Les personnes souffrant d'un niveau d'anxiété élevé ont une perception altérée de leur respiration, ce qui peut conduire à une augmentation de l'anxiété
Les personnes présentant des niveaux d'anxiété élevés ont une perception altérée de leur respiration par rapport aux personnes présentant des niveaux d'anxiété plus faibles. La perception altérée de la respiration peut conduire à une augmentation des sentiments d'anxiété, rapportent les chercheurs.
L'auteure principale, le Dr Olivia Harrison, affirme que l'anxiété est l'un des problèmes de santé mentale les plus répandus, et que le nombre de personnes qui en souffrent est encore plus élevé pendant la pandémie actuelle.
Les chercheurs ont examiné comment les symptômes de l'anxiété, qui se répercutent sur notre corps (cœur qui s'emballe, paumes des mains moites, respiration rapide), peuvent également déclencher une spirale négative d'émotions, créant encore plus d'anxiété.
L'étude a porté sur trente personnes en bonne santé présentant un faible niveau d'anxiété et trente personnes présentant un niveau d'anxiété modéré. Les participants ont rempli un questionnaire et effectué deux tâches de respiration, dont l'une pendant une séance d'imagerie cérébrale pour évaluer les changements de l'oxygénation et du flux sanguin.
Les résultats montrent que les personnes ayant des niveaux plus élevés d'anxiété ont une perception altérée de leur respiration par rapport aux personnes moins anxieuses, elles sont en fait moins sensibles aux changements de leur respiration, elles ont une "vision" réduite de la façon dont elles sont capables de percevoir leur corps, et elles ont une activité cérébrale altérée lorsqu'elles prédisent ce qui arrivera à leur respiration dans le futur", explique le Dr Harrison.
"Si nous pouvons nous croire très "en phase" avec notre corps, nous avons cependant constaté que l'anxiété peut réduire notre capacité à remarquer les changements dans notre respiration. C'est vraiment important, car si nous ne nous rendons pas compte que nous respirons plus vite ou plus fort parce que nous sommes inquiets, nous pourrions plus facilement présenter d'autres symptômes, comme des étourdissements. Si nous ne nous rendons pas compte de ce qui se passe dans notre corps, alors ces symptômes peuvent nous faire sentir encore plus mal et nous inquiéter encore plus."
Bien que l'étude ne fournisse pas de réponses sur la façon de traiter efficacement l'anxiété, elle constitue un point de départ pour comprendre comment des niveaux d'anxiété plus élevés peuvent influencer la perception du corps. "Même cette connaissance peut aider à clarifier certaines choses ; lorsque nous sommes anxieux, nous sommes probablement en train de nous "déconnecter" des symptômes corporels, même si nous ne le savons pas.
"Ces résultats ne représentent que le début de notre compréhension de la façon dont la communication entre le cerveau et le corps commence à s’interrompre avec l'anxiété. Nous espérons utiliser ces informations pour aider à améliorer les traitements en donnant aux gens les outils pour mieux percevoir leur corps et briser le cycle négatif de l'anxiété menant à des symptômes menant à plus d'anxiété."
La prochaine étape, actuellement en cours à l'université d'Otago, consiste à étudier si des traitements tels que l'exercice ou les médicaments contre l'anxiété peuvent aider les gens à percevoir leur respiration avec plus de précision, et si cela contribue à réduire l'anxiété.
"Nous savons que de nombreux types de médecine, en particulier la médecine orientale, utilisent la respiration comme outil d’amélioration de la santé mentale depuis des siècles. Nous savons également que le yoga, la méditation et l'exercice physique peuvent contribuer à nous calmer et à réduire nos inquiétudes, mais nous ne savons pas encore pourquoi ni comment ces pratiques fonctionnent.
Nous aimerions savoir si les réductions de l'anxiété sont, au moins en partie, médiées par des améliorations des perceptions corporelles, ou par une "écoute" de notre corps, et si nous pouvons contribuer à améliorer ces bénéfices pour la santé mentale, à la fois en comprenant leurs mécanismes et en créant de nouvelles stratégies de traitement qui s'appuient sur ces principes."
Commentaires pour les coachs de santé
Cette étude montre que lorsque nous sommes anxieux, nous avons une tendance à nous "déconnecter" inconsciemment de notre respiration et des symptômes corporels. Voilà quelque chose d’important à prendre en compte lors des accompagnements. Si une personne a du mal à décrire ce qui se passe dans son corps, et cette situation est fort fréquente, c’est peut-être qu’il existe une anxiété sous-jacente non exprimée. C’est la raison pour laquelle tout accompagnement mériterait de commencer par quelques minutes de détente, de relaxation, de centrage, pour rétablir ou renforcer la connexion corps-cerveau.
Les émotions négatives libèrent des hormones de stress qui impactent le corps dans sa globalité et entravent la respiration. Le souffle devient court, le diaphragme se met en sous-régime, l’oxygénation est réduite ce qui provoque un état permanent de fatigue psychique et physique.
Si l'anxiété impacte notre respiration, l'inverse est également vrai. Nous savons que l’augmentation du rythme respiratoire a un effet anxiogène et que le ralentissement de la respiration peut avoir un effet calmant sur les émotions. Il semblerait qu’une respiration calme, désactiverait des zones du tronc cérébral (« pacemakers respiratoires ») en lien direct qui la zone de vigilance du cerveau pour lui indiquer soit une situation d’urgence, soit une situation de repos.
La pratique de la cohérence cardiaque, de l’état COACH de Robert Dilts ou de la respiration alternée sont d’excellents moyens de chasser le stress et l’anxiété. Il convient de se rappeler que la différence majeure entre la panique et l’excitation est une question de respiration.
Je décris la respiration « alternée » car plusieurs études (3 à 7) démontrent que ce type de respiration peut apaiser et prévenir l’anxiété en calmant et en régulant le système nerveux sympathique. Une étude contrôlée (Kamath et coll., 2017) montre que la respiration alternée réduit les niveaux d’anxiété pendant la prise de parole en public. En calmant le système nerveux sympathique qui contrôle la réponse combat-fuite, on réduit les taux d’hormones du stress.
La technique consiste à respirer alternativement par l’une et l’autre des narines.
- S’asseoir confortablement en gardant le dos bien droit
- Fermer les yeux et inspirer profondément par les deux narines. Puis, boucher la narine droite avec votre pouce et expirer par la narine gauche.
- Inspirer à gauche en comptant jusqu’à 4 en laissant votre narine droite bouchée.
- Boucher maintenant la narine gauche avec son annulaire et expirer par la narine droite en comptant jusqu’à 8.
- Inspirer par la narine droite, narine gauche bouchée en comptant jusqu’à 4.
- Boucher maintenant la narine droite et expirer par la narine gauche.
Pratiquez cet exercice pendant quelques minutes et plusieurs fois par jour. Et si vous avez le nez bouché, j'ai pour vous une étude canadienne qui montre que l'orgasme débouche bien vos voix nasales !
Sources
- Interoception of breathing and its relationship with anxiety” by Olivia Harrison et al. Neuron October 20, 2021DOI:https://doi.org/10.1016/j.neuron.2021.09.045
- Anxiety Impacts Ability to Perceive Changes in Breathing; Neuroscience Psychology·October 21, 2021 ; https://neurosciencenews.com/anxiety-breathing-perception-19514/
- Garg, R., Malhotra, V., Tripathi, Y., & Agarawal, R. (2016). Effect of left, right, and alternate nostril breathing on verbal and spatial memory. Journal of clinical and diagnostic research: JCDR, 10(2), CC01-CC3.https://doi.org/10.7860/JCDR/2016/12361.7197
- Breathing through a particular nostril can alter metabolism and autonomic activities. Telles, S., Nagarathna, R., & Nagendra, H.R. (1994). Indian journal of physiology and pharmacology, 38(2), 133–137.
- Effect of alternate nostril breathing exercise on experimentally induced anxiety in healthy volunteers using the simulated public speaking model: A randomized controlled pilot study. Kamath, A., Urval, R.P., & Shenoy, A.K. (2017). BioMed Research International, 2017, 1–7. https://doi.org/10.1155/2017/2450670
- Relationship between nasal cycle, nasal symptoms and nasal cytology. Pendolino, A.L., Scarpa, B., & Ottaviano, G. (2019). American Journal of Rhinology and Allergy, 33(6), 644–649. https://doi.org/10.1177/1945892419858582
- Alternate nostril breathing to reduce stress: An option for pregnant women survivors of intimate partner violence? Rung, O., Stauber, L., & Pace, T. (2021). Journal of Holistic Nursing, XX(X), 1-23. https://doi.org/10.1177/0898010120983659