Dissiper les idées fausses sur l'hypnose

Dissiper les idées fausses sur l'hypnose

L'hypnose possède de nombreuses applications cliniques utiles, mais certaines idées fausses l'empêchent d'être utilisée au mieux

Ce qu'il faut retenir de l'article “Reconciling myths and misconceptions about hypnosis with scientific evidence” de Steven Jay Lynn et al.: 

1) Les personnes hypnotisées conservent le contrôle de leurs actions et peuvent résister aux suggestions hypnotiques.
2) L'hypnose ne doit pas être considérée comme un "état spécial", mais plutôt comme un ensemble de procédures utilisées pour moduler la conscience, la perception et la cognition.
3) Malgré une croyance répandue, l'utilisation des méthodes hypnotiques ne nécessite pas de compétences particulières au-delà de celles requises pour les interactions sociales de base et les procédures cliniques.

Imaginez un étrange mystique faisant osciller une montre à gousset d'avant en arrière, en répétant la phrase "Vous vous endormez, vous vous endormez profondément", ce qui lui donne un contrôle absolu sur son sujet. Ce n'est pas ainsi que fonctionne réellement l'hypnose, mais c'est ainsi qu'elle est souvent dépeinte dans la culture populaire. Même certains cliniciens et formateurs en hypnose propagent des mythes néfastes sur l'hypnose.

Steven Jay Lynn, professeur de psychologie à l'université de Binghamton (État de New York), est un expert de l'hypnose qui a apporté une contribution majeure au système judiciaire grâce à ses connaissances sur cette pratique. Lynn pense que l'hypnose a de nombreuses applications cliniques utiles, mais que certaines idées fausses l'empêchent d'être utilisée au mieux.

Quelques-uns des mythes les plus répandus dans la culture populaire.

Les personnes hypnotisées ne peuvent pas résister aux suggestions

On pense qu'une personne profondément hypnotisée fait preuve d'une "obéissance aveugle", c'est-à-dire qu'elle suit automatiquement tout ce que l'hypnotiseur lui suggère. Pourtant, les individus ne perdent pas le contrôle de leurs actes pendant l'hypnose, contrairement à l'idée propagée par les médias, à savoir que l'hypnose est quelque chose que l'on vous fait subir et qu'elle peut être utilisée pour contrôler quelqu'un. En fait, les gens peuvent résister et même s'opposer aux suggestions hypnotiques. Leur expérience du contrôle pendant l'hypnose dépend de leurs intentions et de leurs attentes quant à la conservation ou non du contrôle volontaire.

L'hypnose est un "état spécial"

L'hypnose est souvent décrite à tort comme un "état spécial" dans lequel les mécanismes de défense sont réduits et dans lequel un "état unique de relaxation physique et d'inconscience consciente" nous permet de "pénétrer dans les profondeurs de notre subconscient grâce à l'hypnose". Les personnes peuvent cependant répondre à des suggestions hypnotiques même si elles sont alertes et sur un vélo d'appartement. La description d'"inconscience consciente" est inexacte, car au cours de l'hypnose, même les personnes les plus suggestibles restent pleinement conscientes de leur environnement.
Il est plus juste de considérer l'hypnose comme un ensemble de procédures dans lesquelles des suggestions verbales sont utilisées pour moduler la conscience, la perception et la cognition, plutôt que d'invoquer inutilement des "états spéciaux".

On peut être hypnotisé ou pas

La réactivité des personnes à l'hypnose peut être relativement stable dans le temps. Cependant, il est inexact de supposer que les gens sont soit hypnotisables, soit non hypnotisables. La réactivité des personnes est très variable et il arrive souvent qu'elles répondent à certaines suggestions et pas à d'autres. Néanmoins, la plupart des personnes sont suffisamment hypnotisables pour obtenir des bénéfices substantiels des suggestions thérapeutiques. 

La réactivité aux suggestions n'est rien d'autre que de la conformité ou de la simulation

Les comportements suggérés pendant l'hypnose peuvent sembler tellement éloignés du quotidien que l'on se demande inévitablement si les réponses hypnotiques sont authentiques. Cependant, des études de neuro-imagerie révèlent que les effets des suggestions hypnotiques activent des régions du cerveau (par exemple, le traitement visuel) compatibles avec les événements suggérés (par exemple, l'hallucination d'un objet). Ces résultats apportent des preuves convaincantes de la cohérence entre les effets neurophysiologique de l'hypnose ce que les personnes décrivent.

L'utilisation des méthodes hypnotiques requiert de grandes compétences

L'une des idées fausses les plus répandues est celle du mesmériste, dans lequel l'hypnotiseur magicien est doté de pouvoirs spéciaux d'influence et de la capacité à "hypnotiser" n'importe qui. En réalité, l'administration d'une induction hypnotique et de suggestions spécifiques ne nécessite pas de compétences ou d'aptitudes particulières autres que celles requises dans les interactions sociales de base et l'administration de procédures expérimentales ou cliniques, telles que la capacité à établir un rapport. Toutefois, l'hypnose ne devrait être pratiquée que par des professionnels formés à son utilisation. 

La régression hypnotique en âge permet de retrouver des souvenirs précis d'un passé lointain

Les émissions de télévision et les films mettent souvent en scène des personnes capables de se remémorer sous hypnose des souvenirs extrêmement précis d'une lointaine vie antérieure. Mais la recherche suggère un point de vue contraire. Lorsque les chercheurs vérifient l'exactitude des souvenirs de personnes ayant subi une "régression" vers une époque antérieure (par exemple, le Xe siècle) par rapport à des informations factuelles de la période suggérée, ils constatent que les informations sont presque toujours incorrectes. Ce que les personnes rapportent correspond le plus souvent aux informations fournies par les expérimentateurs concernant leurs expériences de vie et identités antérieures supposées (par exemple, race, culture, sexe différents).
Ces résultats impliquent que les souvenirs reflètent les attentes, les fantasmes et les croyances des participants concernant les caractéristiques personnelles et les événements survenus au cours d'une période historique donnée.

Commentaires pour les coachs de santé

La transe, en tant qu'état modifié de conscience, existe depuis la nuit des temps, car des récits sumériens de plus de 5000 ans, en relatent l'exitence. La transe est selon Stephen Gilligan un processus psychobiologique naturel et essentiel de la conscience humaine, qui se produit chaque fois qu’un événement nous fait perdre nos repères habituels, bouscule notre façon de percevoir la réalité et qui nous plonge dans un ressenti inhabituel et transitoire. Nous tombons dans un état de transe, pour nous échapper des contraintes du quotidien, nous protéger de situations stressantes, et dans certaines conditions pour utiliser notre potentiel de renouvellement et de transformation. La transe permet de suspendre les contraintes de l’esprit conscient, de relâcher la pensée analytique et les perceptions conditionnées pour s’immerger dans le monde d'images, de sensations, de symboles, de mouvements et d'énergies de l’esprit inconscient. La transe nous ouvre un espace dans lequel les réalités habituelles font place à un subtil champ de possibilités créatives. Les transes sont ces activités dans lesquelles nous perdons la notion de temps et le lieu et nous permettent de nous échapper de nos soucis, par exemple avec la lecture, la marche dans la nature, la cuisine, la méditation, l’écoute de la musique…etc.

Toutes les transes n'ont pas la même valeur, car elles peuvent être positives ou négatives. 

Certaines transes sont positives mais de médiocre qualité. C'est le cas des distractions apportées par les réseaux sociaux, la télévision, les drogues, la sexualité, qui permettent de se détendre, de suspendre le processus de l'ego, sans toutefois pouvoir transformer notre conscience. D'autres transes sont réellement négatives, telles que l’anxiété, la dépression, les dépendances, la colère, l'apitoiement sur soi ou un symptôme. Pour Stephen Gilligan, le symptôme est considéré comme une transe négative qui reflète un état de conscience altéré et figé, en attente d’ouverture et d’humanisation.

L’état dans lequel une personne se trouve quand elle se connecte à une expérience de transe va déterminer sa valeur positive ou négative, sa forme et les schémas de cognitifs et comportementaux qui se développeront et se répéteront ultérieurement. Pour Stephen Gilligan, les expériences qui entrent dans la vie d'une personne n'ont aucune valeur humaine tant qu'une personne n'est pas capable de les "parrainer". Le parrainage est donc un engagement à aider une personne, y compris soi-même, à utiliser chaque expérience pour s'éveiller à la bonté, aux sentiments altruistes et au monde. Le parrainage consiste à accueillir toute expérience dans un état de conscience élevée, une attitude de confiance, d’acceptation, de curiosité authentique et de ressources. C’est ce qui permet à une transe négative de se transformer en transe positive et générative. La transe est dite générative quand elle permet de créer quelque chose de nouveau et qui n’a jamais exister auparavant dans la vie de la personne. La transe générative est un voyage de la conscience pour aller au-delà de ce que nous connaissons déjà, pour créer de nouvelles réalités positives, permettre la guérison naturelle de certaines blessures, afin d’accéder à davantage de santé, de bien-être et à une vie plus riche de sens et de satisfactions. La transe générative crée un espace dans lequel les dimensions uniques de l'identité du client et de ses ressources sont accessibles et utilisables de manière créative pour faciliter la guérison et la transformation. La transe générative se distingue de l’hypnose car elle cherche à ouvrir une relation créative et mutuellement respectueuse entre l'esprit conscient et l'inconscient créatif, à la fois entre les personnes et à l'intérieur de celles-ci. Cet espace relationnel permet à la personne de développer un niveau de conscience plus élevé de son rôle, de ses responsabilités et de ses propres compétences. Ce processus d’apprentissage est selon Stephen Gilligan totalement différent  la conception habituelle de l'hypnose.

L'ypnose est différent de la transe

L’hypnose est l’un des rituels psychosociaux qui donnent une forme humaine et un sens à la transe. La transe est l'expérience, l'hypnose est l'un des contextes particuliers de sa réalisation.  Et à mesure que ce contexte change, la forme et la signification expérientielle de la transe changent.

L'hypnose est un moyen d'accéder à ces états de transe, de les amplifier et de les stabiliser. L'hypnose est induite par une personne (ou par vous même en cas d'auto-hypnos) en utilisant une technique d’induction. L’état hypnotique survient quand l'attention se focalise sur un point précis, par exemple une sensation physique, un souvenir agréable, créant ainsi une sorte de rétrécissement de la perception du monde extérieur et une amplifcation de celle du monde intérieur.. 

Etant encore mal connue, l'hypnose peut faire peur et souffrir encore de nombreuses idées reçues, négatives le plus souvent. Ces fausses idées viennent en partie de la vision Freudienne de l'inconscient en tant que réservoir de pulsions et de refoulements. Elle viennnent également de l'hypnose de spectacle qui semble donner un immense pouvoir à l'hypnothérapeute. La pratique de l'hypnose a grandement évoluée car la plupart des hypnothérapeutes s'inscrivent maintenant dans la lignée de Milton Erickson, le père fondateur de l'hypnose Ericksonienne. Contrairement à Freud, Erickson considère que l'inconscient est bienveillant, respectueux de la personne et représente un réservoir de ressources. Les résultats dépendent de ce qu'on l'on demande à l'inconscient pae le biais des suggestions. 

Un article de psychologie complète la liste des idées fausses sur l'hypnose 

L’hypnothérapie est très efficace contre la dépression. Selon Serge Ginger, l'hypnose est  une méthode qui a prouvé son efficacité dans diverses indications, mais la dépression ne semble pas en général pouvoir être prise en charge complètement par l’hypnothérapie.

L’hypnose est inefficace contre les douleurs. Selon Jane Turner, c’est tout l’inverse, car l’hypnose est utilisée pour pratiquer des anesthésies sans avoir recours aux médicaments, par exemple dans les soins dentaires, ou guérir des phobies opératoires.

Il est impossible de s’auto-hypnotiser. Pour Gonzague Masquelier, certains chercheurs en hypnose considèrent que toute hypnose est auto-hypnose dans la mesure où le sujet hypnotisé est, en dernier recours, celui qui décide du déroulement de la transe. L’auto-hypnose est à la fois un outil et une discipline pour une bonne hygiène de vie. 

Sources 

Dispelling Popular Myths About Hypnosis; Neuroscience News Psychology·July 11, 2023 

Reconciling myths and misconceptions about hypnosis with scientific evidence” by Steven Jay Lynn et al. BJPsych Advances