Trois façons de réduire les risques de burnout des soignants

Trois façons de réduire les risques de burnout des soignants

Une étude identifie trois façons de réduire l'épuisement des soignants et d'augmenter leur engagement au travail  

L'épuisement des professionnel des soiganats est un sujet de préoccupation croissant, d'autant plus que la pandémie de COVID-19 se prolonge. Des recherches menées par le ministère des Anciens Combattants des États-Unis et l'Institut Regenstrief ont examiné les moyens dont disposent les organisations pour lutter contre l'épuisement professionnel.  

"L'épuisement professionnel fait l'objet de nombreuses attention ces jours-ci, mais les approches que nous utilisons pour le combattre sont souvent centrées sur le renforcement des capacités d'adaptation du personnel.  Des ateliers sur la résilience et l'autogestion de la santé peuvent être utiles à certaines personnes, mais ne sont pas suffisants", déclaré la première auteure de l'étude, Angela Rollins "Des interventions au niveau organisationnel doivent être mises en œuvre pour s'assurer que les exigences professionnelles et les ressources sont en équilibre, ce qui devrait permettre de prévenir de nombreux cas d'épuisement professionnel." 

L'équipe de recherche a interrogé 40 cliniciens et managers en santé mentale de divers systèmes de soins de santé qui participaient à une intervention sur l'épuisement professionnel. L’analyse des résultats montrent que trois thèmes apparaissent pour réduire l'épuisement professionnel par des approches organisationnelles. 

1-Une culture de travail qui donne la priorité aux soins centrés sur la personne plutôt qu'à la productivité et aux autres mesures de performance. 
2-Des compétences managériales et des pratiques visant à surmonter la bureaucratie.  
3- Des possibilités de développement professionnel et de  prendre en charge sa propre santé

"Les cliniciens nous ont dit qu'ils avaient choisi ce métier parce qu'ils voulaient aider les gens. Lorsque les politiques les empêchent de fournir de bons soins, cela sape le moral et l'engagement", a déclaré le Dr Rollins. "Cette étude particulière s'est concentrée sur les prestataires de soins de santé mentale, mais elle est probablement applicable à toutes les professions de santé. Ce n'est pas un problème qui peut être résolu au niveau de l'individu ou des encadrants. Le système de santé est déséquilibré, et il faut y remédier. Cette recherche peut être utilisée pour éclairer l'élaboration d'initiatives au niveau du système de santé, des organisations et des programmes." 

Commentaires pour les coachs de santé

Pour comprendre les causes du burnout des soigannts, Il est intéressant de regarder l’évolution des systèmes de soin au travers des croyances qui les ont animées (Donald Berwick)

Le paternalisme médical. Depuis Hippocrate, les médecins ont été longtemps les seuls détenteurs d’un art ou savoir médical inaccessible au profane, et d’une médecine empirique reposant sur la croyance que « J’ai essayé, cela marche ». Le seul ciment de la relation soignant-soigné était la confiance envers le médecin et sa science. Des millions de saignées inefficaces n’ont pu entamer la confiance envers la médecine. La profession s’auto régule et juge de la qualité de son propre travail. On ne parle pas de souffrance au travail, mais plutôt d'abus de pouvoir de certains médecins. Ce paternalisme médical encore présent dans notre société a commencé à s’estomper avec l’arrivée de la science dans le champ de l’art médical, une science qui a cherché à pointer du doigt les considérables variations concernant les pratiques, l’efficacités des traitements, l’inutilité des dépenses, les taux de préjudices liés aux erreurs médicales.

La déshumanisation médicale. Les croyances concernant la confiance accordée au médecin et à ses prérogatives ont progressivement fait place aux croyances envers la toute-puissance de l’expertise et la médecine basée sur les preuves. La règle devient « L’essai thérapeutique démontre que ça marche! ». Les bénéfices thérapeutiques de la relation de confiance sont quelque peu sacrifiés sur l’autel des lois du marché et sa recherche de performances avec sanctions et récompenses.

Sur contrôlés et évalués, les soignants perçoivent que ces nouvelles règles interfèrent grandement avec leur mission première de soins. Le temps de travail des soignants est dicté par le codage des actes médicaux. L’épuisement professionnel témoigne d’une surcharge de travail des soignants mais aussi de leur sentiment d’être incompris et non reconnus. Dans la relation soignant-soigné, l’expertise technique se substitue à la confiancee. Le patient se sent parfois instrumentalisé et exprime son mécontentement devant les tribunaux en cas d’insatisfaction. Les litiges médicaux ne font que refléter un sentiment de perte de liberté, de dépendance, et de deshumanisation des relations soignants-soignés. Ces conflits de croyances entre pouvoir médical et recherche de performance, entravent la poursuite des objectifs d’une offre de soins de meilleure qualité et un coût moindre.

Le soigné au centre du système de médical. Les systèmes de soin du futur vont très certainement tenter de corriger les excès du paternalisme et de la déshumanisation des périodes précédentes, et remettre le soigné au centre du dispositif médical avec comme crédo « je sais que ça va marcher pour vous… ». Ces croyances offrent un cadre favorable à un changement profond des relations soignant-soigné et à leur évolution vers un partenariat en matière de traitement comme de prévention. L'alégement des obligations administratives superflues bénéficie à l'amélioration continue de la qualité des soins, à un dialogue soignant soigné plus authentique, à des soins centrés sur l’écoute des besoins des soignés et leur participation active à leur but de santé. Le soignant retrouve sa mission première de soin, mais dans un cadre qui exige de nouvelles compétences : le partage des décisions, la personnalisation des soins, une approche plus globale de la santé, une ouverture à d’autres cadres de références en matière de santé, la prise en compte des attentes de bien-être des patients…etc.. Si les soignants ne sont pas formés à ces nouvelles compétences, de nouvelles sources de stress peuvent apparaitre. Ces nouvelles compétences dans le champ de la santé expliquent pleinement l’émergence de nouveaux intervenants, tels que les coachs de santé. La Modélisation des Facteurs de Succès des Systèmes de soins (SFM Healathcare) font apparaître des résultats similiares. Les systèmes de soins sont en attente d'une meilleure communication à soi pour redonner du sens à la mission de soin, une meilleure communication entre les soignants et soignés, et aussi entre les membres des équipes soignantes.

Sources 

(1) Angela L. Rollins et al, Organizational conditions that influence work engagement and burnout : A qualitative study of mental health workers, Psychiatric Rehabilitation Journal (2021). DOI : 10.1037/prj0000472

(2) Era 3 for Medicine and Health Care ; Donald M. Berwick, MD, MPP1 ; JAMA. 2016 ;315(13):1329-1330. doi:10.1001/jama.2016.1509