Impact du stress sur la capacité à pardonner et le niveau d'authenticité

Impact du stress sur la capacité à pardonner et le niveau d'authenticité

Les personnes subissant un stress chronique pardonnent plus facilement que celles qui vivent le stress du quotidien.

Des chercheurs russes ont étudié la corrélation entre l'authenticité (la capacité à être soi-même) et la capacité à pardonner sous différents niveaux de stress. Ils ont constaté que les personnes soumises à un stress chronique sont plus enclines à pardonner, tandis que les personnes affectées par un stress quotidien le sont moins. La capacité de pardonner favorise l'authenticité.

Nous savons que l'authenticité, c'est-à-dire la capacité à "être soi-même", aide les individus à faire face aux différentes épreuves de la vie, et que la capacité à pardonner, c'est-à-dire à surmonter le sentiment d'avoir été offensé par la personne qui a causé un préjudice ou des circonstances de vie difficiles, contribue également au maintien du bien-être psychologique.

Mais aucun travail de recherche n'avait examiné l'impact du stress sur le niveau d'authenticité et la capacité à pardonner. Ces phénomènes sont généralement corrélés positivement : les personnes ayant tendance à pardonner aux autres ou aux conditions de vie difficiles étant plus susceptibles de ressentir l'authenticité de leur propre personnalité ; toutefois, la force de cette corrélation varie en fonction du stress.

Pour établir ces corrélations, les chercheurs ont interrogé 140 jeunes hommes et femmes âgés de 16 à 40 ans. Les personnes interrogées à l’aide de questionnaires standardisés ont été réparties en trois cohortes en fonction du niveau de stress subi. La première cohorte comprenait des sujets peu stressés et relativement aisés ; la seconde cohorte comportait des sujets subissant un stress quotidien dû à leur responsabilité ; et la troisième cohorte consistait en sujets souffrant de stress chronique causé par un traumatisme grave aux conséquences irréversibles (et traités en rééducation pour lésions graves de la colonne vertébrale). 

L'étude montre que les personnes souffrant de stress chronique présentent les niveaux d'authenticité les plus élevés. Les patients relativement aisés affichent des résultats moyens, tandis que les sujets de la cohorte « stress du quotidien » présente les niveaux d’authenticité les plus bas. Les mêmes tendances s'appliquent à la capacité à pardonner.

Ces personnes se sentent "plus proches d'elles-mêmes" et sont capables de faire abstraction des multiples malheurs et imperfections de la vie par le biais du pardon afin d'aller de l'avant.

Les chercheurs expliquent le fort niveau d’authenticité et la forte propension à pardonner des sujets de la cohorte « stress chronique » par l'effet de croissance post-traumatique. Les personnes soumises à des conditions de vie très difficiles, qui dépendent physiquement d'autres personnes, dont leurs sensations physiques normales ont été modifiées, et qui ont perdu de nombreuses capacités, sont plus susceptibles de découvrir leur véritable but de vie et leurs valeurs les plus importantes. Ces personnes se sentent "plus proches d'eux-mêmes" et sont capables de faire abstraction des multiples malheurs et imperfections de la vie par le biais du pardon afin d'aller de l'avant.

Les sujets de la cohorte "relativement aisée" s'adaptent facilement à eux-mêmes et au monde, ont une authenticité modérément élevée et sont prêts à pardonner aux autres, à eux-mêmes et aux circonstances que la vie leur présente.

Les sujets de la cohorte "stress quotidien" présentaient la plus faible capacité à pardonner et le plus faible niveau d'authenticité. Probablement du fait que ces personnes ne sont pas conscientes de leur stress quotidien jusqu'à ce que leur réaction change devant une situation aigue. C'est pourquoi les personnes qui croient bien gérer la pression du quotidien sont en fait épuisées et deviennent trop exigeantes envers elles-mêmes et les autres.

Les chercheurs concluent que pour les personnes relativement aisées et celles soumises à un stress quotidien, le pardon de soi devient la condition la plus importante pour faire l'expérience de l'authenticité. Les sujets soumis à un stress quotidien doivent le plus apprendre à pardonner aux circonstances et aux événements de la vie. Plus la capacité à se pardonner à soi-même et à pardonner les circonstances de la vie (en oubliant la vengeance ou le désir de faire justice) est développée, plus la vie des individus devient vraie et réelle.

La capacité à pardonner contribue réellement au sentiment d'authenticité, en tenant compte qu’à différents niveaux et types de stress, les facteurs qui en sont la cause peuvent changer.

Nartova-Bochaver déclare "dans des conditions de vie ambiguës et qui évoluent rapidement, il est extrêmement important de posséder un large éventail de compétences et de qualités personnelles, parmi lesquelles la capacité à pardonner est sans aucun doute essentielle."

Les résultats de l'étude méritent d’être utilisés dans les programmes de coaching de vie.

Commentaires pour les coachs de santé

Les personnes soumises au stress quotidien de la vie et déclarant savoir gérer leur stress sont donc celles qui auront le plus de mal à pardonner, donc à maintenir et à développer leur niveau stress, s’éloignant ainsi des ressources potentielles de l’authenticité. Et par manque d’authenticité ils ne diront probablement pas la vérité sur leur niveau de stress. En n’ayant pas conscience de son stress « quotidien », la personne peut s’enfermer dans un cercle vicieux. Le stress du quotidien génère une difficulté à pardonner, et l’absence de pardon génère un nouveau de stress. Il convient donc d’aider la personne à sortir de ce cercle vicieux à haut risque. Car le refus de pardonner (avec le maintien de la colère ou le sentiment de vengeance) est associé à des taux élevés de cortisol, un poison pour de nombreuses fonctions de l’organisme. 

Donc en coaching de santé, soyons vigilant avec les personnes qui déclarent bien gérer le stress du quotidien. Pour sortir du cercle vicieux, deux mesures s’imposent : la première est plutôt « curative » et consiste à aider le client à réduire le stress qui entretien le cercle vicieux. La seconde appartient plus au domaine de la prévention et consiste à développer le niveau d’authenticité de la personne.  

Sources 

It’s Easier to Forgive When You Are Under Chronic Stress; Neuroscience News Psychology·July 9, 2022; https://neurosciencenews.com/chronic-stress-forgiveness-20992/