Ceux qui ont plus d’amis ont une meilleure tolérance à la douleur

Ceux qui ont plus d’amis ont une meilleure tolérance à la douleur

Les personnes ayant plus d'amis ont une plus grande tolérance à la douleur selon les résultats d'une étude portant sur les liens sociaux et les niveaux d'endorphine.

Katerina Johnson a cherché à savoir si les différences neurobiologiques pouvaient expliquer pourquoi certains d'entre nous ont des liens sociaux plus importants que d'autres. Elle a déclaré : "Je me suis particulièrement intéressée à une substance chimique du cerveau appelée endorphine. Les endorphines font partie de notre circuit de la douleur et du plaisir - ce sont les analgésiques naturels de notre corps et elles nous procurent également des sensations de plaisir. Des études antérieures ont suggéré que les endorphines favorisent le lien social, tant chez l'homme que chez d'autres animaux. Une théorie connue sous le nom de "théorie cérébrale opioïde de l'attachement social", selon laquelle les interactions sociales déclenchent des émotions positives lorsque l'endorphine se lie aux récepteurs opioïdes du cerveau. Cela nous donne ce sentiment de bien-être que nous ressentons en voyant nos amis.

Pour tester cette théorie, nous nous sommes appuyés sur le fait que l'endorphine possède un puissant effet antidouleur, plus puissant même que la morphine.

Les chercheurs ont donc utilisé la tolérance à la douleur comme moyen d'évaluer l'activité de l'endorphine dans le cerveau. Si la théorie devait s’avérer correcte, les personnes disposant de liens sociaux plus importants auraient une plus grande tolérance à la douleur, et c'est effectivement ce que les chercheurs ont constaté chez 107 sujets (30 hommes et 77 femmes) dont l'âge moyen était de 22 ans (entre 18 et 34 ans).  Les participants les plus entourés ont été ceux qui souffraient le moins lors d'un exercice physique standard pour évaluer la douleur. La taille du réseau social "externe" était définit par le nombre de personnes contactées au moins une fois chaque mois. L'amitié peut donc vraiment aider à faire disparaître la douleur !

Katerina commente : "Ces résultats sont également intéressants car des recherches récentes suggèrent que le système endorphinique peut être perturbé dans les troubles psychologiques tels que la dépression. Cela pourrait expliquer en partie pourquoi les personnes déprimées souffrent souvent d'un manque de plaisir et se replient sur elles-mêmes sur le plan social".

Deux autres résultats sont à noter. Les personnes en meilleure forme physique et celles dont le niveau de stress est plus élevé ont tendance à avoir des liens sociaux plus réduits.

Katerina explique : "Il peut s'agir d'une simple question de temps - les personnes qui passent plus de temps à faire de l'exercice ont moins de temps pour voir leurs amis. Cependant, il y a peut-être une explication plus intéressante : comme les activités physiques et sociales favorisent la libération d'endorphines, peut-être que certaines personnes utilisent l'exercice comme un moyen alternatif pour obtenir leur "poussée d'endorphines" plutôt que la socialisation. La conclusion relative au stress peut indiquer que des liens sociaux plus importants aident les gens à mieux gérer le stress, ou il se peut que le stress ou ses causes fassent que les gens aient moins de temps pour une activité sociale, ce qui réduit la taille du réseau relationnel.

Des études suggèrent que la quantité et la qualité de nos relations sociales ont une incidence sur notre santé physique et mentale et peuvent même être un facteur déterminant de notre espérance de vie. Par conséquent, comprendre pourquoi les individus ont des réseaux sociaux de tailles différentes et les éventuels mécanismes neurobiologiques impliqués est un sujet de recherche important. En tant qu'espèce, nous avons évolué pour prospérer dans un environnement social riche, mais à l'ère du numérique, les déficiences dans nos interactions sociales pourraient être l'un des facteurs négligés contribuant au déclin de la santé de notre société moderne.

Commentaires pour les coachs de santé

Attention à ne pas confondre liens sociaux et réseaux sociaux. Cette étude ne montre pas de corrélation entre votre nombre d’amis sur Facebook et votre tolérance à la douleur. On parle ici de vraies relations, avec des personnes que nous avons du plaisir à rencontrer. Des niveaux de stress plus élevés étant associés à des liens sociaux plus réduits, le coaching de santé doit nécessairement aborder la santé relationnelle. Selon l’auteur de l’étude, les personnes souffrant de dépression, dont l’activité endorphinique est souvent perturbée, ressentent moins plaisir dans leurs relations sociales, ce qui les amènent à limiter encore plus leurs interactions.

Sources

Pain tolerance predicts human social network size. Katerina V.-A. Johnson, Robin I. M. Dunbar. Scientific Reports, 2016; 6: 25267 DOI: 10.1038/srep25267

Friends 'better than morphine : Larger social networks release more pain-killing endorphin." ScienceDaily. ScienceDaily, 28 April 2016.