mondiale, de fermer les frontières, d’améliorer la situation écologique, de permettre à la nature de reprendre ses droits.  L’individu se perçoit comme un élément d’un système plus vaste. En prenant soin de la santé du monde, il prend soin de sa propre santé. La santé de l’individu dépend alors d’un juste équilibre entre les attentes du monde intérieur (valeurs, croyances, identité,) et celles du monde extérieur  (le respect de la nature et du vivant). 

Comme le dit Pierre Rabhi,  « La conscience est probablement ce lieu intime où chaque être humain peut en toute liberté prendre la mesure de sa responsabilité à l'égard de la vie. » Ce niveau de conscience nous connecte à notre sagesse la plus profonde, nous permet de comprendre que la résolution de nombreux problèmes de santé doit venir d’une intelligence collective entre les formidables ressources externes de la médecine moderne, les ressources internes des individus, et les ressources de ceux qui possèdent un regard « complémentaire ou « alternatif »  sur les questions de santé. 

Donner du sens à son activité professionnelle

Notre culture économique occidentale conçoit le travail comme un lieu de production de produits ou services pour répondre aux besoins d’un marché. La vie intérieure des collaborateurs de l’entreprise, qu’elle soit psycho-spirituelle et culturelle, est bien peu prise en compte. Les raisons d’être des entreprises n’expriment encore que rarement une volonté de contribuer à la santé et au bien être des individus et de l’environnement. Les entreprises les plus avancées ont le souci de créer un environnement de travail agréable, sans toutefois prendre en compte des aspirations individuelles. Notre âme et notre esprit n'ont pas leur place sur le lieu de travail, puisque ce sont des questions appartenant au domaine du privé et non du professionnel. Cette réalité imprègne tellement nos habitudes de travail que de nombreux salariés ont perdu l'espoir d’obtenir quelque chose de plus qu'un simple chèque en fin de mois pour couvrir leurs dettes. Seul un saut de niveau de conscience nous permet de ne pas subir une culture économique destructrice des individus et du bien commun. Ceux qui gardent l’espoir d’une vie professionnelle plus épanouissante s’engageront dans une reconversion professionnelle en quête de professions artisanales, agricoles, artistiques, ou intellectuelle (coaching) plus riches de sens.  

Comment donner du sens à son travail, lorsqu’on a perdu toute illusion sur l’intérêt et l’utilité de ce que l’on fait ? A cette question, plusieurs réponses sont possibles

La description des étapes du chemin d’évolution de la conscience peut paraître bien utopiste à ceux qui vivent douloureusement une situation professionnelle. Le travail est bien souvent perçu comme un vaste champ d’inégalités sociales et économiques difficiles voire impossibles à changer sans une confrontation sociale. Car pour beaucoup, le monde du travail n’est pas un espace de choix. Les nécessités économiques, la sécurité de l'emploi, le contrat de subordination aux exigences d’une fonction, d’un manager ou des profits de l’entreprise, contribuent à renforcer la croyance d’absence de choix. Le sentiment de perte de contrôle et d’autonomie rend inconcevable de pouvoir donner du sens au travail.  La posture de victime d’un « système »  tout puissant crée et entretient des sentiments de colère et de stress qui altèrent l’efficacité au travail, et vont s’exprimer à la longue par des troubles psychologiques et physiques et des maladies dégénératives.  Comment pouvons nous être en bonne santé quand on a le sentiment de consacrer une bonne partie de notre vie à un système professionnel subi et dont nous ne sommes pas un acteur ?  Comment pouvons-nous surmonter ces réels obstacles ?

Si une lutte pouvait transformer la situation, elle devrait commencer de l’intérieur. Vous n’avez peut être pas de pouvoir sur la situation extérieure, mais vous avez le pouvoir de changer votre situation intérieure, et le regard que vous pouvez porter sur la situation extérieure. Le voyage de votre conscience ne dépend que de vous et de votre décision à l’entreprendre. Autours de vous certains semblent s’épanouir et vivre en bonne santé en exerçant le même travail que le vôtre. Il y a aussi ceux qui exercent un métier enviable par le statut social et le revenu qui y sont associés, et qui semblent pourtant être ni épanouis, ni en bonne santé. Alors  si le métier en lui même ne fait ni le bonheur ni la santé, comment expliquer cette différence ?

Les réponses appartiennent aux grands sages et aux grands guérisseurs, car ils vous inviteront tous à amener un regard neuf sur notre vie professionnelle. Ils nous invitent à porter bien moins d’attention à la nature du travail ou à ses aspects comptables de gains et de pertes, qu’aux services que nous pouvons apporter aux autres. Ils nous invitent à calmer notre ego au travail, c’est-à-dire un moi extérieur en quête d’avantages, de privilèges, d’ambitions et de protections, et à nous focaliser uniquement sur le bien que nous pouvons apporter aux autres au travers de notre travail. Les sages nous rappelleront que le sentiment d’être utile aux autres est le moyen le plus rapide de transformer un travail, et la source la plus durable de joies, de bonheurs, d’épanouissements et de santé.  Quelque soit votre activité professionnelle, vous avez la possibilité de vous y épanouir. 

Les conseils des sages sont simples à comprendre mais pas facile à réaliser me direz vous.  Ceux qui ont su tirer profit du confort matériel que leur égo a pu leur procurer, avant de réaliser que l’épanouissement se trouvait ailleurs, confirmeront que le chemin de la conscience n’est pas aisé. Dans notre culture occidentale, le message bouddhiste du non attachement et de renoncement à l’égo ne signifie pas l’abandon d’une vie matérielle pour s’engager dans une vie totalement spirituelle. Le réalisme invite à équilibrer les besoins de l’égo et de l’âme. L’égo est « égoïste » et cherche à prendre soin de nous et à satisfaire nos besoins matériels. L’âme est ce qui nous connecte à plus grand que nous et à ce que nous voulons servir. Donc sachons cultiver autant notre vie intérieure que notre vie extérieure. Les problèmes de santé viennent souvent de ce déséquilibre. « Cela ne m’intéresse pas d’être l’homme le plus riche du cimetière » disait Steve Jobs « Ce qui me passionne c’est d’avoir fait ensemble quelque chose de formidable pour les autres »

Tout travail donne l’occasion d’ouvrir son mental, son cœur et son esprit, d’apporter plus de présence, d’écoute profonde et de bienveillance dans nos relations. Tout travail donne l’occasion d’établir des connexions humaines authentiques, indépendamment des exigences extérieures de performance, de rentabilité et de productivité. La crise des systèmes de soins de santé vient en partie de la valorisation excessive de la performance technique et comptable exigée des professionnels de santé, au dépend de leur capacité à établir une relation authentique avec leurs patients. En niant l’utilité de cette connexion, ils nient l’existence même de la vie, qui n’est que liens et interconnexions. Le serment d’Hippocrate représente l’engagement de tout médecin à soigner au mieux ses patients, à se mettre au service de leur santé. Dans le contexte d’une médecine moderne imprégnée de technicité, de performance et de productivité, le versant humain du serment médical est mis en sommeil. Il n’est certainement pas rejeté mais enfoui quelque part en attente de circonstance plus favorable à l’exercice d’une médecine qui valorise à nouveau les valeurs thérapeutiques et transformatives d’une véritable connexion humaine. Pour prendre soin de leurs patients, les professionnels de santé doivent d’abord avoir la possibilité de prendre soin d’eux-mêmes. En retrouvant une présence à eux même par le calme intérieur, ils sauront rapidement être présent à l’autre, ouvrir leur esprit et leur cœur. 

Une autre façon de donner plus de sens au travail est d’en acquérir une vision systémique. Toute activité humaine est rendue possible par un ensemble d’interventions en amont, pendant et en aval. Tout travail est une activité profondément coopérative.  Ecrire cet article me connecte à toute les intelligences techniques, esthétiques, ergonomiques, qui ont été sollicitées pour concevoir, réaliser, promouvoir et vendre l’ordinateur que j’utilise. Grace aux connexions internet, je suis en lien avec une source inépuisable d’informations et à tous ceux qui à travers le monde partagent savoirs et expériences. Je suis aussi relié à ceux qui ont conçu des outils digitaux de diffusion de l’information et qui vont me permettre de faire connaître mon travail auprès d’une communauté de personnes qui partagent une vision commune de la santé, et peut être avec des personnes qui vivent une épreuve de santé et qui auront besoin d’ouvrir leur niveau de conscience. De nombreuses personnes, y compris vous-même, ont indirectement contribué à l’existence de l’article que vous lisez. Sans y prêter attention, ce que nous faisons dans notre quotidien est soutenu par la contribution de très nombreuses personnes.  Sans nous en rendre compte, nous contribuons à la vie de nombreuses personnes. Sans cette interdépendance et la coopération qui en découle, nous ne pourrions réaliser la plupart de nos taches quotidiennes. Notre cerveau fonctionne sur le même principe. Ce que je suis en train de faire en ce moment est rendu possible grâce à l’interdépendance de millions de réseaux de neurones dans mon système nerveux.  Cette collaboration de neurones me permet de trouver de multiples ressources dans le monde intérieur et extérieur.  Chaque activité, même la plus répétitive, est une occasion de se relier à au contexte plus large des relations d’interdépendance qui rendent sa réalisation possible.  Avec cette perspective globale et systémique, toute activité peut acquérir un sens plus large. En ouvrant notre mental, notre cœur et notre esprit à un espace plus vaste, nous avons le pouvoir de transformer les perceptions sensorielles d’une situation en une expression créative qui contribue à notre épanouissement. 

Nous pouvons amener au travail les conditions de notre propre réussite et de celle des autres. La présence et la bienveillance que nous apportons à nos relations de travail peuvent être sources de bien être et de guérison pour nous-même et les autres. Tout travail imprégné de conscience peut être transformateur. Le développement de notre conscience et de notre vie intérieure, nous offre la possibilité de découvrir notre appel le plus profond, un appel à être la personne que vous avez toujours voulu être, un appel qui exprime au mieux votre vocation et ce que vous pouvez apporter d’unique au monde.  Cet appel constitue votre direction personnelle pour débuter le voyage de votre conscience, pour vivre votre travail avec plus d’intégrité et de santé.

Dans son ouvrage « Integral Healing », Elliott S. Dascher, cite le poète Kahlil Gibran qui nous demande  "... qu'est-ce que c'est que de travailler avec amour... ?" avant de répondre : « C'est tisser le tissu avec des fils tirés de votre cœur, comme si votre bien-aimé devait porter ce tissu. C'est construire une maison avec affection, comme si votre bien-aimé habitait dans cette maison. C'est semer des graines avec tendresse et moissonner avec joie, comme si votre bien-aimé allait manger le fruit. C'est charger toutes les choses que vous façonnez d'un souffle de votre esprit. . . . ». Le bien-aimé de Gilbran peut être une personne précise de votre entourage, un être cher, ou vous-même, c’est-à-dire la personne que vous avez toujours voulu être au plus profond de vous-même, la personne qui vous sert de modèle et qui possède les qualités essentielles que vous souhaitez développer et acquérir.  

Jean-Luc Monsempès 4 juillet 2020

Sources et lectures complémentaires

(1) Larry Dossey – La médecine réinventée L'art de guérir du 3ème millénaire- Edition Vivez Soleil 2002 
(2) La psycho-neuro-immunologie existe-t-elle ? Gabriel Gachelin ; Dans Revue française de psychosomatique 2003/1 (no 23), pages 67 à 74
(3) L’épigénétique : une promesse de nouvelle médecine ? Ariane Giacobino ; Sens et Santé ; https://www.sensetsante.fr/lepigenetique-une-promesse-de-nouvelle-medecine/
(4) « La méditation agit directement sur notre stres ; Francis Lecompte ; 16 avril 2020, ; https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-meditation-agit-directement-sur-notre-stress
(5) Connirae et Tamara Andreas, Transformation essentielle, éd. La tempérance, 1998.
(6) Guérisons remarquables. - Nous avons tous en nous un système guérisseur – Poche, Caryle Hishberg, Marc-Ian Barasch
(7) Le saut quantique de la conscience : Pour se libérer enfin de l'idéologie matérialiste -Poche – 16 janvier 2018 de Mario Beauregard- Préface de Jean Staune 
(8) Social relationships and physiological determinants of longevity across the human life span ; Yang Claire Yang and all. Proceedings of the National Academy of Sciences (01/2016, vol.113 no.3).  https://www.pnas.org/content/113/3/578
(9) Zones bleues - Les secrets de l'extrême longévité ; Angèle Ferreux-Maeght  Vincent Valinducq Ed FIRST 2019
10) L'amour la médecine et les miracles Guérir le corps et l'esprit ; Bernie S Siegel ; Ed J’ai Lu
(11) La souffrance au travail et les pathologies émergentes ; Marie-France Hirigoyen ; Dans L'information psychiatrique 2008/9 (Volume 84), pages 821 à 826 ; https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2008-9-page-821.htm
(12) Integral Healing ; Elliott S. Dascher Basic Health Publication 2006