L'intelligence est une question de connectivité

L'intelligence est une question de connectivité

L'intelligence, un phénomène d'adaptation de l'ensemble du cerveau à différentes exigences, s'aplique t-elle a la santé ?

Vous êtes en train de profiter d'une sieste sur le canapé lorsque votre fils débarque soudainement et vous demande de l'aider à faire ses devoirs de mathématiques. Ce passage de l'état de repos au mode de travail est un véritable défi pour le cerveau. En fonction du type de tâche, un réseau neuronal spécifique doit être activé. En fonction de la complexité de la tâche, différents réseaux peuvent être amenés à interagir. Tout cela demande de l'énergie et de la force.

Une nouvelle étude récemment publiée dans la revue Cerebral Cortex suggère que plus le score d'intelligence d'une personne est élevé, plus il lui est facile de passer de l'état de repos à différents états de tâche. Cette capacité repose sur certains réseaux neuronaux et leurs structures de communication. 

Il convient de faire une distinction entre les réseaux cérébraux fonctionnels et structurels. Vous pouvez considérer l'échange d'informations entre les différentes régions du cerveau comme le transport de marchandises d’une ville à une autre, l'autoroute représentant les connexions cérébrales structurelles. Meilleure est l'infrastructure autoroutière, plus rapide est la circulation. En revanche, le trafic pourrait correspondre aux connexions fonctionnelles du cerveau. Ces connexions fonctionnelles ont fait l'objet de l'étude actuelle.

L’étude a porté sur 800 adultes, dont l'activité de leur cerveau était surveillée par l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), au cours de périodes de repos ou de réalisation de sept types de tâches, chacune représentant un processus cognitif différent.  "L'imagerie par résonance magnétique nous a permis de vérifier notre hypothèse selon laquelle des niveaux d'intelligence générale plus élevés sont associés à une reconfiguration plus faible des réseaux cérébraux", explique Hilger. Le concept de reconfiguration peut également être illustré à l'aide de la métaphore du trafic routier. "À l'état de repos, nous mesurons le trafic de base qui est toujours fluide, pour ainsi dire", détaille Hilger. Une demande cognitive externe est alors comparable à une heure de pointe ou à la circulation d’un week-end. Une circulation spécifique à la tâche vient s'ajouter à la circulation de base, et selon la tâche, différents ajustements (ou reconfigurations) sont nécessaires.

L’analyse des processus à la fois dans l'ensemble du cerveau et dans différents réseaux cérébraux fonctionnels connus pour être associés à des fonctions cérébrales spécifiques, suggère que les réseaux fonctionnels des humains ayant un score d'intelligence élevé nécessitent moins d'ajustements lorsqu'ils passent d'un état cognitif à un autre, leur architecture de réseau étant conçue pour nécessiter moins de reconfiguration de l'état de repos au mode de travail. Ou, au sens figuré, leur trafic de base s'écoule d'une manière qui rend ces ajustements moins complexes et ne provoque pas de congestion.

Cet effet s'est produit indépendamment du type de tâche à accomplir, c'est-à-dire indépendamment des différentes demandes cognitives à traiter. Leur contribution relative à l'effet observé était presque identique. Selon les scientifiques, ce résultat permet de conclure que l'intelligence est une propriété d'un "réseau cérébral multitâche" largement distribué ou, en d'autres termes : "L'intelligence est un phénomène d'adaptation de l'ensemble du cerveau à différentes exigences", déclare Hilger. Plus un individu est intelligent, plus l'architecture du réseau de son cerveau est adaptée à la réalisation de diverses tâches cognitives.

Commentaires pour les coachs de santé

L'intelligence désigne en général le potentiel des capacités mentales et cognitives d'un individu, lui permettant de résoudre un problème ou de s'adapter à son environnement. Elle se résume souvent au cerveau. On peut subdiviser l’intelligence en différentes composantes : on parle d'intelligence pratique, collective, émotionnelle ou des affaires par exemple.L’intelligence est donc un processus d’adaptation à une situation particulière. Je me suis demandé s’il y avait une intelligence à guérir. Une recherche sur internet avec les mots clés « intelligence, guérir, guérison » amène à de nombreux articles sur l’intelligence artificielle au service du cancer, pour faciliter des diagnostics plus précis, ou guider des approches thérapeutiques. Si on trouve de nombreux articles sur le thème du « comment l'esprit peut-il guérir le corps? » mais l’intelligence à guérir n’est pas jamais évoquée dans ces textes, alors qu’elle concerne notre quotidien et peut parfois nous sauver la vie.

L’intelligence artificielle en matière de santé concerne le fait de soigner et non de guérir, ce qui n’est pas la même chose. Pour citer Edouard Zarifian, la guérison implique « un désir de soigner et la volonté de guérir » du sujet. La maladie est une situation nouvelle à laquelle s’adapter, qui sollicite l’intelligence du professionnel de santé pour établir le meilleur diagnostic et soigner au mieux, et l’intelligence du patient pour se guérir au mieux.  La guérison est un processus de changement, un « passage de l'état de repos au mode de travail, ce qui est un véritable défi pour le cerveau ».  Quels seraient les ingrédients de l’intelligence à guérir ? Les réponses les plus pertinentes se trouvent dans la théorie de l’auto-organisation. 

Pour guérir il faut que la personne malade puisse se penser menant sa vie en bonne santé, ou se représenter en train de guérir, c’est-à-dire définir une intention de vie. La définition d’une intention « incarnée », c’est-à-dire associée à de hauts niveaux d’énergie, va déclencher des « réorganisation » des flux cérébraux, agir comme une sorte de filtre qui dirige l’attention sur des situations susceptibles de satisfaire l’intention, et aussi comme une sorte d’attracteur des ressources appropriées dans cette situation. Autrement dit, la définition de l’intention déclenche les configurations neuronales nécessaires à l’activation des ressources de guérison. L’intelligence à guérir implique l’activation d’une triple intelligence, cognitive, somatique, et du champ relationnel et informationnel auquel nous sommes reliés.

Sources

Intelligence is all about connectivity, MedicalX press Fevrier 15, 2022;

Jonas A Thiele et al, Multitask Brain Network Reconfiguration Is Inversely Associated with Human Intelligence, Cerebral Cortex (2021).  DOI: 10.1093/cercor/bhab473