Plus votre attitude face à la vie est positive, plus vous êtes optimiste, satisfait et heureux, plus vous avez de chances de vivre longtemps
Selon des chercheurs de l'université du Kentucky spécialisés dans le processus de vieillissement, une attitude positive face à la vie peut ajouter plus de dix ans à votre espérance de vie. Les chercheurs fondent cette affirmation sur des recherches menées sur 180 religieuses.
L'existence d'une relation entre les émotions et l'espérance de vie n'est pas si surprenante. Les émotions négatives, comme la tristesse, la peur, le dégoût et l'inquiétude, augmentent le rythme cardiaque, la pression artérielle et la probabilité de survenue de maladies cardiovasculaires. À l'inverse, les sentiments positifs tels que l'optimisme inhibent l'impact négatif du stress sur le système cardiovasculaire. Si vos perspectives d'avenir sont positives, les événements négatifs vous causeront moins de stress.
Mais l'espérance de vie est déterminée par bien d'autres facteurs, tels que l'état civil, les activités sociales, le tabagisme et l'alcoolisme, l'accès aux soins médicaux et l'activité physique. C'est la raison pour laquelle les chercheurs ont décidé d'étudier des religieuses, qui ont toutes le même style de vie. Ce choix des participantes à l'étude permet de se concentrer plus facilement sur le rôle des d'émotions positives.
Entre 1991 et 1993, les chercheurs ont contacté toutes les religieuses de l'école des Sœurs de Notre-Dame qui étaient encore en vie et qui étaient nées avant 1917. Cela signifie qu'elles avaient toutes entre 75 et 102 ans.
En 1930, alors que les sœurs avaient entre 18 et 32 ans, leur mère supérieure leur avait demandé d'écrire une courte autobiographie. Les chercheurs ont analysé les autobiographies de 180 religieuses qui avaient vécu dans des couvents à Milwaukee et à Baltimore.
Les chercheurs ont examiné, d'une part les mots contenant des émotions et d'autre part l'espérance de vie. En répartissant les religieuses en quartiles, ils ont constaté que c'était surtout le nombre d'émotions positives qui influençait l'espérance de vie.
Les nonnes qui avaient écrit sur le plus grand nombre de types d'émotions positives avaient un risque de mortalité quatre fois moins élevé que les nonnes qui exprimaient le moins d'émotions positives. La différence d'espérance de vie entre ces deux groupes était de 10,7 ans.
La figure ci-dessous montre les courbes de survie des quatre groupes de nonnes. Le quartile 1 est le groupe de nonnes ayant le plus petit nombre de phrases décrivant une émotion positive ; le quartile 4 est le groupe de nonnes ayant le plus grand nombre de phrases positives. L'espérance de vie des nonnes du quartile 4 dépassait de 6,9 ans celle des nonnes du quartile 1.
Les chercheurs ont calculé que pour chaque augmentation de 1 % du nombre de phrases positives, le risque de mortalité des religieuses diminuait de 1,4 %.
Les chercheurs ont été surpris par l'ampleur de l'effet constaté. Ils se demandent comment le monde scientifique scientifiques ne l'avait pas noté auparavant. La raison évoquée est la croyance qu'une attitude positive face à la vie est souvent associée à un comportement malsain. Ce phénomène n'est susceptible d'apparaître que si l'on étudie des groupes de personnes qui ne sont pas en mesure d'adopter un mode de vie malsain, comme les religieuses.
D'ailleurs l'étude de H. S. Friedman suggérait que les participants joyeux étaient plus susceptibles d'adopter des comportements à risque pour la santé, tels que la consommation excessive d'alcool et de tabac. "On s'attendrait à ce que ces comportements perturbent les avantages physiologiques potentiels d'un modèle omniprésent de réactivité émotionnelle positive", écrivent-ils. "En revanche, tous les participants à l'étude actuelle avaient mené un style de vie dans lequel de tels comportements à risque pour la santé étaient improbables et, par conséquent, l'impact physiologique d'un style émotionnel positif était presque certainement renforcé."
Commentaires pour les coachs de santé
Suite de cette recherche, de nombreux travaux ont été lancés pour identifier le secret des liens entre émotions positives et longévité. Plus de 20 ans de travaux sur le sujet montrent que les émotions positives sont liées à de nombreux bénéfices sur le plan de la santé physique, à une résistance plus élevée aux infections, une probabilité diminuée d'accidents cardiovasculaires et vasculaires cérébraux, et comme on l'a vu chez les nonnes, une longévité prolongée. Les émotions ont donc un rôle important à jouer dans la santé mentale, et aussi dans la santé physique. Il serait cependant dangereux de penser que l'on va guérir d'une maladie grave uniquement grâce au pouvoir des émotions positives. C'est pour moi un élément favorisant mais insuffisant
Sources
(1) Positive emotions in early life and longevity: Findings from the nun study ; Danner, D. D., Snowdon, D. A., & Friesen, W. V. (2001). Journal of Personality and Social Psychology, 80(5), 804–813. https://doi.org/10.1037/0022-3514.80.5.804
(2) Personality and Longevity : Paradoxes. H. S. Friedman, In : Research and Perspectives in Longevity 1999, pp 115-122] The Paradoxes of Longevity pp 115-122 |
(3) Take it to heart: Positive emotions may be good for health; Karen Feldscher; August 15, 2011; Harvard Public Health Review ; https://www.hsph.harvard.edu/news/features/positive-emotions-health-kubzansky-html/
(4) The power of positive emotions: it's a matter of life or death--subjective well-being and longevity over 28 years in a general population; Jingping Xu , Robert E Roberts; Health Psychol. 2010 Jan;29(1):9-19. doi: 10.1037/a0016767. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20063931/
