Les concepts autochtones de la conscience vont souvent au-delà des perspectives individualistes, car ils comportent d'intimes interactions avec l'environnement et les croyances religieuses, ouvrant ainsi de nouvelles voies pour comprendre l'expérience humaine.
Au lieu d'adhérer à un point de vue singulier et individualiste, les concepts autochtones de la conscience s'entrelacent souvent avec des facettes environnementales, relationnelles et spirituelles, offrant une perspective holistique qui équilibre la conscience individuelle et globale.
L'étude intitulée Indigenous Insights: A New Lens on Consciousness, souligne que l'adoption de cette sagesse ancestrale pourrait ouvrir la voie à une compréhension scientifique de la conscience plus inclusive et interconnectée, fusionnant le physique et le métaphysique. Les résultats de l'étude ne favorisent pas seulement l'appréciation interculturelle, mais soulignent également la nécessité vitale de préserver et de respecter les systèmes de connaissance autochtones. Les faits marquants de cette étude :
1) Au-delà de l'individualisme : les interprétations autochtones de la conscience tendent à intégrer l'individu dans une relation plus large et interconnectée avec l'environnement et les croyances spirituelles, offrant ainsi une perspective plus relationnelle que celle généralement explorée par la science contemporaine.
2) L'harmonie dans la dualité : les interprétations autochtones favorisent une vision holistique qui n'oppose pas la conscience locale et la conscience globale, mais les intègre plutôt, offrant une perspective unifiée de l'interconnexion entre toutes les entités vivantes.
3) Applications potentielles : les perspectives autochtones de la conscience pourraient apporter un nouvel éclairage aux débats scientifiques sur divers aspects tels que les sources matérielles ou immatérielles de la conscience et l'imbrication de la conscience avec les aspects environnementaux.
Dans un monde où les progrès scientifiques ne cessent de façonner notre compréhension de l'univers, cette nouvelle étude met en lumière l'immense potentiel des concepts et des significations autochtones de la science contemporaine. La recherche, menée par une équipe d'anthropologues culturels et de psychologues, se penche sur la grande diversité des conceptions culturelles autochtones de la conscience. Des études antérieures ont montré des variations significatives dans la conceptualisation de la conscience au sein de différents groupes culturels de diverses régions géographiques. Ce travail examine de plus près la riche tapisserie de quelques-unes des milliers d'interprétations culturelles indigènes de la conscience.
Modèle des couches de la conscience globale selon Radek Trnka : Différentes couches de conscience, végétale, animale, infantile, humaine, shamanique...etc
L'une des révélations frappantes de cette étude est que les concepts autochtones de la conscience vont souvent au-delà des perspectives individualistes. Au contraire, elles sont intimement liées à des liens relationnels et inséparables avec l'environnement et les croyances religieuses. L'interaction profonde entre la conscience et le monde extérieur ouvre de nouvelles voies pour comprendre l'expérience humaine.
La recherche met également en évidence les multiples niveaux de compréhension que certaines communautés autochtones possèdent à l'égard de la conscience. Ces différentes couches ajoutent de la profondeur et de la richesse à leur compréhension de l'expérience consciente du monde, éclairant ainsi d'autres points de vue que la science moderne doit prendre en considération. L'une des découvertes les plus surprenantes est que les conceptions autochtones de la conscience globale ne s'opposent pas nécessairement à la conscience locale. Au contraire, elles offrent une perspective holistique qui harmonise l'individu avec l'interconnexion plus large de tous les êtres vivants.
La conclusion de l'étude met en évidence les applications potentielles des concepts et des significations autochtones dans les récents débats scientifiques sur la nature de la conscience. Des questions telles que la dualité entre les sources matérielles et non matérielles de la conscience, le rôle de l'énergie dans la formation de la conscience et l'interconnexion complexe entre la conscience et l'environnement, émergent de cette exploration en profondeur.
Radek Trnka, l'auteur de l’étude fait part de ses réflexions sur les implications de l'étude : "Les connaissances détenues par les communautés autochtones offrent des perspectives profondes sur le tissu même de la conscience. En intégrant cette sagesse ancestrale dans notre discours scientifique contemporain, nous ouvrons de nouvelles perspectives de compréhension et ouvrons la voie à une perspective plus holistique et interconnectée de la conscience".
La recherche ne favorise pas seulement l'appréciation interculturelle, mais souligne également l'importance de préserver et de respecter les systèmes de connaissance autochtones. Elle constitue un appel à l'action pour que la communauté scientifique reconnaisse et intègre ces perspectives précieuses, favorisant ainsi une approche plus inclusive et plus diversifiée de la compréhension de la conscience.
"L'expérience et l'utilisation de l'effervescence collective (conscience collective), des états modifiés de conscience et de la synchronisation sont également très répandues dans les cultures indigènes, principalement à des fins de guérison et de maintien des relations avec d'autres êtres et entités. La recherche sur la conscience dans ce domaine est encore limitée dans la science occidentale. La psychologie et la science indigènes pourraient donc être de précieuses sources d'inspiration pour la science occidentale", a conclu M. Trnka. Alors que le monde continue de chercher des réponses à des questions profondes sur l'esprit humain et son lien avec l'univers, cette étude est une lueur d'espoir, qui comble le fossé entre la sagesse traditionnelle et l'exploration scientifique moderne.
Commentaires pour les coachs de santé
« La monstrueuse pathologie atomiste que l’on rencontre aux niveaux individuel, familial, national et international - la pathologie du mode de pensée erroné dans lequel nous vivons tous - ne pourra être corrigée, en fin de compte, que par l’extraordinaire découverte des relations qui font la beauté de la nature. » G. Bateson (1904-1980)
Cette étude redécouvre en quelque sorte les travaux de Grégory Bateson, l’un des penseurs les plus influents dans le domaine de la communication, de l’anthropologie et de la psychologie, qui avait longtemps travaillé avec des populations autochtones. Bateson est l’auteur d’une théorie de l’écologie de l’esprit, qui repose sur l’idée que l’homme et l’environnement sont interdépendants et en constante interaction. Les êtres humains ne sont pas des observateurs passifs de l’environnement, mais font partie intégrante de l’écosystème dans lequel ils vivent. L’écologie mentale est donc une approche holistique de l’étude de l’interaction entre l’homme et l’environnement. La pensée écologique consiste à voir le monde comme un tout interconnecté plutôt que de le diviser en parties isolées. Cette vision holistique du monde est essentielle pour comprendre les effets des activités humaines sur l’environnement et pour trouver des solutions aux problèmes environnementaux.
Quand l’homme moderne sait abandonner ses prémisses dualistes entretenues par sa culture à travers un langage qui méconnaît les liens entre les choses, il retrouve sa capacité à envisager le monde comme un ensemble de relations entre les composantes infinies du monde visible et invisible auquel il appartient. Cette aptitude nécessite que l’individu puisse renoncer à toute volonté individuelle, au soi, « pour se mettre au service de la gestalt plus large qui l’englobe ». C’est ce que nous tentons de faire dans des accompagnements thérapeutiques ou de coaching de santé. Une profonde reconnexion à un niveau d’expérience qui est au-delà du soi, souvent facilitée par un état de transe, représente la porte d’entrée d’une reconnexion à ce que les auteurs de l’étude nomment « une vision holistique qui n'oppose pas la conscience locale et la conscience globale, mais les intègre plutôt, offrant une perspective unifiée de l'interconnexion entre toutes les entités vivantes » Nous pouvons alors adopter la conscience shamanique d'une plante, d'un animal, de la mer, du ciel, d'une étoile...etc. Nous avons tous conservés au plus profond de nous cette « conscience autochtone » qui a le pouvoir de nous ré-humaniser.
Sources
Indigenous Insights: A New Lens on Consciousness, Neuroscience News Psychology·October 14, 2023 ; https://neurosciencenews.com/indigenous-consciousness-24948/
Exploring Indigenous concepts of consciousness by The Prague College of Psychosocial Studies Medical xPress October 11, 2023;
Variability in Cultural Understandings of Consciousness: A Call for Dialogue with Native Psychologies” by Radek Trnka et al. Journal of Consciousness Studies