Un cercle de soutien peut réduire l'effet négatif du stress sur l'ADN

Un cercle de soutien peut réduire l'effet négatif du stress sur l'ADN

Le stress est dangereux pour la santé, mais un cercle de soutien peut contribuer à en annuler les effets néfastes sur l'ADN.

Le stress touche jusqu'à 90 % des individus, et nous savons qu'il nuit à notre bien-être mental et physique. Le stress peut impactr la fonction de nos gènes. Il le fait par le biais de changements "épigénétiques", qui activent ou désactivent certains gènes, sans pour autant modifier le code de l'ADN.

Mais pourquoi certaines personnes réagissent-elles moins bien au stress, alors que d'autres semblent bien résister à la pression ? Des recherches antérieures ont montré qu'un soutien social fort et un sentiment d'appartenance sont des indicateurs solides de santé physique et mentale.

Le soutien social consiste à disposer d'un réseau vers lequel on peut se tourner en cas de besoin. Il peut provenir de sources naturelles telles que la famille, les amis, les partenaires, les animaux domestiques, les collègues de travail et les groupes communautaires. Ou de sources formelles comme les spécialistes de la santé mentale.

Cette nouvelle étude, publiée dans le Journal of Psychiatric Research, montre pour la première fois que ces effets positifs sont également observés sur les gènes humains. Le fait de disposer de structures sociales de soutien amortit, voire inverse, certains des effets néfastes du stress sur nos gènes et notre santé, par le biais du processus épigénétique.

Ces résultats suggèrent que l'ADN de notre naissance ne représente pas nécessairement notre destin.

Génétique et épigénétique

Qu'est-ce que l'épigénétique ? Nos gènes et notre environnement contribuent à notre santé. Nous héritons du code ADN de nos parents et celui-ci ne change pas au cours de notre vie. La génétique étudie la façon dont le code ADN agit comme facteur de risque ou de protection pour une caractéristique ou une maladie particulière.

Le terme "épigénétique" est dérivé du mot grec "epi" qui signifie "sur, au-dessus de". L'épigénétique apporte une  « couche » d’informations complémentaires qui définit comment ces gènes vont être utilisés par une cellule… ou ne pas l’être. En d’autres termes, l’épigénétique correspond à l’étude des changements dans l’activité des gènes, n’impliquant pas de modification de la séquence d’ADN et pouvant être transmis lors des divisions cellulaires. Contrairement aux mutations qui affectent la séquence d’ADN, les modifications épigénétiques sont réversibles. Cette couche supplémentaire d'informations, qui se trouve au-dessus des gènes et de l'ADN environnant, agit comme un interrupteur, activant ou désactivant les gènes, ce qui peut également avoir un impact sur notre santé.

Les changements épigénétiques se produisent tout au long de notre vie en raison de différents facteurs environnementaux tels que le stress, l'exercice, l'alimentation, l'alcool et les drogues. Par exemple, le stress chronique peut avoir un impact sur nos gènes par le biais de modifications épigénétiques qui, à leur tour, peuvent augmenter le taux de troubles mentaux tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), la dépression et l'anxiété.

Les nouvelles technologies permettent désormais aux chercheurs de prélever un échantillon biologique d'une personne (comme du sang ou de la salive) et de mesurer l'épigénétique afin de mieux comprendre comment nos gènes réagissent à différents environnements. La mesure de l'épigénétique à différents moments nous permet de mieux comprendre quels gènes sont modifiés en raison d'un environnement particulier.

Epigénétique et facteurs de stress

L'étude a porté sur les facteurs positifs et négatifs qui déterminent la réponse d'une personne au stress et la façon dont cela modifie les profils épigénétiques des gènes. Certains groupes de personnes sont plus susceptibles d'être confrontés au stress dans le cadre de leur travail habituel, comme les secouristes, le personnel médical et les policiers.

Les chercheurs ont recruté 40 étudiants australiens de première année d'études paramédicales à deux moments différents : avant et après l'exposition à un événement potentiellement stressant. Les étudiants ont fourni des échantillons de salive pour le prélèvement d'ADN et ont rempli des questionnaires détaillant leur mode de vie et leur santé aux deux moments.

Nous avons étudié les changements épigénétiques avant et après l'exposition au stress, afin de mieux comprendre comment l'épigénétique des gènes était modifiée après l'exposition au stress, et quels facteurs sociaux et psychologiques ont provoqué les changements épigénétiques. Nous avons constaté que le stress influençait l'épigénétique et que cela entraînait à son tour une augmentation des taux de détresse, d'anxiété et de symptômes dépressifs chez les participants.

Cependant, les étudiants ayant déclaré des niveaux élevés de soutien social perçu ont montré un impact moindre du stress sur leur santé. Les étudiants ayant un fort sentiment d'appartenance à un groupe, une organisation ou une communauté géraient beaucoup mieux le stress et présentaient moins de résultats négatifs sur la santé après une exposition au stress.

Ces deux groupes d'étudiants présentaient moins de changements épigénétiques dans les gènes qui ont été modifiés à la suite d'un stress.

La pandémie du COVID est la source de nombreux sentiments de solitude. Elle a créé chez les individus de lourds fardeaux psychologiques et émotionnels, en raison de l'incertitude, de la modification des habitudes et des pressions financières. En Australie, les taux d'anxiété, de dépression et de suicide sont montés en flèche depuis le début de la pandémie. Un Australien sur cinq a signalé des niveaux élevés de détresse psychologique.

La pandémie nous a également rendus plus isolés, et nos relations plus distantes, ce qui a eu un impact profond sur les liens sociaux et le sentiment d'appartenance.

Commentaires pour les coachs de santé

Selon Louis Malabeuf, auteur de l'article « la relation soignant-soigné, du discours au passage à l'acte », il existe 4 niveaux de relation soignant-soigné qui s'établissent par ordre croissant : 

1) La relation de civilité : elle intervient en dehors du soin et correspond au rituel social de reconnaissance de l’autre, et aux codes socio-. Par exemple être poli, courtois, saluer, se présenter, etc... On n’y fait pas vraiment attention, mais leurs absences peuvent être lourdes de conséquences.

2) La relation fonctionnelle : elle correspond en général à une fonction d’investigation par le biais de recueil d’information sur le patient afin de mieux le connaître et pour orienter la prise en soin (Signes cliniques et paracliniques ; Habitudes de vie, Données familiales et socio-professionnelles)

3) La relation de compréhension : elle apporte un soutien, une réassurance qui s’exprime par de l’empathie, une écoute attentive, une dédramatisation

4) La relation d'aide thérapeutique : elle se met en place progressivement par l’instauration d’un climat de confiance dans le respect d’au moins deux préalables que sont : le temps minimum à consacrer au malade et, pour soi-même, un minimum de disponibilité psychologique. (Malabeuf, 1992) « Les personnes ont en elles de vastes ressources pour se comprendre et changer de manière constructive leur façon d’être et de se comporter. Ces ressources deviennent disponibles et se réalisent au mieux dans une relation définissable par certaines qualités. » (Carl Rogers) Ce soin relationnel amène une personne en difficultés à mobiliser ses ressources pour mieux vivre une situation. 

Cette relation de soutien thérapeutique est nécessaire pour accueillir et valider, d'une part tous les aspacts de l'expérience présente du patient (pensées, émotions, croyances et limitations) et d'autre part l'ensemble du processus de changement (le projet ou intention, les obstacles à dépasser, les nouvelles habitudes de vie à instaler) 

Sources 

Stress is a health hazard, but a supportive circle of friends can help undo the damaging effects on your DNA, Divya Mehta, The Conversation, NOVEMBER 22, 2021; and Medical X press https://medicalxpress.com/news/2021-11-stress-health-hazard-circle-friends.html

Recalibrating the epigenetic clock after exposure to trauma: The role of risk and protective psychosocial factors; Divya MehtaDagmar BruenigJohn PierceAnita SathyanarayananRachel Stringfellow , OliviaMillerAmy B.MullensJaneShakespeare-Finch ;  Journal of Psychiatric Research; Available online 19 November 2021