Un lien étroit entre âgisme et santé

Un lien étroit entre âgisme et santé

Plus son score d'âgisme est élevé, plus la personne est susceptible d'être en mauvaise santé physique ou mentale.

L’âgisme regroupe toutes les formes de discrimination, de ségrégation, de mépris, fondées sur l’âge. L'âgisme est un « préjugé contre une personne ou un groupe en raison de l'âge. 

Selon une nouvelle étude, presque tous les adultes âgés de 50 à 80 ans ont été confrontés à une forme d'âgisme dans leur vie quotidienne, qu'il s'agisse de voir des messages et des images âgistes à la télévision ou sur Internet, de rencontrer des personnes qui laissent entendre qu'ils sont moins capables parce qu'ils sont plus âgés ou de croire à des stéréotypes sur le vieillissement.

Cependant, les adultes plus âgés ayant plus de problèmes de santé semblent plus susceptibles d'avoir été confrontés à ce type d'"âgisme quotidien", selon les conclusions d'une enquête menée auprès de plus de 2 000 personnes âgées de 50 à 80 ans. Plus le score d'une personne sur une échelle d'expériences quotidiennes d'âgisme était élevé, plus elle était susceptible d'être en mauvaise santé physique ou mentale, d'avoir plus de problèmes de santé chroniques ou de montrer des signes de dépression.

Bien que l'étude ne puisse pas établir de lien de cause à effet, les auteurs notent que les liens entre l'âgisme et la santé doivent être explorés plus avant et pris en compte lors de la conception de programmes visant à encourager la bonne santé et le bien-être des personnes âgées.

"Ces résultats soulèvent la question de savoir si les problèmes de santé liés au vieillissement reflètent les influences négatives de l'âgisme et présentent la possibilité que les efforts de lutte contre l'âgisme puissent être une stratégie de promotion de la santé et du bien-être des personnes âgées", déclare la première auteure, Julie Ober Allen, Ph.D.

Pour cette analyse les chercheurs ont utilisé une échelle, validée et publiée l'année dernière, qui calcule un score basé sur les réponses d'une personne à 10 questions sur ses propres expériences et croyances concernant le vieillissement.

Au total, 93 % des personnes âgées interrogées ont déclaré être régulièrement confrontées à au moins une des dix formes d'âgisme. La forme la plus courante, vécue par près de 80 % d'entre eux, est le fait d'être d'accord avec l'affirmation selon laquelle "avoir des problèmes de santé fait partie du vieillissement", même si 83 % des personnes interrogées décrivent leur propre santé comme bonne ou très bonne. Ce type d'âgisme "intériorisé" inclut également le fait d'être d'accord avec les affirmations selon lesquelles se sentir seul, déprimé, triste ou inquiet fait partie du vieillissement.

Par ailleurs, 65 % des personnes âgées ont déclaré qu'elles voyaient, entendaient ou lisaient régulièrement des blagues sur les personnes âgées, ou des messages indiquant que les personnes âgées sont peu attrayantes ou indésirables.

Une autre catégorie d'expériences âgistes - que les chercheurs appellent l'âgisme interpersonnel - a été signalée comme un événement régulier par 45 % des personnes interrogées. Il s'agit d'expériences impliquant une autre personne, au cours desquelles la personne âgée a eu l'impression que l'on supposait qu'elle avait des difficultés à utiliser la technologie, à voir, à entendre, à comprendre, à se souvenir ou à faire quelque chose de manière indépendante - ou qu'elle ne faisait rien de valable.  

Les chercheurs ont calculé les scores d'âgisme au quotidien pour chacune des plus de 2 000 personnes interrogées, sur la base de leurs réponses à toutes les questions du sondage.

Le score moyen global était légèrement supérieur à 10. En tant que groupe, les personnes âgées de 65 à 80 ans ont obtenu un score supérieur à 11, ce qui indique une plus grande expérience de l'âgisme chez les personnes âgées de 50 à 64 ans.

Les personnes ayant un niveau de revenu ou d'éducation plus faible, ainsi que celles vivant dans des zones rurales, ont également obtenu des scores moyens d'âgisme plus élevés que les autres. Les personnes âgées qui déclaraient passer quatre heures ou plus par jour à regarder la télévision, à naviguer sur Internet ou à lire des magazines avaient des scores plus élevés que celles qui étaient moins exposées à ces médias.

Les chercheurs ont ensuite examiné le score individuel de chaque personne à la lumière de ce qu'elle avait déclaré sur sa propre santé, notamment sa santé physique et mentale auto-évaluée, le nombre de problèmes de santé chroniques et les symptômes de dépression déclarés.

Ils ont constaté un lien étroit entre des scores plus élevés et les quatre mesures liées à la santé. En d'autres termes, les personnes ayant obtenu des scores plus élevés pour l'âgisme au quotidien étaient plus susceptibles de déclarer que leur santé physique globale ou leur santé mentale globale était moyenne ou mauvaise, qu'elles souffraient davantage de maladies chroniques et de symptômes de dépression.

Ce lien est en grande partie lié aux mesures de l'âgisme intériorisé - les questions qui mesurent le degré d'accord d'une personne avec les affirmations selon lesquelles les problèmes de santé, la solitude et la tristesse font partie du vieillissement. Mais les expériences de formes interpersonnelles d'âgisme étaient également liées aux mesures de santé, tout comme certains aspects des messages âgistes.

Selon Preeti Malani, M.D., professeur au Michigan Medicine et spécialiste des soins aux personnes âgées. "Le fait que les personnes interrogées dans le cadre de notre sondage qui ont déclaré avoir ressenti le plus de formes d'âgisme étaient également plus susceptibles de dire que leur santé physique ou mentale était moyenne ou mauvaise, ou de souffrir d'une maladie chronique telle que le diabète ou une maladie cardiaque, est un élément qui mérite d'être examiné de plus près", dit-elle.

Commentaires pour les coachs de santé

Selon les conclusions de cette étude, nos croyances sur l’impact de notre âge sur notre santé nous font vieillir plus rapidement et contribuent à une plus mauvaise santé…. surtout entre 50 et 64 ans !  Considérer qu'être malade est bien normal lorsqu'on prend de l'âge est une dangereuse croyance limitante et le pretexte à abandonner ses pouvoirs sur sa propre santé. Après la retraite l'état de notre santé ne nous apprtient plus ? L'âge de la retraite ne signifie pas une diminution de nos capacités mentales et physiques car celles-ci sont conservées pendant longtemps. Et même si nos capacités physiques diminuent, nous pouvons développer un sentiment de bien-être en soi.

L’âgisme reflète le profond malaise des jeunes et des adultes d’âge mûr face à la vieillesse. Il traduit une aversion à l’égard du vieillissement, de la maladie et de l’incapacité ainsi qu’à une peur de l’impuissance et de l’inutilité.

Quel que soit son âge, une personne accordera avant tout de l’importance à sa qualité de vie, conditionnée par le niveau de ses propres capacités (degré d’autonomie physique et intellectuelle, tranquillité morale et spirituelle, communication personnelle), plutôt que son âge réel. Malheureusement, l’âge demeure le critère de la mise à la retraite, donc de la vieillesse !! On deviendrait vieux en prenant sa retraite ? Cette croyance date d’une époque ou on mourrait autours de 50 ans. Si on se réfère à l’excellente santé des personnes âgées dans la soixantaine, le prolongement des années de travail (pour certains métiers et avec une décroissance progressive) est très bénéfique pour la santé, comme le montre plusieurs études. Les politiques discutent du danger du financement des pensions du fait du nombre croissant des personnes âgées, mais jamais de la question de la santé. A écouter les débats sur l'âge de la retraite, j'ai le sentiment d'une discussion sur la date de péremption des humains, un peu comme pour les pôts de yaourt  !

Vis à vis de l’âge, une bonne référence interne vous sera utile, afin ne pas laisser aux autres ou à la société, décider quand vous devenez vieux, ou plutôt combien de temps vous allez rester actif et dans le courant de la vie. On devient vieux quand on baisse les bras vis à vis de nos projets de vie. Notre corps vieillit inéluctablement, mais nous pouvons garder au plus profond de nous une âme d’ enfant… car notre âme ne vieillit pas, elle aurait même des vertus d’immortalité.

Sources 

Ageism and Health: Study Shows Close Links Neuroscience News Psychology·June 19, 2022 , https://neurosciencenews.com/ageism-health-20865/

Experiences of Everyday Ageism and the Health of Older US Adults by Julie Ober Allen et al. JAMA Network Open