Le clignement des yeux permet au cerveau de se reposer

Le clignement des yeux permet au cerveau de se reposer

Nous clignons des yeux pour les humidifier, mais aussi pour permettre à notre cerveau de se reposer

Nous passons près de 10% de notre temps de veille à cligner des yeux, soit environ 10 000 fois par jour, nos rétines étant alors privées d'informations visuelles pendant des périodes comprises entre des dizaines et des centaines de millisecondes (500 millisecondes équivaut à une demi-seconde). La fréquence des battements de paupières est cependan bien supérieure à celle qui serait utile pour humidifier les yeux. 

Le clignement des yeux permet au cerveau de se reposer

Des neuroscientifiques de l’Université d’Osaka (1) ont découvert que le clignement des yeux permet au cerveau de se reposer. Les volontaires adultes de l'étude, ont été invités à regarder des extraits d’un film de Mr Bean. On a mesuré le nombre de clignements par minute, ainsi que l’activité cérébrale par imagerie fonctionnelle (IRMf). Les résultats montrent que lorsque les yeux clignent, on note une réduction de l’activité des zones du cerveau impliquées dans l’attention aux stimulations extérieures, et une augmentation de l'activité des régions qui participent au « mode par défaut », c’est-à-dire le réseau qui intervient lorsque nos pensées se tournent vers l’intérieur.

Les auteurs en déduisent que le clignement permet en quelque sorte de se couper de l’extérieur ; et que lorsque nous avons besoin de cligner plus intensément des yeux, cela répondrait à un besoin de reposer l’attention. De fait, chacun a déjà pu observer que la fatigue accentue le phénomène.

Le psychologue Albert Vrij, de l’Université d’Amsterdam a noté que les suspects interrogés par la police clignent moins des yeux quand ils mentent, car leur attention est importante. Une fois le mensonge terminé, la fréquence des battements de paupières double, montrant que l’attention se relâche pour se reposer.  Le cerveau déclenche donc automatiquement un battement de paupières lorsqu’il repère des moments où son attention est moins nécessaire, comme pour passer un coup d'éponge sur le tableau noir de la conscience ou pour le « recharger ». Tamami Nakano avait découvert que lorsque plusieurs personnes regardent un film, leurs battements de paupières se synchronisent. Elles clignent des yeux au moment où le film requiert le moins d’attention. Puis, dès que l'intrigue requiert à nouveau toute l'attention du spectateur, les yeux clignent moins.

Le clignement des yeux provoque un arrêt temporaire de votre perception du temps qui passe

D’autres travaux (2) ont montré que clignement des yeux provoque un arrêt temporaire de notre perception du temps qui passe.
Pour leur recherche, les auteurs ont recruté 22 participants pour réaliser une tâche visuelle, et 23 autres une tâche auditive. Avant le début de la tâche visuelle, les participants ont du montrer un cercle blanc pendant une période "courte" (0,6 seconde) ou une période "longue" (2,8 secondes). Puis on leur a montré un cercle blanc sur un écran pendant des périodes de temps variables, et on leur a demandé de juger si la durée de chaque apparition était plus proche de la période "courte" ou de la période "longue". Les participants du groupe auditif ont fait le même exercice, mais en évaluant la durée du bruit. Dans les deux groupes, un tracker oculaire par vidéo a mesuré en permanence le clignement des yeux et le diamètre de leur pupille.

Les résultats montrent que les participants ont sous-estimé la durée de l'apparition du cercle blanc s'ils clignaient des yeux pendant qu'ils le regardaient. Pour le groupe auditif, en revanche, le clignement des yeux n'a eu aucun impact sur ses jugements sur la durée du bruit. 

Ces résultats posent de nombreuses questions. Par exemple en écoutant parler quelqu'un tout en le regardant, le clignement des yeux aurait-il un effet sur notre perception de de son temps de parole ? Les chercheurs ne peuvent répondre à cette question « Il est possible que pendant les périodes de manque d'information d'un sens, le flux d'information d’un autre sens prenne le dessus sur notre perception du temps », suggère l’auteur. « Une autre possibilité est que si un sens est plus fortement pondéré par le cerveau - comme c'est le cas pour la vision en regardant une personne parler - le temps subjectif dépendra principalement de ce sens et sera donc déformé par la perte d'information dans ce sens. » 

D'autres études ont montré que ce n'est pas le manque de stimulation de la rétine, en soi, qui modifiera la perception du temps, mais plutôt l'amortissement de l'activité dans le cortex visuel - un processus déclenché automatiquement par des clignements involontaires des yeux, et qui contribue à notre expérience visuelle. Cela signifie que, si vous souhaitez suspendre délibérément le temps, ouvrir et fermer les yeux délibérément n'aura pas l'effet souhaité.

Commentaires pour les coachs de santé

Le plus important est de savoir que cligner des yeux permet au cerveau de se reposer. Car le clignement des yeux est souvent considéré comme un tic. Il est donc important de respecter ce processus. N'oublions pas que les battements des paupière, que l'on observe quand on suggère au sujet que la transe hypnotique peut advenir, indiquent souvent un approfondissement de la relaxation. Puis cette recherche montre que l'observation des battements de paupières de vos interlocuteurs, peuvent nous renseigner en un clin d'oeil sur leur degré d'attention. 

Sources

(1)  Blink-related momentary activation of the default mode network while viewing videos, T. Nakano et al.,PNAS, 2012

(2) Where Does Time Go When You Blink? Shany Grossman, Chen Gueta, Slav Pesin, First Published April 16, 2019 ; Psychological Science;