Nos attitudes sont influencées par l’expérience réelle ou imaginée

Nos attitudes sont influencées par l’expérience réelle ou imaginée

Nos attitudes peuvent être influencées non seulement par ce que nous vivons réellement, mais aussi par ce que nous imaginons. 

L'émotion positive liée à l’expérience d’une relation avec une personne que l’on aime est transférable au contexte de la relation. Nous pouvons ainsi acquérir une attitude beaucoup plus positive à l'égard de ces lieux.  

Ce processus est-il reproductible uniquement par le pouvoir de l'imagination plutôt que par des expériences réelles ? Les chercheurs du Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences et de l'Université de Harvard, ont cherché à répondre à cette question dans une étude publiée dans la revue Nature Communications. Les résultats montrent que nos attitudes peuvent bien être influencées non seulement par ce que nous vivons réellement, mais aussi par ce que nous imaginons. Les auteurs considèrent de plus que le phénomène est basé sur l'activité du cortex préfrontal ventromédian.

On a demandé aux participants de l’étude de nommer des personnes qu'ils aiment beaucoup et qu'ils n'aiment pas du tout, puis de fournir une liste des lieux qu'ils considéraient comme neutres. Pendant l’IRM qui a suivi, on a demandé aux sujets allongés d’imaginer en train de passer un moment avec une personne très appréciée dans l'un des endroits neutres. Par exemple, "Je m'imagine dans l'ascenseur de notre lieu de travail, avec ma fille qui pousse sauvagement tous les boutons. Finalement, nous arrivons à la terrasse sur le toit, où nous sortons pour profiter de la vue ", décrit le premier auteur de l’étude, Roland Benoit, qui dirige le groupe de recherche " Adaptive Memory ".

Les chercheurs ont montré que les attitudes des participants à l'égard des lieux avaient changé après l'IRM. Imaginés en présence de personnes aimées, ces lieux initialement considérés comme neutres ont été perçus comme plus positifs qu'au début de l'étude. Cet effet initialement observé chez les participants de l'étude à Cambridge a été reproduit avec succès à Leipzig en Allemagne. "Le simple fait d'imaginer interagir avec une personne très appréciée dans un lieu neutre peut transférer la valeur émotionnelle de la personne à ce lieu. Et nous n'avons même pas besoin de vivre l'événement dans la réalité ", résume le co-auteur Daniel Schacter.

Grâce aux données de l'IRM, les chercheurs ont pu montrer le rôle important du cortex préfrontal ventromédian dans ce processus. Comme le supposent les auteurs c'est là que sont stockées les informations sur les personnes et les lieux de notre environnement. Mais cette zone cérébrale évalue aussi l'importance que nous accordons aux personnes et aux lieux. "Nous pensons que cette zone cérébrale rassemble les représentations de notre environnement et des informations de l'ensemble du cerveau qui forment une image globale ", explique Roland Benoit.

"Par exemple, j’ai d’une part la représentation de ma fille, avec des informations sur son physique, sa voix sonne, sa manière de réagir dans certaines situations. Ces représentations vont aussi inclure une évaluation, par exemple, combien ma fille est importante pour moi et combien je l'aime".

Lorsque les participants pensaient à une personne qu'ils aimaient fortement, les chercheurs observaient des signes d'une plus grande activité dans le cortex préfrontal ventromédian. "Maintenant, quand j'imagine ma fille dans l'ascenseur, la représentation de ma fille et celle de l'ascenseur deviennent actives dans le cortex préfrontal ventromédian. Cette zone peut relier ces représentations, et la valeur positive de la personne peut ainsi être transférée au lieu précédemment neutre".

Les chercheurs cherchent à mieux comprendre la capacité humaine à vivre des événements hypothétiques par l'imagination et comment nous apprenons des événements imaginés de la même façon que nous apprenons des expériences réelles. Ce mécanisme peut potentiellement renforcer les capacités à prendre des décisions concernant le futur et contribuer à prévenir les risques. Selon Benoit, il sera important de comprendre aussi les conséquences des pensées négatives : "Dans notre étude, nous montrons comment des images positives peuvent conduire à une évaluation plus positive de notre environnement. Je me demande comment ce mécanisme influence les gens qui ont tendance à s'attarder sur des pensées négatives concernant leur avenir, comme les personnes qui souffrent de dépression. Une telle rumination conduit-elle à une dévalorisation des aspects de leur vie qui sont en fait neutres ou même positifs ?" 

Commentaire pour les coachs de santé

Des images positives d’une situation vécue ou imaginée peuvent conduire à une évaluation plus positive de notre environnement. Dans une perspective PNL, nous dirons qu’une ressource (une émotion positive), issue d’un souvenir ou de l’imagination, peut être transférée à un autre contexte. Une personne émotionnellement perturbée par l’annonce d’un diagnostic médical et du pronostic qui lui est annoncé ou qu’elle imagine, peut être vivement invitée à se projeter dans le futur avec des ressentis issus d’autres contextes.

Sources

Roland G. Benoit, Philipp C. Paulus, Daniel L. Schacter. Forming attitudes via neural activity supporting affective episodic simulationsNature Communications, 2019; 10 (1) DOI: 10.1038/s41467-019-09961-w

Max Planck Institute for Human Cognitive and Brain Sciences. "'Imagine...' -- our attitudes can change solely by the power of imagination." ScienceDaily. ScienceDaily, 17 May 2019. <www.sciencedaily.com/releases/2019/05/190517115127.htm>.