Les victimes des fake news sont les personnes qui surestiment leur capacité à les repérer 

Les victimes des fake news sont les personnes qui surestiment leur capacité à les repérer 

Une nouvelle étude montre que les personnes qui croient à tort être capables d'identifier les fausses nouvelles sont plus susceptibles d'en être victimes

Ben Lyons, professeur adjoint de communication à l'Université de l'Utah et ses collègues analysent la sensibilité du public aux fausses nouvelles du fait de leur incapacité à reconnaître leurs propres limites dans l'identification de telles informations.

"Si les Américains pensent que la confusion créée par les fausses nouvelles est importante, relativement peu d'entre eux indiquent en avoir été les témoins ou les avoir partagées", a déclaré M. Lyons. "Si les gens se considèrent à tort comme très compétents pour identifier les fausses nouvelles, ils peuvent involontairement être plus enclins à les adopter, les croire et les partager, surtout si elles sont conformes à leur vision du monde."

Lyons et ses collègues ont utilisé deux grandes enquêtes représentatives au niveau national avec un total de 8 285 répondants. Les personnes ont été invitées à évaluer l'exactitude d'une série de titres sur Facebook, puis à évaluer leur propre capacité à discerner le contenu des fausses nouvelles. Lyons a utilisé ces deux mesures pour évaluer l'excès de confiance des répondants et son lien avec les croyances et les comportements.

"Nos résultats dressent un tableau inquiétant. De nombreuses personnes ne sont tout simplement pas conscientes de leur propre vulnérabilité à la désinformation."

La grande majorité des personnes interrogées, environ 90 %, ont déclaré se situer au-dessus de la moyenne dans leur capacité à discerner les titres d'actualité faux ou légitimes. Trois personnes sur quatre ont surestimé leur capacité à distinguer les titres légitimes des fausses nouvelles et les répondants se sont placés en moyenne aux 22 percentiles plus haut que leur score ne le justifiait. Environ 20 % des personnes interrogées se sont classées aux 50 percentiles ou plus au-dessus de leur score. (Une valeur au 20e percentile signifie que sur une courbe de Gauss, dans 80 % des cas, la valeur est supérieure et dans 20 % des cas, inférieure)

"En utilisant des données mesurant le comportement en ligne des répondants, nous montrons que ceux qui surestiment leurs capacités visitent plus fréquemment des sites web connus pour diffuser des informations fausses ou trompeuses. Ces répondants trop sûrs d'eux sont également moins capables de faire la distinction entre les affirmations vraies et fausses sur des événements d'actualité et se disent plus disposés à partager des contenus faux, en particulier lorsqu'ils correspondent à leurs tendances politiques."

Des recherches antérieures suggèrent que le manque de capacités des individus eux-mêmes motive peut-être leur engagement à adopter les fausses nouvelles, et notent que les personnes les moins aptes à discerner les nouvelles légitimes des fausses sont moins aptes à le faire dans leurs habitudes de navigation sur les réseaux sociaux. L'analyse de Lyons montre de plus que les exagérations des capacités de perceptions sont associées de manière indépendante à l'engagement dans la désinformation, ce qui suggère que les écarts de perception sont une source supplémentaire de vulnérabilité.

Ces résultats fournissent de nouvelles preuves d'un mécanisme potentiel important par lequel les gens peuvent être victimes de la désinformation et la diffuser en ligne. Bien que la conception de l’étude ne permette pas d'identifier l'effet causal de l'excès de confiance, ces résultats suggèrent que le décalage entre la capacité perçue à repérer les fausses histoires et les capacités réelles des personnes peut jouer un rôle important et jusqu'ici non reconnu dans la diffusion de fausses informations en ligne.

Commentaires pour les coachs de santé

Une surestimation de ses capacités à discerner le vrai du faux anesthésie tout sens critique

Les fausses informations (fake news, infox ou hoax) qui se propagent largement à grande vitesse grâce à internet, sans être vérifiées, représentent un réel danger lorsqu’elles concernent la santé. "Découvrez les propriétés miraculeuses du citron !”, “ Perdez 10 kg en 7 jours sans régime ! ”, “Ce qu’on ne nous dit pas sur les virus créés en laboratoire !” La santé est un champ idéal de prolifération des fake news, du fait de la difficulté à vérifier seul leur véracité.  Les sujets de santé qui intéressent le plus et qui font le plus l’objet de fausses informations sont les médicaments et les soins (traitements du Covid, vaccination, médecines alternatives…), les maladies (diabète, anorexie…) et la nutrition (régime, compléments alimentaires…). Il y a un large public prêt à croire à la consommation de jus de citron ou de tisanes pour prévenir ou lutter contre de nombreuses maladies, plutôt que de faire du sport, de modifier leur alimentation ou d’arrêter de fumer ou de boire. Les méthodes recommandées par les experts des réseaux sociaux séduisent car elles paraissent plus attrayantes et moins contraignantes que celles prescrites par les médecins. 

Que faire devant de fausses informations pouvant mettre la santé des individus en danger ?  Il est illusoire de vouloir s’opposer à une croyance profondément ancrée. D’avance c’est peine perdue. Il est donc plus utile et plus efficace d’accueillir et d’écouter avec curiosité le cadre de référence de celui ou celle qui défend les fake news, en chercher l’intention positive (elles sont fort nombreuses) et faire confiance dans la capacité de son interlocuteur à réveiller son sens critique età  trouver des alternatives plus écologique pour lui et son environnemen de satisfaire son intention positive. Au cœur de ce processus, il y a une relation… un truc qui n'a pas sa place sur les réseaux sociaux! 

Sources

(1) Benjamin A. Lyons, Jacob M. Montgomery, Andrew M. Guess, Brendan Nyhan, and Jason Reifler. Overconfidence in news judgments is associated with false news susceptibilityPNAS, 2021 DOI: 1073/pnas.2019527118

 (2) "Overconfidence in news judgement and false news susceptibility."  ScienceDaily, 31 May 2021.