Croire aux fausses informations rendrait plus vulnérable au Covid

Croire aux fausses informations rendrait plus vulnérable au Covid

Le fait de disposer de connaissances peu précises ou fausses sur le Covid-19 entraine une plus grande probabilité de contracter le covid-19.

Les participants américains de l’étude ont été invités à répondre à 13 affirmations, certaines vraies et d'autres fausses concernant le virus Covid-19.

Un exemple d’affirmation vraie : "Certaines personnes atteintes du Covid-19/coronavirus ne présentent aucun symptôme". Un exemple d’affirmation fausse : "Vaporiser du chlore sur mon corps me protégera même si le Covid-19/coronavirus a déjà pénétré dans mon organisme"

Les autres questions portaient sur la perception de la pandémie, leur confiance dans le gouvernement, dans les institutions scientifiques et les idées conspirationnistes.

Après un délais quatre mois, les chercheurs ont repris contact avec 2120 participants pour savoir s'ils avaient été infectés par le SRAS-CoV-2.  Sur les 516 participants (24,3% de l'échantillon total de 2120) ayant déclaré avoir été testés pour le Covid-19, 116 (5,5% de l'échantillon total) ont indiqué que le résultat du test était positif. On a demandé aux participants qui n'avaient pas été testés s'ils pensaient néanmoins avoir contracté le coronavirus. Deux cent trente-deux participants (10,9% de l'échantillon total) ont répondu par l'affirmative. Ainsi, un total de 348 participants (16,42%) ont déclaré avoir été malades du Covid-19 au moment de l'enquête de suivi. La majorité des 348 sujets malades se retrouvent chez ceux qui sont les moins informés et ont adhéré aux fausses informations.

Selon les auteurs de l’étude la tendance à croire aux thèses conspirationnistes est associée à une connaissance réduite du Covid-19, et a un risque accru de le contracter.

Les sujets adaptent leur comportement de distanciation sociale en fonction de leurs croyances et de leurs connaissances du Covid-19. Plus les individus ont confiance dans les règles mises en place par le gouvernement en matière de distanciation sociale, plus ils accordent une importance aux recommandations scientifiques, plus ils montrent des comportements de prudence dans les règles de distanciation sociale. Et donc moins ils s'exposent à des risques de contamination.

Selon les auteurs, ces résultats confirment d'autres ceux d’autres études menées aux Pays-Bas ou en Caroline du Sud montrant que plus les personnes ont confiance dans la science et les scientifiques, plus elles adoptent des comportements préventifs (par exemple se laver les mains, utiliser un mouchoir à usage unique et porter un masque en public).

Les résultats de l'étude montrent aussi que croire Trump rendait plus vulnérable au Covid-19. 

Dit autrement, plus les participants avaient confiance dans président Trump, plus ils étaient vulnérables au Covid-19. Pour mémoire, à la fin de son mandat le président Trump avait minimisé la gravité de la pandémie au Covid-19. Moins informés sur le virus, les supporters de Trump étaient plus susceptibles de contracter le virus par la suite. Nous savons aussi que les fausses informations sur le vaccin expose à des formes plus sévère de la maladie.

A la lumière de ces résultats, il reste maintenant à déterminer si des changements de croyances vis à vis des fausses informations sont susceptibles de modifier les comportements et réduire le risque d’être contaminé par le covid-19. 

Commentaires pour les coachs de santé

Cette étude conforte l’idée que nos croyances jouent un rôle fondamental sur notre santé. La question suivante est de savoir comment aider une personne à faire évoluer son système de croyance, afin qu’elle adhère aux propositions de soin. La première condition est relationnelle. Il convient de distinguer la croyance de la personne. Nous sommes bien plus que nos croyances. Quel que soit sa croyance, un individu mérite le respect et la bienveillance. La personne ne doit pas se sentir jugée, ni méprisée du fait de ses croyances. Une posture d’humilité et d’ouverture est indispensable, afin que s’opère une ouverture au changement. Confronter une croyance est source de conflits. Il est préférable d’appliquer la règle de l’influence : synchroniser avec le modèle du monde de son interlocuteur, en recherchant l’intention positive de la croyance, puis guider vers une actualisation des moyens de répondre à l’intention positive.  Connirae Andreas aime poser deux questions à ceux qui se disent ouverts au changement de croyance : 1) de qu’elles preuves auriez-vous besoin pour envisager de changer de croyance ? 2) quel degré d’inconfort émotionnel accepteriez-vous pour changer de croyance. La deuxième réponse est certainement la plus importante, car elle nous confronte au besoin essentiel de maintenir notre cohérence interne. C’est cette réponse qui nécessite le plus de soutien relationnel. Mon commentaire s’inscrit bien plus dans le cadre d’un accompagnement individualisé que dans celui d’une mesure collective de santé publique. 

«Les être humains préfèrent souvent aller à leur perte plutôt que de changer leurs habitudes» dit Léon Tolstoï

Sources

Contracting COVID-19: a longitudinal investigation of the impact of beliefs and knowledge; Courtney A. Moore, Benjamin C. Ruisch, Javier A. Granados Samayoa, Shelby T. Boggs, Jesse T. Ladanyi & Russell H. Fazio ; Scientific Reports volume 11, Article number: 20460 (2021)  https://doi.org/10.1038/s41598-021-99981-8