Certaines pratiques méditatives cherchent plus à réguler l'état de stress qu'à le réduire, afin d'atteindre un état de concentration et d'attention plus élevé.
Les pratiquants de la méditation de pleine conscience apprenent à être vigilants sur le contenu de leurs pensées, à expérimenter un état de relaxation et à réduire leur stress afin d'améliorer leur niveau d'attention et de concentration. Les études scientifiques ont jusqu'à présent recherché une meilleure compréhension de la neurobiologie de la méditation de pleine conscience. Une nouvelle étude propose pour la première fois une taxonomie scientifique des pratiques méditatives qui intégre non seulement les méditations de pleine conscience, mais aussi les pratiques méditatives "basées sur l'éveil" qui augmentent le sentiment de vigilance par une stimulation cérébrale
Cette recherche montre l'existence de différentes classes de techniques méditatives, telles que celles employées dans le Vajrayana (bouddhisme tantrique), par les soufis de la tradition islamique (derviches tourneurs) et par de nombreuses autres traditions, notamment le tantra hindou et les arts martiaux d'Asie orientale. Avant cette recherche, les mécanismes de ces techniques étaient inconnus.
Pour le professeur associé Kozhevnikov, les résultats de cette étude démontrent pour la première fois, qu'il est possible de stimuler le cerveau, plutôt que de le détendre, afin d'atteindre un niveau de contrôle volontaire de notre stress ou de notre réaction de "lutte ou de fuite",et de maximiser ainsi les performances physiques et cognitives. Kozhevnikov explique : "Ces pratiques poussent leurs utilisateurs dans leurs limites, afin qu'ils puissent rester concentrés sur la tâche, en étant libres de toute pensée distrayante, même dans les situations les plus menaçantes. Nos résultats ouvrent la voie à un large éventail d'interventions médicales et comportementales potentielles qui permettent non seulement aux praticiens de la méditation de réguler le stress, mais aussi de stimuler les capacités physiques et attentionnelles sur demande, voire d'accéder à des ressources cérébrales latentes pour prévenir le déclin cognitif."
L'étude a porté sur 16 nonnes et moines pratiquants très expérimentés du Vajrayana dans des centres de longue retraite dans l'est du Bhoutan. Parmi ces sujets, dix étaient des experts d'une pratique légendaire et mystérieuse, le Tummo ("chaleur intérieure"), connue pour sa capacité supposée à générer une chaleur corporelle importante dans le froid glacial de l'Himalaya. Les chercheurs ont recueilli et comparé les données électrocardiographiques et électroencéphalographiques des pratiquants pendant qu'ils effectuaient une pratique méditative connue sous le nom de Mahamudra non tantrique (Mahamudra effectué après le repos) et une autre connue sous le nom de Mahamudra tantrique (Mahamudra effectué après la visualisation de soi en tant que divinité). Dix d'entre eux ont également pratiqué le Tummo.
Les chercheurs ont constaté que, comme les pratiques liées à la pleine conscience, le Mahamudra non-tantrique entraînait la relaxation, la vigilance et le contrôle des pensées. Cependant, la pratique de l'auto-visualisation en tant que divinité, ainsi que le Tummo qui utilisait une concentration et une visualisation chargées d'émotion accompagnées de techniques de respiration spécifiques, permettaient aux pratiquants d'atteindre l'état de stimulation cérébrale conduisant à une amélioration significative de leurs ressources attentionnelles. Ces travaux démontrent que ces pratiques méditatives peuvent transcender les limites normales de la condition humaine, et plus précisément d'atteindre des niveaux de performance et des capacités cognitives supérieurs à ceux habituellement disponibles.
En outre, la pratique du Tummo a permis d'atteindre un certain niveau de contrôle volontaire du système nerveux sympathique (un réseau de nerfs dans le corps qui active la réponse au stress/à la lutte ou à la fuite), ce qui était auparavant considéré comme impossible par la science médicale. Ce contrôle du système nerveux sympathique permettait aux pratiquants non seulement de manipuler le niveau de leurs ressources attentionnelles, mais aussi d'atteindre l'état de saillance mentale (état d'urgence de l'esprit) pendant la pratique finale du Mahamudra tantrique. Le professeur Kozhevnikov suggére qu'un tel contrôle du système nerveux sympathique est susceptible d'expliquer la capacité légendaire des pratiquants de Tummo à générer de la chaleur corporelle et à élever leur température corporelle centrale à des niveaux fébriles.
En donnant un exemple pour illustrer les avantages de ces pratiques méditatives, le professeur Kozhevnikov a déclaré : "Cette forme de méditation serait utile pour les personnes se trouvant dans des situations dans lesquelles elles ne peuvent pratiquer la médittation de pleine conscience pour réduire le stress. C'est par exemple le cas d'un pilote d'avion sur un champ de bataille, qui aurait besoin de réguler son stress et de rester concentré. Cette forme de méditation lui permettrait de rester très alerte et de bien exécuter sa mission dans un état de stress élevé." Kozhevnikov ajoute : "Pour diverses raisons, ces pratiques avancées du Vajrayana sont actuellement sur le point de disparaître. J'espère que cette étude permettra d'attirer l'attention des scientifiques sur ces pratiques en découvrant leur potentiel pour améliorer la cognition humaine, d'une part, et en contribuant à préserver leur patrimoine immatériel, d'autre part."
Le professeur Kozhevnikov et son équipe espèrent s'appuyer sur ces résultats pour comprendre la manière dont le corps réagit à différentes pratiques de méditation et utiiser ces enseignements pour des interventions médicales et comportementales. Ces intervention peuvent concerner l'utilisation de la méditation dans la prévention de diverses déficiences cognitives et du déclin cognitif lié à l'âge, afin d'atteindre un état de vigilance accrue malgré la perte des fonctions d'attention et de mémoire (par exemple, la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques et la démence). Des interventions de formation peuvent également s'adresser aux professions de la créativé (arts, sciences et musique) pour leur permettre d'atteindre des niveaux de créativité inégalés dans leurs domaines, et aussi pour leur apprendre à accéder à l'état d'éveil du cerveau et à stimuler les ressources physiques et attentionnelles sur demande.
Commentaires pour les coachs de santé
Cette étude démontre donc la puissance des relations corps esprits, et la possibilité de contrôler volontairement le fonctionnement du système nerveux sympathique, ce qui était auparavant considéré comme impossible par la science médicale. La science médicale me semble bien peu curieuse des pratiques non méditatives permettant d'obtenir un résultat identique. Tout dépend de ce qu'on attend du contrôle du système sympathique/adrénergique par la méditation. Une régulation symptomatique du stress et l'accès aux ressources fera souvent appel à la visualisation et à la respiration. Une régulation causale et durable du déséquilibre des systèmes sympathiques et parasympathique interviendra plutôt sur les événements du passé qui sont aux sources de stress chronique. Selon moi, de nombreux psychothérapeutes savent faire cela. Dans les deux cas un éveil de la conscience et la réductionn du stress permet d'accéder aux ressources.
Les experts de la pratique du Tummo capables de générer une chaleur corporelle importante devraient avoir un franc succès par les temps qui courrent de sobiété énergétique. Quel rêve de passer l'hiver en remplacant le chauffage central externe par un chauffage central interne.
Sources
Une étude de NUS découvre une classe de pratiques méditatives qui produit des effets différents de la méditation liée à la pleine conscience ; 07 octobre 2022 Communiqués de presse Points forts de la recherche ; https://news.nus.edu.sg/nus-study-discovers-a-class-of-meditative-practices-that-produces-different-effects-from-mindfulness-related-meditation/
A Class of Meditative Practices That Produces Different Effects From Mindfulness-Related Meditation Neuroscience News Psychology,