L’expérience subjective de l’état amoureux

L’expérience subjective de l’état amoureux

Que se passe-t-il dans notre cerveau lorsque nous tombons amoureux ?

Tomber amoureux est associé à un tourbillon d'émotions, qui rend bien difficile la description de cette expérience. Cynthia Kubu, professeur de neurologie à la Cleveland Clinic Lerner College of Medicine de CWRU et neuropsychologue à la Cleveland Clinic décrit l’impact de l’état amoureux sur notre cerveau de la façon suivante : 

1. La libération d’un mélange d'hormones. Ce cocktail hormonal se prépare et active votre système de récompense, autrement dit le système de récompense de votre cerveau s'allume.
Nous décrivons souvent les premières étapes d'une histoire d'amour comme étant enivrantes, caractérisés par des sentiments d'euphorie et de désir. Cela s'explique par le fait que les premières étapes de l'amour romantique activent notre système de récompense, un peu comme le fait la cocaïne. Au début d'une histoire d'amour, des hormones essentielles comme l'ocytocine et la vasopressine interagissent avec le système de récompense du cerveau, en particulier la dopamine, de sorte que nous sommes "dépendants" de notre nouveau partenaire.

2. La réduction du taux de sérotonine. L'amour romantique est à ses débuts associé à une diminution des niveaux de sérotonine, comme ceux observés dans les troubles obsessionnels compulsifs. C'est peut-être pour cela que nous avons tendance à être obsédés par notre nouvelle relation, et que nous pouvons ressentir du stress et de l'anxiété.

3. La réduction du jugement critique. Les premiers stades de l'amour romantique entraînent une réduction de l'activité des régions du cerveau associées à la peur ainsi que des régions corticales liées au jugement critique. Ce qui donne l'impression de perdre la tête. Ces changements ouvrent à la possibilité d'être vulnérables à une nouvelle personne et peuvent entraîner une suspension du jugement critique dans laquelle les défauts de notre nouvelle relation ou les défis potentiels de la relation ne sont pas évalués de manière critique (c'est le phénomène des "lunettes roses").

4. L'impression de fusionner avec l’autre. L'amour romantique est associé à une réduction de l’activité dans les régions du cerveau liées à la théorie de l'esprit, c’est-à-dire la capacité à prendre mentalement en compte la perspective d'une autre personne, y compris ses émotions et ses pensées, tout en conservant simultanément nos propres sentiments et pensées et en reconnaissant la distinction entre nous et l'autre personne. Cela pourrait correspondre aux références littéraires dans lesquelles deux âmes amoureuses ne font plus qu'une et où il y a une fusion de deux moi indépendants.

5. Des avantages tangibles pour votre santé. Après environ les six premiers mois d'un amour romantique enivrant, stressant et généralisant, le taux de sérotonine se normalise, ce qui permet de voir clairement les forces et les faiblesses de notre amoureux (se). L’installation dans une relation à long terme est associée à une réduction du stress, à une augmentation des liens affectifs et à un sentiment de sécurité largement médié par les effets de l'ocytocine. Cela pourrait être lié aux bénéfices connus des relations à long terme pour la santé.

Commentaires pour les coachs de santé

A lire cet article, l’expérience amoureuse est addictive comme la cocaïne, obsessionnelle, stressante et à risque (perte du sens critique), et associée au développement d’une deuxième position de perception (rien à voir avec le kamasoutra) et de l'abolition des frontières individuelles. La métaphore de la chute "Tomber amoureux" est intéressante signifiant que c'est quelque chose d'inattendu, à risque et subi. L'état amoureux est en quelque sorte une drogue dure.

D’un point de vue de l’évolution, ma théorie (non consensuelle) est que l’état amoureux est une anesthésie du mental pour faciliter la reproduction de l’espèce. Ce n’est pas très romantique, mais si vous y réfléchissez bien, il y a du vrai dans ce que je propose.  Dans son ouvrage, Le chemin le moins fréquenté, le psychiatre Scott Peck invite à faire une distinction claire entre : a) l’état amoureux qui « nous tombe dessus » et qui est à risque car il est stressant, il anesthésie notre sens critique et peut nous faire prendre des décisions irréfléchies comme celle de nous reproduire trop rapidement, et b) l’amour qui peut faire suite à l’état amoureux, qui nous permet de retrouver nos esprits, prendre en conscience la décision de s’investir dans une relation non idéalisée avec l’autre, et qui a de nombreux bénéfices pour la santé. L'amour est un excellent traitement, sans les effets secondaires de l'état amoureux. Bonne Saint Valentin 

Sources

Here's what happens in your brain when you fall in love, Provided by Case Western Reserve University; Medical press February 14, 2023 ; https://medicalxpress.com/news/2023-02-brain-fall.html?utm_source=nwletter&utm_medium=email&utm_campaign=daily-nwletter