Les médecins sont formés à prodiguer des soins en faisant preuve d'empathie. Pourtant au fil des ans, un "programme caché" de l'enseignement médical va s'opposer à l'expression de l'empathie.
Un patient inquiet attend du médecin qu'il prenne la direction de la situation, mais aussi qu'il soit capable de comprendre ce qu’il ressent. Pourtant les patients et leurs familles peuvent être confrontées à des communications brutales ou à des attitudes d’indifférence. Comment expliquer le manque d'empathie parfois cruel, alors que les médecins sont maintenant formés à l'empathie.
Enseigner aux étudiants l'empathie et la communication
Dans les années 1990, les enseignants en médecine ont pris conscience que la formation des étudiants était trop axée sur les sciences biomédicales et ne tenait pas compte de l'expérience des patients et de leur famille. La plupart des écoles de médecine ont depuis déployé des efforts pour s'assurer que les futurs médecins possédaient bien les compétences pour être des praticiens empathiques.
Pour reprendre les mots de William Osler, créateur du premier programme de formation pour sortir les futurs médecins des amphithéâtres et les amener au chevet des malades : "Le bon médecin traite la maladie ; le grand médecin traite le patient qui a la maladie". Cette idée sous-tend la plupart des programmes d'études des écoles de médecine modernes, qui mettent l'accent sur les soins centrés sur la personne. L'approche centrée sur le patient étant une caractéristique de la formation médicale depuis plusieurs décennies, nous devrions en voir la traduction dans les pratiques. Mais ce n'est pourtant pas le cas.
Le besoin de s'intégrer
Les jeunes diplômés perdent leur empathie, du moins en partie, au fur et à mesure de l’avancement de leurs études de médecine et de leur formation postuniversitaire. Car un « programme caché » c’est-à-dire non écrit, va apprendre aux étudiants ce qui ne leur a pas été enseigné de manière formelle.
Apparu pour la première fois en 1968 dans le cadre scolaire par le spécialiste de l'éducation Philip Jackson, ce phénomène a ensuite été identifié dans tous les domaines de l'éducation, y compris la formation médicale.
Après la faculté de médecine, les futurs médecins entrent dans un nouvel environnement et commencent à modifier leurs attitudes et leurs comportements afin de s'aligner sur ceux des membres les plus anciens de la profession et ainsi "faire partie de l'équipe". Les étudiants qui adoptent les règles officieuses d'un environnement clinique peuvent être plus facilement acceptés au sein du groupe social.
Pendant leurs formations, les étudiants apprennent à repérer le langage non verbal de leurs patients, à utiliser l'écoute active et à poser des questions sur les préoccupations de leurs patients. Dans l'environnement clinique, les recherches montrent que les étudiants ne retrouvent pas ces compétences chez les cliniciens plus expérimentés qui les entourent ou chez les superviseurs qu'ils admirent et qu'ils veulent impressionner. Rapidement, les bonnes habitudes peuvent être remplacées par de moins bons comportements. Et, lorsque les étudiants deviennent eux-mêmes superviseurs et mentors, le cycle peut se poursuivre.
Faire de l'empathie la norme
Les cliniciens empathiques et chaleureux existent bel et bien. Le défi consiste à faire en sorte que ces cliniciens deviennent la norme plutôt que l'exception, et à changer l'environnement pour que le « programme caché » ait une influence positive sur les étudiants et les diplômés.
Les chercheurs, les établissements d'enseignement, les établissements de soins de santé et les patients peuvent créer et maintenir une attente culturelle et organisationnelle claire pour que les médecins répondent à une norme minimale de compétences en communication.
Tout d'abord, les chercheurs peuvent remettre en question les hypothèses sur la manière dont le système de santé empêche les médecins d'être empathiques. Les contraintes de temps sont souvent invoquées pour justifier l'absence de liens humains, mais les faits montrent que lors d'une consultation, une bonne communication centrée sur la personne ne prend pas plus de temps qu'une communication centrée sur le médecin. Et des liens empathiques forts peuvent non seulement améliorer les résultats pour les patients, mais aussi donner aux médecins une plus grande satisfaction professionnelle.
Récompenser les bons éléments
Les institutions universitaires de soins de santé, tels que les hôpitaux, devraient améliorer leurs programmes de formation pour soutenir les compétences de communication des médecins, et inonder le système de médecins empathiques. Elles devraient également soutenir les nouveaux médecins afin que le stress lié au travail et aux études n'entraîne pas un épuisement professionnel susceptible de bloquer l'empathie.
Les patients devraient être encouragés à donner des commentaires sur la communication de leurs médecins et à identifier des exemples positifs et négatifs de soins. Le système de soins de santé et les organisations professionnelles telles que l'Australian Medical Council devraient tenir compte de ces commentaires. La bonne communication et l'empathie devraient être explicitement récompensées, reconnues dans les processus d'embauche et de promotion.
Il incombe à chaque médecin d'être le meilleur médecin possible, mais il ne peut pas le faire seul. Nous pouvons tous contribuer à améliorer l'environnement et aider les étudiants en médecine à conserver leur empathie lorsqu'ils deviendront médecins.
Commentaires pour les coachs de santé
"Donner l'exemple n'est pas le principal moyen pour influencer les autres. C'est le seul.” Albert Einstein
Le meilleur processus d’apprentissage est le processus d’imitation. L'enfant se met à marcher en regardant ses parents. Nous apprenons par la modélisation intuitive, grâce à nos neurones miroirs, soit pas une modélisation analytiques c'est-à-dire une explication suivie d'une expérience. Ce que vos clients vont apprendre en coaching de santé ne viendra pas de ce que vous aurez dit, ils l'oublieront vite, mais de l'exemple que vous leur donnerez en matière de congruence personnelle.
Sources
Doctors are trained to be kind and empathetic, but a 'hidden curriculum' makes them forget on the job, by Eleonora Leopardi, Conor Gilligan, MedicalXPress DECEMBER 13, 2021The Conversation