L'adoption d'un plus grand nombre de facteurs de mode de vie sain à un âge plus jeune est associée aux gains les plus importants en termes d'espérance de vie, mais l'adoption de quelques-uns de ces facteurs à un âge plus avancé peut encore apporter des gains significatifs.
Une nouvelle étude portant sur plus de 700 000 anciens combattants américains montre que les personnes qui adoptent huit habitudes de vie saines à l'âge moyen peuvent s'attendre à vivre beaucoup plus longtemps que celles qui n'adoptent que peu ou pas de ces habitudes. Ces huit habitudes sont les suivantes :
1) être actif physiquement,
2) ne pas être dépendant des opioïdes,
3) ne pas fumer,
4) gérer son stress,
5) avoir une bonne alimentation,
6) ne pas boire régulièrement de façon excessive,
7) avoir une bonne hygiène de sommeil
8) avoir des relations sociales positives.
Selon les résultats préliminaires de l'étude These eight habits could lengthen your life by decades
1) L'adoption de huit habitudes de vie saines à l'âge moyen peut ajouter en moyenne 24 ans à la vie d'un homme et 21 ans à celle d'une femme.
2) Le manque d'activité physique, la consommation d'opioïdes et le tabagisme ont eu le plus grand impact négatif sur la durée de vie, augmentant le risque de décès de 30 à 45 %.
3) L'étude suggère que la médecine du mode de vie peut potentiellement modifier la trajectoire de l'augmentation des coûts des soins de santé associés aux médicaments sur ordonnance et aux procédures chirurgicales.
"Nous avons été très surpris de constater à quel point l'adoption d'un, de deux, de trois ou de l'ensemble des huit facteurs de mode de vie pouvait être bénéfique", a déclaré Xuan-Mai T. Nguyen, spécialiste des sciences de la santé au ministère des anciens combattants et étudiant en quatrième année de médecine à la faculté de médecine de Carle Illinois. "Les résultats de nos recherches suggèrent que l'adoption d'un mode de vie sain est importante à la fois pour la santé publique et pour le bien-être personnel. Le plus tôt est le mieux, mais même si vous ne faites qu'un petit changement dans la quarantaine, la cinquantaine ou la soixantaine, cela reste bénéfique."
Pour les besoins de l'étude, les chercheurs ont utilisé des données provenant de dossiers médicaux et des questionnaires recueillis entre 2011 et 2019 auprès de 719 147 personnes inscrites au Veterans Affairs Million Veteran Program, une vaste étude représentative à l'échelle nationale des anciens combattants américains. L'analyse a porté sur les données d'adultes âgés de 40 à 99 ans et a pris en compte 33 375 décès au cours de la période de suivi.
Dans l'ensemble, les résultats ont montré que le manque d'activité physique, la consommation d'opioïdes et le tabagisme avaient le plus grand impact sur la durée de vie ; ces facteurs étaient associés à un risque de décès plus élevé d'environ 30 à 45 % au cours de la période d'étude. Le stress, la consommation excessive d'alcool, une mauvaise alimentation et une mauvaise hygiène de sommeil étaient chacun associés à une augmentation d'environ 20 % du risque de décès, et le manque de relations sociales positives était associé à une augmentation de 5 % du risque de décès.
Impact estimé de l'adoption d'un nombre différent de facteurs de mode de vie sain sur les années supplémentaires d'espérance de vie chez les femmes par rapport à celles n'ayant aucune de ces habitudes.
Selon les chercheurs, les résultats soulignent le rôle clé des facteurs liés au mode de vie, dans l'apparition des maladies chroniques telles que le diabète de type 2 et les maladies cardiaques, qui entraînent une invalidité et un décès prématurés. Les résultats permettent également de quantifier dans quelle mesure un mode de vie sain peut aider les individus à réduire leur risque de souffrir de ces maladies et à vivre plus longtemps. "La médecine du mode de vie vise à traiter les causes sous-jacentes des maladies chroniques plutôt que leurs symptômes", a déclaré M. Nguyen. "Elle constitue un moyen potentiel de modifier l'évolution des coûts des soins de santé, qui ne cessent d'augmenter en raison des médicaments délivrés sur ordonnance et des interventions chirurgicales. Le gain estimé d'espérance de vie lié à l'adoption des huit facteurs d'un mode de vie sain a légèrement diminué avec l'âge mais est resté significatif, ce qui signifie que l'adoption d'habitudes de vie plus saines à un âge plus avancé peut encore vous aider à vivre plus longtemps. "Il n'est jamais trop tard pour adopter un mode de vie sain", a déclaré M. Nguyen.
En tant qu'étude d'observation, la recherche ne prouve pas définitivement la causalité, note Nguyen. Cependant, les résultats s'alignent sur un nombre croissant de recherches qui soutiennent le rôle des facteurs liés au mode de vie dans la prévention des maladies chroniques et la promotion d'un vieillissement en bonne santé.
Les résumés présentés à NUTRITION 2023 ont été évalués et sélectionnés par un comité d'experts mais n'ont généralement pas été soumis au même processus d'examen par les pairs que celui requis pour la publication dans une revue scientifique. Par conséquent, les résultats présentés doivent être considérés comme préliminaires jusqu'à ce qu'une publication évaluée par des pairs soit disponible. NUTRITION 2023 est la réunion phare de l'American Society for Nutrition et le principal événement éducatif pour les professionnels de la nutrition du monde entier. NUTRITION rassemble des scientifiques de laboratoire, des cliniciens praticiens, des chercheurs en santé des populations et des chercheurs en intervention communautaire afin d'identifier des solutions aux problèmes majeurs d'aujourd'hui.
Commentaires pour les coachs de santé
Les résultats de cette étude montrent clairement les bénéfices de longévité qui peuvent être obtenus par l'adoption d'un mode de vie sain, et aussi la nécessité d'aider les patients à changer leurs habitudes de vie. Et aussi combien le monde de la santé va avoir besoin d'expert des changements comportementaux tels que les coachs de santé. M. Nguyen déclare que la solution se trouve dans la médecine du mode de vie, qui vise à traiter les causes sous-jacentes des maladies chroniques plutôt que leurs symptômes. La médecine du mode de vie est une approche médicale qui se concentre sur des changements, tels que l'activité physique, l'alimentation, la gestion du stress et le sommeil, pour prévenir les problèmes chroniques et promouvoir la santé et le bien-être en général. En encourageant des choix de vie sains, la médecine du mode de vie traite "les causes et les problèmes à la racine de ces maladies, et pas seulement les symptômes". L'hypothèse de cette médecine de style de vie est que les causes sous-jacentes des maladies chroniques se trouvent dans les mauvaises habitudes de vie, ce qui n'est qu'en partie vrai. Car les mauvaises habitudes de vie résultent d'un stress chronique qui lui-même a souvent pour origine des événements précoces de la vie, ce que la recherche nomme les ACE ou Adverse Childhood Expériences. Et dans ce cas la médecine du mode de vie a besoin de compétence pour aider les patients à retrouver les événements précoces de vie et modifier leur impact sur le stress chronique et leurs conséquences néfastes à long terme sur la santé.
Les principales conclusions des dizaines d'études utilisant les données originales sur les ACE sont les suivantes : (1) Les ACE sont assez fréquentes, même au sein d'une population de classe moyenne : plus des deux tiers de la population déclarent en avoir subi un, et près d'un quart en ont subi trois ou plus. (2) Il existe une corrélation puissante et persistante entre le nombre d'ACE vécus et la probabilité de mauvais résultats plus tard dans la vie, notamment un risque considérablement accru de maladie cardiaque, de diabète, d'obésité, de dépression, de toxicomanie, de tabagisme, de mauvais résultats scolaires, d'inactivité professionnelle et de décès prématuré.
Le stress toxique est l'activation excessive des systèmes de réponse au stress sur le cerveau de l'enfant, ainsi que sur le système immunitaire, les systèmes de régulation métabolique et le système cardiovasculaire. L'expérience des ACE déclenche tous ces systèmes de réponses et explique comment les traumatismes liés à l'enfance " s'infiltrent dans la peau " et déclenchent des réactions biologiques qui conduisent à ces résultats, surtout s'il n'a pas de relations de soutien avec des adultes pour offrir une protection tampon à l'enfant. Ces expériences déclenchent une réaction de stress excessive et durable, qui peut avoir un effet d'usure sur le corps, comme le fait de faire tourner le moteur d'une voiture pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines d'affilée. Il est important de noter que la réponse au stress du corps ne fait pas de distinction entre les menaces manifestes provenant de l'intérieur ou de l'extérieur de l'environnement familial, il reconnaît simplement qu'il y a une menace et se met en état d'alerte maximale.
L'approche idéale des ACE est avant tout préventive, telle que la réduction du stress, l'établissement de relation de soutien et le renforcement des aptitudes à la vie quotidienne. Les mentions sur le besoin de revenir aux sources des croyances limitantes sont très rares. Probablement parce que la plupart des professionnels de santé sont souvent dans la méconnaissance des remarquables travaux des psychothérapies brèves. C'est comme si ces deux mondes évoluaient en parallèle, ave bien peu de concertations. Pour Cyril Tarquinio, professeur de psychologie médicale de l'Unniversité de Metz ill est bien difficile de traiter efficacement une maladie chronique sans prendre en compte les événements de la vie qui ont été la source d'un stress toxique. Pour cela il propose les personnes souffrant de maladies chroniques de se faire accompagner par des psychothérapeutes utilisant des techniques telles que l'EMDR et l'EFT
Sources
These eight habits could lengthen your life by decades ; AMERICAN SOCIETY FOR NUTRITION ; Reports and Proceedings; ; NEWS RELEASE 24-JUL-2023; EurkAlert https://www.eurekalert.org/multimedia/991878
