La solitude est essentielle au bien-être 

La solitude est essentielle au bien-être 

Une fois que nos besoins fondamentaux de relations aux autres sont satisfait,  il est bien plus facile de passer du temps seul

Si le mot microbiote désigne la communauté diversifiée de micro-organismes vivant dans et à l’extérieur du corps, le microbiome désigne l'« aire biotique » (aire de vie) du microbiote, c’est à dire le corps qui héberge cette communauté microscopique et au sein de laquelle interviennent de multiples interactions. Les interactions au sein de ce microbiome influencent votre système immunitaire, votre humeur. Le maintien d'un équilibre au sein de cette communauté aurait un fort impact sur la santé mentale et physique. Le microbiome est aussi une métaphore utilisée par le professeur Jeffrey Hall de l'Université du Kansas pour expliquer son concept de "biome social", l'idée que le bien-être social dépend d'un mélange régulier et varié d'interactions. "Nous avons été fascinés par l'idée que nous avons dans votre corps un équilibre qui vous aide à rester en bonne santé", "Quand il n'y a pas d'équilibre, vous ne vous épanouissez pas et vous tombez malade. Son invitation est  "Pensons aux interactions humaines comme pour la nutrition".

L’étude repose sur l’analyse de plus de 10 000 interactions sociales enregistrées dans les journaux intimes d'environ 400 participants. À partir de ces données, les chercheurs ont pu dégager différents éléments clés d’un biome social sain.

En premier, il y a le rapport entre la connectivité et l'énergie dépensée. "Les meilleures interactions nous donnent le sentiment d'être très connectés, mais ne demandent pas beaucoup d'efforts", explique Hall. "Par exemple passer du temps avec son meilleur ami, est une interaction sociale nourrissante". Les autres éléments importants sont le niveau de proximité ressenti lors des interactions avec les personnes que vous voyez régulièrement, et ce dont vous parlez - un mélange de conversations profondes et superficielles étant préférable ; puis on trouve le choix que vous faites de vos relations, c’est à dire avec qui et quand.

L’élément le plus surprenant et la plus essentiel concerne la solitude. "Si de nombreuses recherches suggèrent que plus il y a d'interactions sociales, mieux c’est", dit Hall, nos résultats empiriques montrent que « le fait d’être seul et satisfait de l’être, est un excellent indicateur de votre santé sociale". Après un grand moment de convivialité  avec des amis ou votre famille, même les plus extravertis apprécieront cde prendre un peu de temps pour eux. "Quand les individus ont eu une interaction nourrissante au début de la journée, ils ont encore plus de chances d'être heureux seuls plus tard", dit Hall.

Il existe cependant une différence entre solitude et isolement. Car si le sentiment de solitude peut être source de satisfactions, l’isolement est un sentiment désagréable qui, pour Hall, peut provenir du besoin biologique d'être avec les autres. "Des recherches suggèrent que le sentiment d’isolement est un déclencheur. Nous ressentons l'isolement et nous sommes donc incités à entrer en contact avec d'autres personnes", dit Hall "Nous avons développé des mécanismes qui nous poussent à des interactions sociales parce qu'elles nous protègent et nous nourrissent. »

Mais comme pour un microbiome unique à chaque personne, nous avons chacun notre propre "biome social" comportant un seuil permettant de savoir où finit la solitude souhaitée et où commence l’isolement. Nous pouvons constater qu’il y a autours de nous des personnes très entourées qui peuvent se sentir seules, et d’autres qui sont assez seules mais qui ne ressentent pas de solitude. La solitude serait aux relations sociales ce qu’est la satiété au besoin de nourriture. Après avoir satisfait nos besoins fondamentaux de connexions aux autres,  il est bien plus facile de passer du temps seul avec soi même. 

Sources

Connecting Everyday Talk and Time Alone to Global Well-Being ; Jeffrey A Hall,  Andy J Merolla ; Human Communication Research, Volume 46, Issue 1, January 2020, Pages 86–111, https://doi.org/10.1093/hcr/hqz014