Le rôle des psychothérapeutes dans l'efficacité des traitements

Le rôle des psychothérapeutes dans l'efficacité des traitements

Une étude identifie un élément clé de la relation thérapeute-client dans l'amélioration des résultats thérapeutiques

Les différents psychothérapeutes utilisent des processus thérapeutiques communs avec des avantages variables pour les patients. Les résultats d’une étude publiée dans le Journal of Consulting and Clinical Psychology, pourraient conduire à des pratiques cliniques et des formations plus personnalisées des thérapeutes afin de les aider à maximiser leur impact thérapeutique et à améliorer les résultats attendus par les patients.

"La recherche s’est longtemps focalisée sur les types d’interventions ou les contributions du patient aux résultats de la thérapie, ce qui apparaît logique à bien des égards, mais malheureusement la contribution du thérapeute a été quelque peu négligée", explique Alice Coyne l'auteur principal de l’étude. "Nos formations actuelles des thérapeutes, souvent standardisées, ont tendance à ne pas favoriser l’amélioration constante des résultats chez les patients. Nous pensons que la personnalisation de la formation en fonction des forces et faiblesses uniques de chaque thérapeute pourrait améliorer à terme les résultats de la formation."

En collaboration avec le co-auteur Michael Constantino, professeur de psychologie clinique et directeur du laboratoire de recherche en psychothérapie de l'UMass Amherst, Mme Coyne a mené ces recherches dans le cadre de sa thèse de doctorat.  

Le premier objectif a été de tester l’hypothèse selon laquelle les patients ressentent une meilleure amélioration symptomatique et fonctionnelle en psychothérapie en présence d’une alliance de qualité patient-thérapeute, et aussi quand le patient a une réelle attente positive de changement.

Le second objectif a cherché à savoir si ces associations pouvaient différer en fonction de l'identité du thérapeute. "Une technique donnée entre les mains d'un thérapeute peut sembler très différente entre les mains d'un autre thérapeute", explique Coyne. "Pour faire simple, un thérapeute peut utiliser sa relation avec ses patients comme un moyen clé de facilitation de l'amélioration de l’état du patient ; ou pour favoriser d'autres stratégies, comme par exemple une culture positive des attentes de changement."

Le troisième objectif a cherché à savoir si certaines caractéristiques des thérapeutes permettent de prédire quels sont les thérapeutes qui ont tendance à s’appuyer sur les processus relationnels et leur croyance pour obtenir un plus grand bénéfice thérapeutique.

Pour évaluer ces questions, les chercheurs ont analysé les données de 212 adultes traités par 42 psychothérapeutes dans le cadre d'un essai randomisé comparant les méthodes d'affectation des sujets dans les soins de santé mentale communautaires. Tout au long du traitement, dont la durée et la nature variaient, les patients ont répondu à plusieurs reprises à des enquêtes visant à mesurer la qualité de leur alliance avec le thérapeute et leurs attentes en matière d'amélioration.

L’hypothèse de Coyne et Constantino selon laquelle une meilleure qualité d'alliance et une attente de résultat plus positive étaient en général associées à de meilleurs résultats de traitement s’est avérée correcte. De plus, comme prévu, les thérapeutes ont montré différentes forces et faiblesses dans leur utilisation des processus relationnels et de leur croyance.

Selon les auteurs, les thérapeutes qui utilisent le plus efficacement l'alliance pour promouvoir l'amélioration de l’état du patient sont ceux "... qui font preuve d'humilité dans l'évaluation de leurs propres capacités à favoriser l'alliance".

Connais-toi toi-même de façon humble peut être un enseignement utile à retenir de cette recherche. “Si vous apprenez ce que vous faites particulièrement bien en tant que thérapeute, alors vous pouvez adapter votre pratique et jouer de vos points forts”, explique Coyne.

Commentaires pour les coachs de santé

Les psychothérapeutes sont donc invités à s’améliorer en faisant preuve d’humilité dans leur capacité à établir l’alliance avec leur client. Je pense qu’il en est de même des coachs et de tous les métiers d’accompagnement. Si l’alliance est un élément clé de l’efficacité de l’accompagnement, comment l’améliorer ? Une manière simple est de prendre un peu de temps à la fin de la séance pour évaluer celle-ci, en demandant « Qu’avez-vous appris et retenu de ce que nous avons fait ensemble, tant au niveau du thème abordé que de la relation. Qu’avez-vous apprécié ?  Qu’est-ce qui vous a déplu ? Qu’auriez-vous attendu pour que la relation de passe encore mieux ? » Il faut en effet un minimum d’humilité pour demander ces feedbacks. En posant ces questions l’intervenant se positionne, non pas comme un élément extérieur et observateur du processus de changement, mais comme faisant partie intégrante du processus de changement en cours. Il accepte ainsi de reconnaître que son propre vécu (état interne, pensées, croyances…) peut grandement influencer l’efficacité de l’intervention. L’égo du thérapeute peut donc constituer un obstacle majeur à l’efficacité du processus de changement. 

Source

Alice E. Coyne, Michael J. Constantino, James F. Boswell, David R. Kraus. Therapist-level moderation of within- and between-therapist process–outcome associations.Journal of Consulting and Clinical Psychology, 2021; DOI: 10.1037/ccp0000676

Role of psychotherapists in treatment effectiveness." ScienceDaily. 19 November 2021.