Le RTM serait le meilleur traitement du SSPT ?

Le RTM serait le meilleur traitement du SSPT ?

Un article récent de Gary Trudeau sur le Washington Post  "The best PTSD treatment you’ve never heard of " décrit le RTM ou Reconsolidation of Traumatic Memories comme le meilleur traitement actuel du SSPT ou Syndrome du Stress Post Traumatique, un protocole évalué par plusieurs études contrôlées et issu des modèles de la PNL ou Programmation Neuro-Linguistique.

Garry Trudeau, un célèbre auteur de bandes déssinées aux USA, a assisté à la conférence annuelle de l' International Society for Traumatic Stress Studies au cous de laquelle Michael Roy, médecin au Walter Reed National Military Medical Center a présenté les résultats préliminaires d'une étude comparant deux traitements du syndrome de stress post-traumatique : la thérapie d'exposition prolongée (EP), longtemps considérée comme l'étalon-or, et une nouvelle approche appelée Reconsolidation des Mémoires Traumatiques (RTM). Michael Trudeau raconte la surprise des participants de la salle à l'annonce des résultats. 

L'efficacité d'un traitement su SSPT est évalué sur deux crtières principaux, d'une part l'apparition d'une rémission complète des symptômes, et d'autre part la disparition des signes permettant d'établir le diagnostic. L'étude de Michael Roy, toujours en cours, a été réalisée en double aveugle, et de ce fait les résulttas présentés combinait ceux des deux traitements. Le taux global de réussite était de 60 %, un résultat stupéfiant pour les experts du traitement du SSPT, du fait que le taux de rémission connu de l'Exposition Prolongée (EP) se situe entre 30 et 40 %, de sorte que le chiffre combiné de 60 % ne pouvait signifier qu'une seule chose : le nouveau traitement RTM était en train de progresser de manière spectaculaire.

"Depuis le fond de la salle, les chercheurs de l'EP ont jeté un coup d'œil à Roy : C'est trop beau pour être vrai, mec. Sauf que ce n'était pas le cas. Par la suite, ses collègues l'ont chaleureusement félicité. L'un des principaux chercheurs a déclaré au créateur de la RTM, Frank Bourke, que la présentation avait été un "coup de maître". Au même moment, un chercheur sur le SSPT du ministère des anciens combattants s'est approché de l'un des coéquipiers de Frank Bourke et lui a dit froidement : "Je ne pense pas qu'il soit utile de chercher la bagarre", comme si le succès de RTM avait été une provocation."

"Les résultats définitifs de l'étude comparative présentée par M. Roy, sont attendus dans le courant de l'année et refléteront probablement ceux de quatre études cliniques pécédentes. De nombreux traumatologues, n'ont pas attendu : plus de 300 thérapeutes de cabinets privés, de centres de santé locaux et de Vet Centers ont déjà adopté le protocole RTM pour traiter le SSPT. Il est utilisé en première intention en Pologne, ainsi que dans l'Ukraine assiégée, qui a une liste d'attente de 160 thérapeutes devant être formés."

"Toute avancée scientifique prometteuse doit toujours être accueillie avec scepticisme et faire l'objet d'un examen approfondi des données qui l'étayent. Mais elle ne doit jamais être ignorée. Malgré les meilleures intentions et les milliards de dollars consacrés à la recherche, à la formation et au traitement, l'industrie du SSPT est restée imperméable aux appels à l'accélération de l'innovation et à l'amélioration de l'efficacité des traitements des traumatismes. Il faut que cela change - et un protocole aussi efficace que la RTM est un bon point de départ."

"Frank Bourke, 80 ans, professeur à Cornell à la retraite, a découvert son traitement presque par hasard. En 2001, il a été invité à rejoindre une équipe de thérapeutes qui aidaient plusieurs centaines de survivants traumatisés par les attentats du 11 septembre 2001 au World Trade Center. Il travaillait avec un modèle existant pour traiter les phobies, et il a pensé qu'avec quelques modifications, ce modèle pourrait également fonctionner pour guérir les traumatismes." "Au cours de l'année suivante, Bourke a traité avec succès plus de 250 patients souffrant de SSPT. Ces formidables résultats auraient pu suffire à attirer l'attention de la communauté des chercheurs en traumatologie si Bourke n'avait pas développé un cancer"... ce qui lui a demandé plusieurs années pour retrouver la santé et l'équilibre 

Malgré cela, Bourke et ses collègues ont poursuivi le développement des études contrôlées sur l'afficacité du protocole RTM, obtenant un taux de rémission de 90 % pour les symptômes et les diagnostics de SSPT, "dépassant même les résultats qu'il avait obtenus avec les patients du 11 septembre." En 2010, alors que l'armée américaine était encore fortement engagée en Irak et en Afghanistan, M. Bourke a contacté les principaux chercheurs sur le SSPT des forces armées pour leur présenter ses conclusions."

"Cela ne s'est pas bien passé. Après une audition respectueuse mais futile à l'Institut de recherche médicale de l'armée à Fort Detrick, le principal scientifique a suivi Bourke sur le parking pour lui parler. Si son équipe soutenait un traitement apparemment aussi efficace que la RTM, a-t-il dit à Bourke, elle mettrait en péril sa propre carrière ; le ministère de la défense avait déjà investi plus d'un milliard de dollars dans l'étude de thérapies plus conventionnelles contre le syndrome de stress post-traumatique. Le message était clair : Bourke devait se débrouiller seul.
Les conséquences ont été tragiques. Jusqu'à 20 % des vétérans d'Irak et d'Afghanistan souffrent encore de SSPT chaque année, et le gouvernement fédéral estime que, depuis le 11 septembre, plus de 30 000 membres des forces armées et vétérans sont morts par suicide. Les traitements classiques tels que la thérapie cognitive de traitement et l'exposition prolongée ont une capacité limitée à obtenir une rémission des symptômes et une perte du diagnostic, nécessitent des séances prolongées et présentent des taux d'abandon de 50 % et plus."

"En revanche, la RTM ne nécessite que trois ou quatre séances, d'une durée totale d'environ cinq heures, et n'implique ni médicaments ni retraumatisation. Les thérapeutes peuvent être formés en trois jours et le traitement peut être réalisé en ligne. Mieux encore, les effets sont durables. Comme l'a dit un ancien combattant : "Qui aurait cru qu'il était possible de rééduquer son cerveau en quelques heures, sans médicaments, pour s'affranchir des événements traumatisants qui vous écrasent et vous donnent envie de mourir ?"

F. Bourke explique le mode d'action du RTM de la façon suivante : "La technique est en fait une intervention neurologique qui prend un souvenir traumatique et le restructure à l'aide de plusieurs exercices comme la visualisation d'un film en noir et blanc. Le souvenir révisé actualise l'original - c'est la reconsolidation". "Ce qui semble simple est en fait très sophistiqué et a été continuellement amélioré au fil des ans. La reconsolidation a été découverte à la fin des années 1960 par des neuroscientifiques qui étudiaient le processus de stockage et de récupération des souvenirs.Ce qui différencie la RTM des traitements précédents, c'est qu'il ne s'agit pas d'une psychothérapie, mais d'une intervention dirigée qui se déroule en 89 étapes distinctes et qui a fait l'objet d'un manuel. Ce séquençage formel est ce qui rend la formation des praticiens si facile."

Gary Trudeau discute des actions qu'il faudrait mener pour que la RTM puisse dévenir une pratique courante. Il propose que le Congrès mène  une enquête sur l'incapacité de la Veteran Administration et du Pentagone à soutenir pleinement les nouvelles approches thérapeutiques, dont les psychédéliques, et surtout la RTM, qui a démontré son efficacité et son innocuité depuis plus de vingt ans. G. Trudeau considère que l'utilisation du RTM pourrait etre une source considérable d'économies dans le traitement du SSPT chez les militaires, soit plus de 25 000 dollars par an et par individu pour les thérapies traditionnelles contre 1 000 dollars par individu pour le traitement par RTM. Enfin, G. Trudeau propose que le Congrès alloue des fonds à l'Agence de santé de la défense pour la réalisation de nouvelles études comparatives, la formation des thérapeutes pour qu'ils puissent soulager les souffrances des membres des forces armées et des anciens combattants." il n'y a aucune raison de refuser au personnel militaire le soulagement dont il a besoin maintenant."

Gary Trudeau rapporte que des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent au sein de la communauté des vétérans, "en faveur d'une accélération des études contrôlée, notamment le contre-amiral Dennis Wisely, retraité de la marine, le lieutenant-général Frank Kearney, retraité, et le vice-amiral David Buss, retraité. La Légion américaine exhorte les secrétaires à la défense et aux affaires des anciens combattants à adopter le protocole comme option de traitement" G. Trudeau cite le témoigage de Mike Moreno, un vétéran du Viêt Nam  :"Enfin, après presque 55 ans, j'ai trouvé une thérapie qui a éliminé les démons avec lesquels j'ai vécu toutes ces années. Je suis redevenu un meilleur mari, père, grand-père et ami. Je suis enfin chez moi."

Sources

The best PTSD treatment you’ve never heard of, By Garry Trudeau, Washington Post July 10, 2023 at 7:00 a.m. EDT

Commentaires  

Il fallait probablement la notoriété de G. Trudeau, un non spécialiste du traitement du SSPT, pour contribuer à mieux faire connaître l'intérêt et l'efficacité du protocole RTM. De nombreux experts de la PNL ont critiqué cet article en déclarant que les sources PNL (Programmation Neuro-Linguistique) du protocole n'ont pas été citées. Frank Bourke, un médecin, psychologue et maitre praticien en PNL, sait pertinemment que le simple mot PNL peut parfois provoquer des allergies et bloquer toute curiosité vis-à-vis des travaux sur le RTM et des sponsors financiers potentiels. De plus Frank Bourke a expliqué les sources du RTM en s'adressant à G. Trudeau qui ne devait rien connaître du monde de la PNL. Frank Bourke a lancé et nommé sa démarche "Research And Recognition Project " en 2006, avec la collaboration au départ d'un certain nombre d'experts de la PNL, dont Steve Andreas, Richard Gray, Shelle Rose Charvet (Modèle du LAB Profile) mais en devenant ultérieurement très discret sur les origines PNL du protocole RTM. Sur le site de F. Bourke, la page décrivant l'historique du RTM ne fait maintenant plus aucune référence à la PNL. Il en est de même de sa vidéo sur Youtube. Je pense que l'intention positive de "l'omission" volontaire de F. Bourke a été probablement de protéger le RTM de toute "destruction" précoce, avant l'obtention de résultats cliniques probants pour la reconnaissance du RTM. Quoi qu'il en soit, le RTM est un traitement efficace du SSPT, et ayant été formé à l'utilisation du RTM il y a quelques années, je peux témoigner de son efficacité rapide.

Sans être un spécialiste de l'histoire du RTM, voici ce que j'en sais :  l'origine du RTM est la dissociation V/K pour les phobies décrite par Richard Bandler dans Frogs into Princes (1979) et Using Your Brain for a Change (1985) ; Connirae et Steve Andreas, ont adapté le protocole de R. Bandler à son utilisation dans le traitement des traumatismes (Heart of the Mind, 1987) Robert Dilts et Judith Delozier, dans Encyclopédia of NLP 2000, page 1417) décrivent le Trauma Process Procedure comme une combinaison des protocoles de la dissociation VK et du changement d'histoire de vie (la construction d'une histoire plus aidante après la phase de "désensibilisation"). 

A ma connaissance c'est Tim Hallbom, un autre grand nom de la PNL qui, sur les recommandations de Tom Best (lui-même inspiré du travail du guérisseur d'Hawaï Serge King), a ajouté la technique du "retours en arrière, un passage rapide, dans un état associé, de l'état désiré à l'état présent. Cette technique a par la suite été nommée "Rewind Process" par David Muss (publié dans British Journal of Clinical Psychology en 1991), et approuvée par la suite par le NHS (2003).  F. Bourke et R. Gray ont eu l'immense mérite d'avoir amené ce protocole dans le champ de la recherche clinique, afin de le faire reconnaitre et de lui donner sa juste place dans le champ des traitements du SSPT. Ils ont cru que c'était possible, malgré tous les préjugés négatifs des milieux académiques sur les techniques et modèles PNL, et ont brillamment réussi, comme en témoigne l'article du Washington Post. Il reste maintenant à diffuser le plus largement cette technique, et je serai ravi d'y contribuer, du moins dans le monde francophone. En France, je voudrais rendre hommage au travail du psychiatre Jacques Guinard qui poursuit régulièrement des études cliniques pour faire connaitre les applications de la PNL et de l'hypnose dans le traitement du SSPT.

Jean Luc Monsempès 19 juillet 2023