Ne dites pas à mon médecin que j’utilise les approches complémentaires

Ne dites pas à mon médecin que j’utilise les approches complémentaires

De nombreuses personnes âgées cherchent de l'aide au-delà de la médecine conventionnelle, mais peu en parlent à leur médecin.

Près de 40 % des personnes âgées utilisent actuellement au moins une stratégie de médecine intégrative pour tenter d'atténuer les symptômes d'un problème de santé physique ou mentale, ou pour se détendre. Qu'il s'agisse de chiropractie, de massothérapie, de méditation, de yoga ou d'une autre option non conventionnelle, 38 % des personnes interrogées estiment que ces méthodes sont très bénéfiques et 54 % qu'elles le sont un peu. Les femmes et les adultes âgés de 50 à 64 ans étaient plus susceptibles de recourir à de telles stratégies que les hommes ou les personnes âgées de 65 à 80 ans.

Mais seulement 18 % des adultes plus âgés qui utilisent actuellement, ont déjà utilisé ou sont intéressés par l'utilisation de stratégies de santé intégratives en ont effectivement parlé à un prestataire de soins de santé.

Les nouveaux résultats du sondage national de l'Université du Michigan sur le vieillissement en bonne santé suggèrent que les cliniciens de soins primaires devraient discuter avec leurs patients pour savoir s'ils utilisent des stratégies de médecine intégrative, lesquelles et pourquoi.

Le sondage a été réalisé auprès de 2 277 adultes âgés de 50 à 80 ans par l'Institute for Healthcare Policy and Innovation de l'Université du Michigan et soutenu par l'AARP et Michigan Medicine, le centre médical universitaire de l'Université du Michigan.

Parmi les personnes âgées qui utilisent ou souhaitent utiliser des stratégies de médecine intégrative, seulement 15 % disent que leur assurance maladie les couvre, 19 % disent qu'elles ne sont pas couvertes et deux tiers ne sont pas sûres de leur couverture. Parmi ceux qui ont déclaré que leur assurance ne couvrait pas ces types de services ou qui n'étaient pas sûrs de leur couverture, 84 % ont dit qu'ils seraient susceptibles d'essayer des stratégies de médecine intégrative si leur assurance santé les couvrait. Parmi ceux qui ont cessé d'utiliser des stratégies de médecine intégrative, plus d'un quart ont cité le coût comme l'une des raisons.

Presque toutes les personnes interrogées ont déclaré qu'elles pensaient que l'esprit avait un impact sur la santé, 82 % d'entre elles affirmant qu'il avait un impact majeur, et 14 % qu'il avait un impact mineur. "Alors que la recherche continue de montrer l'importance du lien entre le corps et l'esprit dans la santé, et que des études plus rigoureuses sont menées pour déterminer les effets des stratégies intégratives sur diverses conditions, il est important que les patients et les prestataires de soins maintiennent une communication ouverte", déclare Rachael Maciasz.

"Ce sondage a permis de mieux comprendre ce que les patients utilisent pour s'occuper de leur santé et de leur bien-être", a ajouté M. Maciasz. "Les patients dont les médecins ont parlé avec eux des facteurs liés au mode de vie étaient plus susceptibles d'avoir utilisé des stratégies de médecine intégrative. Former les médecins et encourager les patients à communiquer sur les approches intégratives fondées sur des preuves pourrait conduire à une boîte à outils plus large pour traiter et prévenir les maladies et soutenir la santé et le bien-être."

Les personnes âgées interrogées qui utilisent ou utilisaient des stratégies intégratives ont déclaré qu'elles le faisaient pour traiter ou prévenir la douleur, l'insomnie, les problèmes digestifs, pour se détendre ou gérer le stress, pour traiter une blessure physique aiguë et/ou pour améliorer la santé mentale de personnes souffrant de dépression ou d'anxiété.

Étant donné que les prestataires de soins aident également leurs patients à gérer ces problèmes en leur donnant des conseils sur leur mode de vie, en leur prescrivant des médicaments ou en les orientant vers des soins spécialisés, il est important qu'ils sachent ce que leurs patients font de leur côté. "Les prestataires de soins peuvent s’informer sur les preuves scientifiques qui entourent l'utilisation de chaque approche pour différentes conditions ", a déclaré le codirecteur du sondage, Jeffrey Kullgren. "Le National Center for Complementary and Integrative Health, qui fait partie des National Institutes of Health, finance la recherche sur ces approches et offre des aperçus de l'état des preuves pour de nombreuses approches, y compris la massothérapie, la méditation et le yoga."

Commentaires pour les coachs de santé

Si près de 40 % des personnes âgés (et 40 % tous âges confondus en France) utilisent de la « médecine intégrative », c’est qu’il y a un besoin auquel la médecine conventionnelle ne répond pas. C’est un sacré feedback pour la médecine conventionnelle. Comme solution, les auteurs de l’étude invitent les patients à parler avec leur médecin de ce qu’ils font pour leur santé, en dehors des prescriptions de la médecine conventionnelle, mais sans se demander pourquoi ils ne le font pas ! Je pense, pour être passé par là, que de nombreux médecins sont encore enfermés dans la vision biomédicale (un symptôme vient d’un agent pathogène sur lequel agir) qui leur a été donnée au cours de leur formation, et rejettent toutes autres approches. Ils ont tendance à s’identifier à leur connaissance si durement acquises, ce qui signifie que toute amélioration d’un état de santé ne peut venir que de la qualité de leur diagnostic et la pertinence de leur prescription. Une amélioration d’un état de santé en dehors de leur prescription n’est tout simplement pas envisageable. Cela devient une insulte à leur identité de médecin. Si de nombreux patients n’osent pas parler de leurs usages des « médecine complémentaires », c’est tout simplement qu’ils ont peur de se faire rouspéter par leur médecin.  Et si le médecin croit aux approches complémentaires, il en fera un usage personnel sans en parler à ses patients, de peur d’être mal jugé. Donc chacun reste dans son coin sans aborder le sujet. S’il n’y a pas de confiance ou « sécurité psychologique », il n’y a pas de collaboration possible. Et sans confiance, le médecin ne sera pas en mesure d’aider son patient à bien orienter vers des médecines complémentaires efficaces et les praticiens sérieux.

Un seul cadre de référence reste bien insuffisant pour répondre à l’ensemble des problèmes associés à une maladie, surtout quand elle est chronique. Plus la solution médicale est complexe, plus on a besoin ‘intelligence collective. Les médecins possèdent une réelle expertise de la maladie, mais ils n’y connaissent pas grand-chose en matière de santé. On ne va pas demander aux médecins de tout savoir en matière de santé, les études pouvant durer des décennies, mais de faire preuve d’un peu d’humilité et curiosité vis-à vis de ce que raconte le patient, car lui est aussi un expert de son expérience de vie. Aux USA, il existe une agence nationale avec un site WEB de la santé complémentaire et intégrative, qui recense l’ensemble des recherches réalisées sur une approche particulière, mais sans donner de conclusions et de recommandations, donc en pariant sur l’intelligence des utilisateurs médicaux ou non de ce site.  En absence de ce type de site web d’informations, c’est fort difficile pour un patient de trouver ce qui peut lui convenir comme soins complémentaires et comme praticien sérieux.  Avec le risque de tomber sur de vrais charlatans et escrocs de tous genres. 

Sources

Many older adults look beyond conventional medicine for help, but few talk to their doctors about it; University of Michigan, Medical x Press JULY 26, 2022
; https://medicalxpress.com/news/2022-07-older-adults-conventional-medicine-doctors.html?utm_source=nwletter&utm_medium=email&utm_campaign=daily-nwletter