Leçons d’espoir

Leçons d’espoir

Nous n'avons besoin d'espoir pour résoudre un problème inhabituel ou perçu comme insoluble, par exemple une maladie dite incurable. L’espoir est une émotion positive unique, qui pour s’activer nécessite un certain degré de difficulté, de négativité et d'incertitude. 

D. Tomasulo, auteur de Learned Hopefulness a étudié les facteurs de différenciation entre les personnes ayant beaucoup ou peu d'espoir. Il montre que les personnes pleines d'espoir ont un bien-être physique et mental durablement meilleur, ont également tendance à vivre plus longtemps et à être plus heureuses. Les personnes pleines d’espoir, par rapport à celles qui n'en ont pas, voient et réagissent au monde de façon différente. Elles concentrent leurs pensées sur ce qu'elles peuvent contrôler et font preuve de sept habitudes de pensée.

1. Une attitude positive et optimiste.  Les personnes pleines d'espoir s'efforcent d'adopter une attitude positive, de façon à voir le verre à moitié plein, et non à moitié vide. Elles font en sorte de voir le bon côté des choses. Elles ne laissent donc pas les circonstances de la vie définir leur réponse émotionnelle. Les personnes pleines d'espoir font preuves de créativité pour surmonter les obstacles sur leur chemin et mettent leur énergie créative au service de l'avenir. 

2. La persévérance et la résilience. Les personnes pleines d'espoir ont une passion qui alimentent leur énergie. Cette passion est durable et dynamique, car elle s'accompagne de persévérance, d’un suivi des actions et de courage. Ces personnes sont optimistes quant à leur avenir et croient aux possibilités de changement. Elles considèrent les défis comme des occasions de grandir et d'apprendre, plutôt que comme des obstacles insurmontables. Les personnes pleines d’espoir semblent continuer à avancer malgré les obstacles et les défis. Elles sont convaincues que tout est possible lorsqu'elles y mettent du leur.

3. La détermination d’objectif. Les personnes pleines d'espoir savent se fixer des objectifs et établir les moyens et les mesures de les atteindre. Elles savent qu’en l’absence d'objectif clair, il est facile de se laisser distraire et de se déconcentrer. Elles prennent des décisions, fixent des objectifs et agissent de manière proactive pour aller de l'avant dans leur vie.

Qu’il s’agisse d’un grand rêve ou d'un petit objectif, les personnes pleines d'espoir ont généralement quelque chose vers lequel tendre. Elles visualisent leurs objectifs et créent les conditions propices à la réussite. Le fait de se fixer des objectifs, de passer à l'action et de se donner les moyens de réussir crée une spirale ascendante d'engagement et d'accomplissement.

4. Un entourage positif. Les personnes pleines d'espoir s'entourent de personnes positives, afin de pouvoir conserver un état d'esprit positif et maintenir leur équilibre. Cela ne signifie pas qu'elles fuient les difficultés, mais qu'elles passent plus de temps avec des personnes qui partagent une attitude optimiste et proactive. Elles ne se laissent pas submerger par la négativité des autres ou du monde. La présence positive des autres permet d'adopter différentes perspectives, de cultiver un plan réaliste pour le futur, et de faire preuve de compassion. Les personnes pleines d’espoir se soucient des autres et veulent contribuer à rendre le monde meilleur pour tous.

5. Une attention au présent et la gratitude. Les personnes pleines d'espoir ont tendance à se concentrer sur ce qu'elles ont sous les yeux. Elles ne s'attardent pas sur le passé et ne s'inquiètent pas pour l'avenir, mais se concentrent sur ce qui se passe dans le présent. Cela leur permet de rester positives et de prendre des mesures pour atteindre leurs objectifs. De plus, les personnes pleines d'espoir apprennent sans cesse, pour s'améliorer et perfectionner leurs compétences. Le sentiment d’amélioration nourrit celui de l’espoir. Ces personnes trouvent un équilibre entre la satisfaction du présent et l’envie de grandir. La gratitude qu’elles ressentent leur permet d'apprécier le présent et de rester ancré dans le moment présent. Même si elles reconnaissent ne pas avoir tout ce qu'elles veulent, elles ressentent la chance d'avoir beaucoup de bonnes choses dans leur vie.

6. La confiance en soi . Les personnes pleines d'espoir ont confiance en elles et sont également capables de se pardonner. Ce type de confiance permet de ne pas se considérer comme parfait, de faire des ajustements, de pardonner aux autres, et de prendre des risques raisonnables pour soutenir leur croissance. Elles croient en elles-mêmes et en leurs capacités, savent utiliser au mieux leur temps et leurs ressources et célébrer les petites victoires pour rester engagés et motivés.

7. L’autoréflexivité. Les personnes pleines d'espoir réfléchissent aux chances qu'elles ont eue dans leur vie. La gratitude leur permet de voir les événements du passé à travers une lentille de la reconnaissance. Conscientes de leurs pensées et de leurs émotions, elles ont tendance à faire confiance aux autres et à être généreuses, car elles croient que la plupart des gens ont bon cœur. Les personnes pleines d'espoir savent tirer des leçons des expériences difficiles et aller de l'avant de façon positive. C'est là que leur capacité d'autoréflexion est si précieuse. Apprendre de ses erreurs signifie que l'on considère l'échec comme une opportunité de croissance plutôt que comme une mesure de sa propre valeur.

L'espoir est une caractéristique des personnes qui réussissent, qui sont en bonne santé et qui sont dynamiques. Si avoir plus d'espoir semble attrayant, alors pensez, agissez et ressentez comme des personnes pleines d'espoir. Pour apprendre l’espoir, choisissez l'une des sept habitudes et faites-en un objectif pour vous-même chaque jour de la semaine, et mettez-la en pratique, en agissant comme si vous étiez déjà plein d'espoir. 

Commentaires pour les coachs de santé

Une méta-analyse (3) de trois études montre qu’il convient de faire la différence entre l'optimisme et l'espoir. Par rapport à l’optimisme, l’espoir implique plus d'incertitudes, d'importance, d'efforts, de désagréments, de peur et de langage concret, mais pas plus de moralité. 

Dans la littérature scientifique, l'optimisme et l'espoir sont associés à de meilleurs résultats en matière de santé physique et mentale. L'optimisme peut aider les individus à avoir des relations plus fructueuses, à s'impliquer davantage dans leur communauté, et favoriser un sentiment de bien-être lors des événements difficiles. Des études montrent que l’optimisme aide les individus à contrôler leur anxiété, aide les sujets diabétiques de type 2 à mieux gérer leur stress, et contribue à réduire le risque de problèmes de santé chroniques. Une étude de 2019 réalisée sur 70 000 patients, en majorité des femmes, suivies pendant des périodes de 10 ans ou de 30 ans, montre que les personnes les plus optimistes gagnaient entre 11 et 15% d’espérance de vie par rapport aux personnes les moins optimistes. L’optimisme apporte 50 à 70% de chances de dépasser les 85 ans.

La notion d’espoir est fondamentale face à l’annonce d’un mauvais pronostic, car dans ces situations la parole du médecin peut devenir une malédiction. Quand le médecin déclare qu’une maladie est incurable, inopérable et qu’il ne reste que quelques mois à vivre, le patient peut être sous le choc, partagé entre des sentiments d’incrédulité, de révolte, de désespoir. Avec la condamnation à mort du pronostic, le médecin devient un juge et perds son rôle de soignant, c’est-à-dire de maintenir la source de vie en chacun. Et si on demande aux médecins comment ils peuvent être aussi sûrs de leur pronostic, ils répondront qu’ils ne veulent pas donner de faux espoirs. Comme s’il pouvait y avoir de faux ou de vrais espoirs. De nombreux médecins ont peur de faire des promesses qui ne pourront etre tenues, car en science les promesses non tenues pourraient passer devant le tribunal de la morale ou de la raison. Pourtant en médecine on ne peut rien affirmer, sauf à considérer l'humain come une machine.

Le pronostic repose le plus souvent sur des statistiques médicales, des chiffres qui ne représentent pas la réalité de l’évolution de la maladie, mais qui représentent le devenir des patients qui se sont conformés à la malédiction médicale. Les médecins basent leur pronostic sur des moyennes, c’est-à-dire l’évolution de la maladie de 80 % des patients, ignorants ceux qui se trouvent dans les extrémités des courbes de gauss, ou ceux qui ont guéris sans figurer dans les statistiques médicales. De plus la médecine n’aime pas les exceptions des guérisons « spontanées » Les statistiques constituent une carte mais en aucun cas le territoire de l’évolution réelle de la maladie. Aucune carte n’est en mesure de représenter la réalité de l'évolution des patients atteints d’une maladie dite « incurable »

Par définition, un espoir est une hypothèse sur la survenue ou pas d’un événement espéré. Un espoir est associé à une incertitude concernant le futur, donc l’issue d’un espoir n’est pas prévisible, l’espoir ne peut être vrai ou faux. D’autant plus qu’il n'existe aucune certitude en médecine. L’espoir n’a pas pour fonction d’être vraie ou fausse, mais d’être utile ou pas à la guérison du patient. Car pour contribuer activement à sa guérison, le patient a besoin d’espoir. Puisque l’espoir s’apprend, elle mériterait d’être enseignée à tous ceux qui reçoivent l’annonce d’un mauvais pronostic.  

Dans son article, Christine Destexhe (5) propose aux médecins une manière « correcte et sans ambiguïtés de la vérité, tout en restant rassurant. » Une manière de réduire l’écart entre la carte et le territoire.  Par exemple, avec un ton plein de bienveillance : "Même s’ils ne représentent pas la majorité des cas, des patients comme vous s'en sont sortis. La médecine n'est pas absolue. Des rémissions se produisent sans qu'on puisse déterminer les raisons. La science évolue chaque jour. Nous allons tout faire pour que vous soyez du bon côté des statistiques (en expliquant les différents traitements possibles). Mettez-vous dans la tête que vous allez survivre. Croyez en votre chance. Ensemble, nous allons essayer d'y arriver. On fera aussi tout pour qu’au quotidien, vous le viviez le mieux possible. J'utiliserai toutes mes compétences et connaissances comme si je le faisais pour moi-même. Je chercherai pour vous de nouvelles thérapies ou solutions dès qu’elles seront accessibles. Et vous aussi, vous pouvez contribuer à augmenter vos chances et diminuer les effets secondaires. Adaptez votre alimentation (avec plus de conseils précis), méditez chaque jour, reconnectez-vous à la nature, bougez dans la mesure du possible, entourez-vous de proches qui croient en votre guérison et qui sont positifs. C’est un travail quotidien. Mettons toutes les chances de votre côté. Vous pouvez y arriver. Il faut y croire".

Une fois que le médecin a délivré son message d’espoir, le travail d'espoir du patient peut alors commencer, en s'engageant dans le voyage de sa conscience, pour rechercher en lui ses profondes sources de vie, et les blessures émotionnelles qui ont pu s’opposer à la réalisation de ses profondes aspirations, et puiser en lui les ressources dont il a besoin. Plus l’intention de vie est claire et fortement ressentie, plus les ressources de guérison vont s’activer. La construction de l'espoir necessite beaucoup de proactivité. L’espoir devient un formidable traitement lorsque les croyances du médecin et du patient concernant les possibilités de guérison peuvent s’unir.

Sources 

(1) 7 Habits of the Most Hopeful People ; Dan J. Tomasulo PhD Psychology Today ; https://www.psychologytoday.com/us/blog/the-healing-crowd/202301/the-7-thinking-habits-of-high-hope-people-1

(2) Tomasulo, D. (2020). Learned hopefulness: The power of positivity to overcome depression. New Harbinger Publications.

(3) The Healing Power of Hope and Optimism ; WHOLE HEALTH: INFORMATION FOR VETERANS https://www.va.gov/WHOLEHEALTH/veteran-handouts/docs/HealingPowerHopeOptimism_Final508_07-25-2019.pdf

(4) Optimism is associated with exceptional longevity in 2 epidemiologic cohorts of men and women; Lewina O. Lee Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., Peter James, Emily S. Zevon, +4, and Laura D. KubzanskyAuthors Info & Affiliations, August 26, 2019, 116 (37) 18357-18362 https://doi.org/10.1073/pnas.1900712116

(5) Quand la parole du médecin devient malédiction,Christine Destexhe ; La Libre 17-11-2018 à 14h01